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Phosphore

Publié le par Dorian Gay

Nota: Ce billet, Phosphore, complète, un autre billet paru le même jour, Hélium. Comme deux battants d'une même porte. La narration en pointillés est un choix volontaire de l'auteur

 

Plus tard cette nuit

J’ai parcouru mon corps de mes doigts, de mes mains

J’ai murmuré

« Où est ce que ça fait mal ? » 

Mon corps a répondu

 

  • Partout
  • Partout
  • Partout
  • Partout

 

Pour la cinquième fois ce mois

Tu te dis que tu vas le quitter.

Il se moque de toi.

Ne sait pas ce qu’il veut.

Il t’écrit un message pour te reprocher de ne pas te confronter à la réalité.

Puis il avale les 3 kilomètres qui le séparent de ton appartement.

Et t’embrasse jusqu’à ce que le monde devienne tes lèvres et que tes lèvres deviennent le monde.

Je ne sais pas ce qui unit les gens endommagés par la vie entre eux.

Peut être que les lésions s’attirent entre elles.

Comme un écho dans une pièce étroite.

Comme des tâches auréolées sur un matelas blanc finissent par fusionner.

Comme des tâches auréolées sur un matelas blanc qui saignent l’une dans l’autre.

 

Aujourd’hui je ne suis plus triste mais les garçons qui cherchent d’autres garçons mélancoliques finissent toujours par me trouver. Je ne suis plus un garçon, je suis un homme et je ne suis plus triste.

 

Tu souhaitais que je sois le fond noir dramatique et sombre afin que toi paraisses illuminé, afin que les gens murmurent : " quelle bravoure d’aimer un garçon aussi triste ? ".

 

Tu pensais que je serais le ciel noir, un trou sombre béant et que tu serais l’étoile ?

Etalant mon horizon noir, sans limites, comme une couverture dont on ne voit pas les bords.

Je m’approcherais de la faible lueur de l’étoile.

Je t’avalerais tout entier.

 

C’est fascinant comme deux êtres peuvent s’entremêler, fusionner.

Deux personnes qui ont jadis été ensemble et dormi du même souffle dans le même lit.

Peuvent redevenir de parfaits inconnus.

Comme deux atomes qui s’entrechoquent et finissent par exploser.

Dans le néant

C’est certainement la chose la plus triste de ce monde.

 

Je t’en ai voulu.

J’en avais tant fait.

Je m’étais coupé les cheveux.

Je m’étais acheté le plus onéreux des maquillages

J’ai sculpté ma chair pour que tu l’aimes.

Je me suis enduit du meilleur des onguents.

Je suis devenu plus beau, plus calme, plus docile.

Je me suis recouvert des pages de la bible et du coran afin que tu m’adores.

Comme un arbre privé de lumière, j’ai poussé du lierre, pour la chercher.

 

Quand tu es parti dans l’anonymat le plus complet je ne t’ai pas laissé partir.

J’ai attendu.

J’ai espéré.

Obsédant.

Rancunier.

Hostile.

J’étais fiévreux de rage.

Même ici j’ai écrit des mots suintant le souffre.

 

Je t’en ai voulu à toi aussi, avec tes cheveux blonds et tes yeux bleus si peu sincères.

Je t’en ai voulu à toi, l’autre, pour les mots.

Pour les gestes, à toi l’autre.

Toi, cinquième, je n’en ai voulu pour les omissions.

Toi, sixième je t’en ai voulu que ce que tu étais.

Vous tous, par dizaines, par douzaines, par milliers.

 

Je me suis dit:

Quelle distance as tu parcouru, pieds nus, pour des hommes qui n’ont jamais caressé mes chevilles sur leurs cuisses ?

Combien de fois, aux enchères t’es tu vendu ?

Pourquoi trouves-tu la lueur de l’inaccessible si attirante ?

Où cela a t’il commencé ? qu’est ce qui s’est mal passé ? qu’est ce qui a été gâché ? Qu’est ce qui t’a fait sentir si vain ?

S’ils te voulaient, ne t’auraient t’ils pas choisi ?

Tout ce temps, tu as mendié pour de l’amour, en silence, pensant qu’ils pouvaient t’entendre

Mais non, ils l'ont  humé sur toi.

Tu aurais du savoir qu’ils ont goûté le sentiment d’attente sur ta peau.

Et qu’as tu fait de tous ces autres qui auraient tout accompli pour toi, pourquoi les as tu fait t’aimer jusqu’à ce que tu n’en puisses plus ?

Pourquoi es tu ces deux hommes ? à la fois fort et indomptable, nécessiteux et démuni ?

Où as tu appris cela, à vouloir ce qui ne veut pas de toi ?

Où as tu appris cela, à quitter ceux qui veulent que tu restes ?

 

 

Puis j’ai trouvé la paix et la rédemption.

Je l’ai trouvé seul d’abord puis elle m’a été apportée.

Par ces amis.

Par ces proches.

Par lui.

Lui qui sent le citron et l’olive, l’encens et la terre.

Points de suture.

Chair saignante qui se referme sous la douceur d’une aiguille et d’un fil.

Nœud après nœud.

L’aiguille plonge dans la chair et en ressort. Elle recoud, millimètre par millimètre.

 

J’ai mis mes mains sur mon ventre et j’ai pensé:

 

« Je suis triste pour toi que tu n’aies jamais été vraiment aimé avant moi et que cela t’ai rendu cruel »

 

« Tu n’as pas guéri. Ta cruauté est un symptôme tenace ».

 

Puis j’ai commencé à t’aimer à nouveau.

Pas comme je t’ai aimé.

Pas comme on aime quelqu’un dont on hume les cheveux.

Mais plutôt comme une ombre pâle du passé qu’on bénit.

1000 ombres de mon passé.

 

Qu’on bénit toutes parce que mes jours et mes nuits ne se seraient pas aussi radieux et sombres sans elles.

Des artefacts.

Certains choix n’auraient pas été faits.

Certaines rencontres subséquentes n’auraient jamais eu lieu.

Vous me libérez.

Vous m’avez fait du bien.

 

Et dans la rancœur, la bienveillance a pris racine.

Les démons ont pris leur envol du 7ème étage et se sont écrasés sur le sol en affreux patins désarticulés.

Désormais, leurs cadavres, les os et leurs entrailles s’évaporent en fumées volatiles.

Je prie que la vie vous soit généreuse.

Je prie que la vie vous soit miséricordieuse.

Je prie que la vie vous soit agréable.

 

Je prie. Je prie. Je prie

Je prie. Je prie. Je prie.

 

Je prie pour la vie vous soit plus clémente que vous l’avez été à mon égard.

Je prie afin qu’elle soit gentille.

Même si vous ne l’avez pas été.

 

Parce que je vous pardonne.

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Hélium

Publié le par Dorian Gay

 

Nota: Ce billet, Hélium, complète, un autre billet paru le même jour, Phosphore. Comme deux battants d'une même porte. La narration en pointillés est un choix volontaire de l'auteur. 

 

Tu es terrifiant… étrange, sculptural. Quelqu’un que peu de gens sauraient dûment aimer.

 

La nuit de notre mariage secret

Quand il m’a gardé sous sa langue telle une promesse.

Jusqu’à ce que sa langue se raidisse et se fatigue.

Je me suis endormi éveillé pour garder intacte la fraicheur du souvenir.

 

Le lendemain, je l’ai prié de se recoucher près de moi dans le lit.

En retard, il m’a baisé les chevilles et est parti.

Je me suis endormi  au creux de son lit pendant plusieurs jours.

J’ai humé les réminiscences de ses effluves, sauvages et douces. Comme le miel et le vin.

 

Sa mère m’a trouvé dans le lit.

Je me suis tenu face à elle, nu.

J'ai parcouru son visage clair de mes mains.

Lentement, avec expertise, compassion.

Sentant son souffle court sous mes doigts.

Chaud, mentholé.

 

Je lui ai montré l’alliance en or à mon doigt.

 

Il rentre plusieurs jours plus tard.

Ma peau frémit à nouveau comme un enfant qui déchire l’utérus de sa mère et crie à la vie qui envahit ses poumons et ses entrailles.

Je me consume, je m’embrase, m’immole par le feu.

Mes yeux en amande, noirs, crépitent comme du bois sec.

 

Il les embrasse avec méthode.

Son cœur est aussi beau que son sourire.

Consumant, je me sens beau.

Je suis beau, tellement beau.

Je brille. Je suis un volcan en éruption. Poétique.

Mes lèvres, mouillées, appellent à l’adoration, au culte, à l’adulation, au fétichisme.

Il est à genoux, il prie.

Il me trouve beau.

Je suis une mosquée, une cathédrale dévorée par les flammes.

 

Ma mère m’a dit une fois.

Lorsqu’un homme t’approche

Immole-toi par le feu.

 

Tu es un magicien.

Je suis ton public, silencieux, dévoué, religieux.

Tes hanches sentent le citron et l’olive.

L’encens et la terre.

 

Chaque bouche embrassée, chaque langue dont tu t’es délecté.

Tout ceci n’était que préambule, qu’apprentissage.

Tous les corps que tu as déshabillé et que tu as labouré, de tes doigts, de tes dents, de ta peau, de ton sexe, de la langue.

Te préparaient au mien.

Ça ne me dérange pas de les goûter dans les exhalaisons des souvenirs qui persistent dans ta bouche.

 

Ils étaient tous dans un long couloir plongé dans une semi-obscurité.

Une porte entrouverte.

Ta seule valise sur le tapis roulant.

Etait ce un long voyage ?

Tu es là maintenant.

Bienvenu à la maison.

 

Je passe mes doigts dans ses cheveux sauvages.

Il s’incline et je hume à nouveau cette odeur.

Cette fragrance entêtante comme une chanson qu’on écoute beaucoup trop.

 

Cette année sera l’année de la rédemption, du lâcher prise. L’année de la compréhension des mots, « oui, « non », « tu n’es pas gentil », « tu es gentil ». Année de l’humanité et de l’humilité. Comme un jour où l’humanité entière était restée toute la journée sous ses draps. Tous ceux que j’ai croisé sur mon chemin cette année m’ont dit « ta compagnie est si agréable, comment tu fais ça ? ». L’année où j’ai creusé la terre et ai arraché les racines de mes mains rêches. L’année où j’ai appris les discussions légères sans conséquences, et appris à sourire à des inconnus. L’année ou j’ai compris que je suis mon meilleur moi même quand je m’approche et demande : « veux tu être mon ami ? »

L’année du sucre et du miel, partout.

Douceur, douceur, miel, miel.

L’année d’une solitude heureuse et de l’apprentissage de ses joies.

L’année où j’ai pris dans les bras des gens que je ne connaissais pas parce que j’avais envie d’apprendre à les connaître.

 

Cette année, j’ai fait la paix et l’amour, là nu devant vous.

 

Grâce à lui.

Grâce à eux.

Grâce à moi.

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