The Book

Publié le par Dorian Gay

[Billet écrit sur mon clavier de téléphone. Don't mind the numerous typos] 

 

Cela fait maintenant près de 5 mois que je vis à Montréal. 

Je ne vais pas l'omettre, cela a été extrêmement dur au départ. Le sentiment de me sentir loin des gens aimés. Le sentiment de me retrouver seul en terre inconnue. L'ébauche d'une nouvelle page qui s'écrit.

Cette nouvelle expérience a été toutefois bénéfique. J'estime que je n'ai jamais été aussi émotionnellement fort, et fait autant preuve de confiance en moi en raison des circonstances. J'ai laissé plusieurs amis de longue date sur le sentier, pour leur bien et le mien, et après cinq mois de recul je pense que cette décision fut salutaire, car je pense qu'il faut savoir accepter une amputation plutôt qu'une gangrène pernicieuse à laquelle on consent. Certains m'ont manqué et au cours de ces derniers mois j'ai repris le contact avec une poignée d'entres eux, avec qui j'entretenais une relation que j'estimais particulière et ils font à nouveau partie de ma vie, et cela sur de nouveaux termes, eux faisant face à une personnalité et des aspirations différentes.

Il y'a quelques jours, nous prenions le soleil avec mon compagnon sur un des bancs des jardins Gamelins à Montréal et il observa que je gribouillais sur les pages blanches de mon nouveau carnet de notes à couverture rose.

- Qu'est ce que tu fais chéri?
- J'écris la liste des choses que j'ai accompli sur les derniers mois et que je me persuade à perpétuer.

Je ne lui ai pas donné le droit de lire ces différentes énonciations mais je vous les partage car vous me connaissez depuis maintenant 8 ans.

  1.  Avoir davantage de plantes: dans mon loft parisien, sans que cela ne puisse faire d'aucune prémédication, je m'étais amusé à acquérir et prendre soin d'une vingtaine de plantes vertes au point d'hériter d'une réputation bien ancrée auprès de mes proches. Aujourd'hui, j'en ai autant et l'envie d'en acquérir plus semble s'inscrire dans le plus profond de mon génome. 
  2. Ne pas boire: après plusieurs mois d'abus, je n'ai pas touché à une seule goûte d'alcool depuis juin 2018, ce qui me vaut moult provocations en société encore aujourd'hui, mais j'en suis fier et heureux.
  3. Rester vegan; grand amateur de tartare et de chair bien assaisonnée aux épices de "chez moi", et reconnu par des pairs pour mes blagues teintées de jugement sur les vegans il y'a encore 3 ans, qui aurait dit que Dorian finirait vegan? Je n'ai pas consommé de produits animaux depuis près de 6 mois, par choix raisonné, diététique, éthique et personnel. Est ce que cela me manque? Je ne peux le cacher: oui il m'arrive ponctuellement de ressentir un sentiment de nostalgie quand des amis croquent dans un burger ou dévorent une pizza sous mes yeux alors que je me contente d'un quinoa-fresh veggies. Mais ce sacrifice ne vaut nullement la forme physique retrouvée. 
  4. Occuper un travail qui m'épanouit: (après des années de dictat), oui. Et c'est peut-être la chose dont je suis le plus reconnaissant.
  5. Etre minimaliste: j'ai toujours collectionné et amassé. Ceux qui ont eu le privilège de poser leurs mains sur les murs de mon appartement du 11ème arrondissement de Paris ne nieront pas qu'il avait plus à faire à la cave à Ali. Aujourd'hui, dans un appartement aux murs d'un blanc immaculé, je ne possède que (1) le nécessaire et (2) des objets qui me font réellement plaisir comme ce livre de photographies que m'a offert Jean avant de me proposer d'aller ensemble à Istanbul et m'avouer ses sentiments la veille du départ. Ce qui m'a fait alors paniqué et annuler le voyage. Depuis lors, je lui ai déjà adressé un courriel pour m'excuser. 
  6. Devenir éco-responsable: je me suis mis au défi pour différentes considérations d'ordre personnel et écologique de produire le moins de déchets possibles. Ainsi, je me suis naturellement mis à apporter mes propres tupperwares dans les restaurants, que ce soit pour des plats à emporter ou des plats à finir chez soi, ou choisir des produits d'hygiène personnelle ou de la maison en format de "recharge" qu'en format original. J'ai également commencé à composter les résidus alimentaires en juin. Résultat? Mes poubelles n'ont jamais, à aucune occasion étés pleines depuis juin.
  7. Devenir bénévole: on s'est tous dit à un moment ou un autre de nos vies respectives qu'on allait accorder du temps à des causes. J'ai enfin sauté le pas après avoir passé du temps auprès de la "dame réfugiée aux deux enfants" dont je parle dans mon billet le '"piano rose", un de mes derniers billets. Et je n'ai jamais ressenti aussi de satisfaction, de mérite et d'humilité que lorsque je passe un samedi sur deux auprès de ces réfugiés de différents horizons à qui je prodigue des conseils juridiques au Centre YMCA de Montréal, dans lequel ils sont hébergés à titre humanitaire.
  8. Faire une cure des réseaux sociaux: j'ai toujours été un être social et sociable, cultivant une naturelle bonhomie. Après avoir réfléchi pendant des années à ce que m'apportaient ces différentes plateformes, j'ai à la fois (1) exécuté une purge des personnes jadis connues sur ces réseaux sociaux que je considérais dorénavant stériles et à qui je n'apportais rien (rétrospectivement et mutuellement) et (2) me suis retiré de l'ensemble de mes réseaux sociaux. Aucun "bip" ne vient interrompre mes journées. Aucun réveil aux aurores, ni mes pauses déjeuners ne sont viciées par l'envie malsaine de savoir ce que font mes compères d'antan ou d'aujourd'hui. Ça ne me m'intéresse pas. Si je souhaite percer le voile de l'intimité et demander à des mes proches ce qu'ils deviennent, je l'appelle ou encore mieux, nous nous rencontrons en personne sur la terrasse d'un café de Montréal. Car il parait que c'est cela la vie in fine. Qu'on s'entende: je ne dis pas que c'est une mauvaise chose. J'explique simplement que dans mon cas personnel et subjectif, j'étais épuisé de défiler perpétuellement mon doigt vers le bas sur Facebook, de montrer mon visage couvert de filtres sur snapshat, de trouver un écho sur Twitter ou encore de montrer les meilleurs aspects de ma vie sur instagram. 
  9. Etre plus que jamais exigeant dans mes relations amicales et sentimentales: well done so far
  10. Me faire tatouer trois nouvelles fois et percer deux fois (les oreilles): cela fut accompli sans grande difficulté (et de douleur)
  11. Etre à l'initiative de projets associatifs: oui les "Frigos Solidaires" et "L'Arche des Femmes" depuis respectivement juillet et août dont je suis un membre. Nous avons aujourd'hui 4 réfrigérateurs (de récupération) qui opèrent à Montréal où quelconque peut laisser des vivres pour qu'une personne dans le besoin se serve ainsi que des interventions communes au domicile de personnes en situation de détresse psychique pour les aider à faire des choses aussi communes que faire leur ménage, faire leurs courses, aller au sport...
  12. Lancer bientôt une Chaîne YouTube
  13. J'apprends (enfin) l'espagnol (comme sixième langue)
  14. J'offre chaque mois un ticket de spectacle à un ami de manière aléatoire pour passer un moment de qualité ensemble, que j'ai appelé "One Ticket 4 Something With Me Project"
  15. Je finalise le script de mon premier court-métrage
  16. Je prends des cours de dessin et de théâtre.
     

Je me sens heureux, accompli. J'ai un homme aimant à mes côtés depuis un certain temps avec qui nous élaborons des projets communs. Je mets enfin à exécution des projets d'une vie. Je vois des sourires défiler à longueur de journée en raison de mes modestes accomplissements. J'ai trouvé mon équilibre de vie en termes de relations personnelles, d'usage des réseaux sociaux qui deviennent inexistants et d'engagements divers. 

C'est peut-être juste éphémère. Sans doute...

 

Mais toi, que fais tu du reste de ta vie?

 

Peut être que Bon Iver te donneras quelques idées.
 

(Vous m'excuserez pour les lacunes en termes "d'accents", étant maintenant pourvu d'un clavier anglosaxon dépourvu d'un clavier AZERTY et des différents accents qu'il permet, je peine)

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A
Bonjour,<br /> Je prends bonne note de bon nombre de résolutions et vais m'y atteler comme vous.<br /> Merci, ça fait du bien...<br /> Alexandre, encore accroc à quelques réseaux sociaux!
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