5 Films LGBT à voir

Publié le par Dorian Gay

À l'instar de toutes formes artistiques et culturelles, le cinéma accompagne les évolutions de notre société et présente un reflet intéressant des points de vue, des événements marquants de chaque époque. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir le cinéma comparé à un miroir, qui permet dans ce cas à une communauté de se percevoir, de se construire. Grâce au cinéma, les homosexuels se pensent et se donnent à voir.

De prime abord, se pose une question de définition et cela n’est pas aisé : qu’entends je par film LGBT ? La réponse la plus englobante voudrait que ce soit tous les films ayant pour thématique l’homosexualité. Une réponse plus précise mais tout aussi subjective voudrait qu’il s’agisse des films qui parlent de l'homosexualité, ou qui sont des références pour les homosexuels, ou qui parleront peut-être plus aux homosexuels pour plusieurs raisons éclectiques et à apprécier au cas par cas : scénario, acteurs, interactions entre les personnages, lieux, bande originale, etc

C’est grâce aux premiers films LGBT que l’on se passait sous le trench, mes amis et moi, adolescents, que j’ai découvert l’existence et la transversalité du «milieu » homosexuel ; c’est grâce à ces premiers films que j’ai démystifié l’homosexualité, que j’ai vu qu’un amour perein pouvait naître entre deux êtres du même sexe ; c’est aussi grâce à ces premiers films que je me suis senti moins seul, réduit à ma condition solitaire, et que je me suis, au fil du temps, accepté. C’est grâce à ces premiers films que j’ai entrevu les pluralités homosexuelles. C’est grâce à ces premiers films que je me suis pris à rêver. C’est grâce à ces premiers films que je me suis senti visible. Bref vous l’aurez compris : le 7ème art a eu une place importante dans la construction du jeune adulte que je suis.

Au fil des années, j’ai eu la chance d’en regarder un nombre assez important et il m’arrive de servir, à mes proches, de modeste référence en la matière. Si je devais en retenir un nombre limité, cinq en l’occurrence, lesquels seraient ce ?

5 Films LGBT à voir
  1. Weekend d’Andrew Haigh (2012 - Britannique) – Premier film qui mérite d’être mentionné ici.

Présenté en compétition au festival Chéries-Chéris à Paris, Weekend dissèque, par-delà le thème de l’homosexualité, celui de la rencontre amoureuse. Une brève rencontre qu’incarnent, avec une authenticité sans failles, l’approche réaliste de l’anecdote et le lent tempo de la découverte de l’autre, faite d’une longue suite d’écarts avec les règles de la romance traditionnelle.

Ce qui ne devait être qu’un vulgaire plan cul, initié après une soirée trop alcoolisé laisse place à une relation complexe – précisément parce que c’est le lendemain que cette histoire commence. Au réveil, Glen et Russell partagent un café et, surtout, le souvenir de la nuit qu’ils viennent de passer ensemble. C’est le premier basculement, habile, qu’accomplit le film : au lieu de montrer la rencontre entre les deux hommes et la rapide consommation de l’amour, Weekend réécrit l’histoire.

Car Glen est artiste et il a un projet, encore mal défini, qui consiste en tous cas à enregistrer au matin ses amants lui racontant la nuit qu’ils viennent de partager. C’est dans cet écart entre l’ellipse narrative et le récit qu’en font les personnages au matin que le film s’écrit. Les gestes des deux amants, lentement et pudiquement décrits et commentés par Russell, phagocytent les images que nous n’avons pas vues et esquissent la voie dans laquelle s’engouffre le film.

Au fil du film se dessinent les caractères presque aux antipodes de deux personnages attachants, l’un artiste attaché à sa liberté et l’autre boy next door respirant l’empathie et la gentillesse qui vont se livrer à une confrontation de leur vision de l’homosexualité, de l’amour, du couple, de l’attachement.

Pourquoi j’aime ce film ? Parce qu’il est d’un réalisme et d’une sincérité touchants, l’absence totale de folklore ou d’extravagance. Nous pourrions tous être des Russell, ou des Glen, ou au moins en connaître un. Le film se déroule à Londres, tout comme il pourrait se passer à Paris. Il ne joue pas la carte de la sensibilité exacerbée mais plutôt de la sensibilité objective : on se sent vite pris aux tripes dans une situation pourtant si ordinaire : celle de deux garçons que tout oppose mais qui s’attachent et qui pourtant, refusent de reconnaitre et d’assumer la force du lien qui les unit. Ce film me parle tout simplement par sa simplicité mais surtout son authenticité. Il me fait oublier qu’il ne s’agit que d’une fiction tellement tout est naturel et commun.

Le cinéaste porte son sujet à bras le corps, faisant ressurgir les frustrations de cette rencontre face à l'accueil que leur relation engendre, affichée au grand jour. Le cinéaste dénonce, sans vaciller dans la vulgarité physique, privilégiant les sentiments naissant entre les deux protagonistes. Brandissant le drapeau de la communauté homosexuelle, Week-end réfléchit les obstacles face auxquels le couple gay doit faire face, cette différence encore mal acceptée qui leur empêche de s'afficher en public, de s'embrasser, se tenir la main, s'exprimer sur une sexualité qualifiée de « bruyante ».

Au travers de ses interprètes ( Tom Cullen et Chris New), le film nous éblouit par son éloquence, allant chercher l'émotion légitime du spectateur sans glisser vers un propos larmoyant et prosélytique. Week-end apparaît comme une parenthèse dans la vie sentimentale de ces deux êtres qui ne demandent que la liberté d'aimer. Emprunt d'idéalisme, Andrew Haigh achève son récit par quelques pointillés, laissant le dénouement de cette rencontre inédite voguer vers l'imagination du spectateur, une rencontre qui aura bouleverser leur vie à jamais. Un film poignant.

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2- Prayers for Bobby de Russell Mulcahy (2010 – Américain)

Un des plus beau téléfilms que j'ai jamais vu et qui fut à de nombreuses reprises récompensé. Sigourney Weaver incarne Mary Griffith, fervente pratiquante, qui a élevé ses enfants selon les principes conservateurs de la foi religieuse. Le destin de la famille va être bouleversé le jour où Bobby décide de confier à son frère aîné un terrible secret : il préfère les garçons. Lorsque sa mère l'apprend, elle met tout en œuvre pour "guérir" son fils, car selon la Bible, Bobby sera condamné à l'Enfer. Mais une tragédie va remettre en cause toutes les convictions de Mary ... L'actrice donne là une de ses plus grandes performances ! A ne surtout pas manquer, le film m'a fait pleurer plus d'une fois (oui j’avoue). Il s’inspire d'une une histoire vraie et se retient comme une ode à la tolérance.

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3 - Ciao de Yen Tan (2008 – Américain)

Multirecompensé au Philadelphia International Gay & Lesbian Film Festival, à la Queer Lion Competition at Venice Film Festival, et aux AFI Dallas Awards.

Ciao, c’est l’histoire de Jeff qui prend sur lui-même pour annoncer le décès soudain de son ex, Mark, à leurs amis. Alors qu'il recherche les contacts dans l'ordinateur de Mark, Jeff tombe sur le mail d'un séduisant italien appelé Andrea.

Andrea et Mark avaient fait connaissance sur le net et devaient se rencontrer lors du voyage d'Andrea aux USA.

Plutôt que d'annuler son voyage, Andrea décide de venir malgré tout et de voir Jeff.

Réunis par le malheur, les deux hommes développent une tendre amitié. Mais, le lien qui les unit évolue en quelque chose que ni l'un, ni l'autre n'aurait pas anticiper…

Chouchou des festivals, CIAO doit énormément au jeu plein de sensibilité, de finesse et de vérité de ses deux acteurs principaux Adam Neal Smith et Alessandro Calza (co-auteur du scénario).

Le jeune réalisateur Yen Tan utilise intelligemment un style minimaliste et plein de retenue pour raconter cette histoire d'amour naissant teintée de culpabilité.

Un film qui devrait faire date pour le Cinéma gay de par son originalité et sa beauté.

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4- Do começo ao fim d’Aluizio Abranches (Brésil – 2009)

Un film de mon deuxième chez moi : Le Brésil, et qui m’a beaucoup ému malgré un jeu d’acteurs moyen et un scénario banal.

Julieta est médecin. D'un premier mariage avec un Argentin est né avec Francisco. Remariée à un architecte, elle a un autre fils, Thomas, six ans après. Dès leur plus jeune âge, les deux frères vont développer une relation très forte. Trop forte pour leurs proches. Une relation incestueuse peinte entre deux acteurs d’une grande beauté.

Leur prestation, qui fait la part belle à des moments très intimes, semble donc séduire. Il est vrai qu'une grande partie du film repose sur la beauté presque irréelle de ce couple. Trop beaux, trop parfaits, trop idéaux dans une histoire trop rose ont d'ailleurs jugé quelques critiques.

Il n’en reste pas néanmoins touchant et certaines scènes valent à elles seules le visionnage du film en entier

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5 - Keep The Lights On d’Ira Sachs (2012 – Américain)

Chronique méticuleuse d'une vie commune impossible, Keep the Lights on s'imprègne du ressassement d'un amoureux déçu qui ne comprend pas comment pareil gâchis a pu naître d'autant de désir et de beauté.

Dès les premières séquences qui mettent en scène la rencontre entre Erik et Paul, la volonté de parvenir à la vérité à travers l'expression physique de la passion est évidente. Le premier est un très jeune homme qui peine à trouver sa place. Il travaille depuis longtemps sur un documentaire consacré au cinéaste gay new-yorkais Avery Willard, qui réalisait clandestinement des films érotiques. Sa réticence à mener à bien ce projet n'est qu'un des symptômes de sa difficulté à entrer dans l'âge adulte.

Face à lui, Paul tourne déjà à plein régime : avocat, il gagne confortablement sa vie et consacre une bonne partie de ses revenus à sa passion pour les stupéfiants. Keep the Lights on est aussi un film historique, et l'histoire de Manhattan à la fin des années 1990 est placée sous le signe d'une double épidémie, le sida et le crack.

Si les deux jeunes gens, aidés par la chance, parviennent à conjurer la première menace, l'addiction de Paul conduit bientôt le couple à la rupture. Si brutale qu'elle soit, elle n'est que la première station d'un chemin qui a encore bien de l'altitude à perdre. La mise en scène de l'abjection amoureuse, de la reddition presque inconditionnelle d'Erik face aux caprices aberrants de son compagnon, est un spectacle pénible et fascinant. L'élégance de la mise en scène, dont les longs plans sont dessinés par une caméra à la fois fluide et économe de ses mouvements, tient à l'écart la tentation du sordide.

Au fil des ans, Keep the Lights on se transforme en roman de formation. Paul n'est plus qu'une présence physique intermittente, pendant qu'Erik parvient peu à peu à construire une vie d'artiste, un édifice fragile que menace chaque surgissement de l'amant destructeur

Je n'oublie pour autant tous ces autres films qui mériteraient d'être tout autant mentionnées:

Un Amour à taire de Christian Faure (France, 2004)
Les Amoureux de Catherine Corsini (France, 1993)
Beautiful Thing de Hettie MacDonald (Royaume-Uni, 1996)
Les Chansons d’amour de Christophe Honoré (France, 2007)
Comme un garçon (Get Real) de Simon Shore (Royaume-Uni, 2000)
Cowboys and Angels de David Gleeson (Irlande, 2003)
C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée (Canada, 2005)
Dernier été à New Ulm (The Toilers & the Wayfarers, États-Unis, 1995)
Donne-moi la main de Pascal-Alex Vincent (France, 2008)
Edge of seventeen de David Moreton (États-Unis, 1998)
Harvey Milk de Gus Van Sant (États-Unis, 2008)
J’ai tué ma mère de Xavier Dolan (Canada, 2009)
Jitters de Baldvin Zophoníasson (Islande, 2010)
Ma vraie vie à Rouen d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (France, 2004)
La Mauvaise éducation de Pedro Almodovar (Espagne, 2004)
My Beautiful Laundrette de Stephen Frears (Grande-Bretagne, 1985)
Pourquoi pas moi ? de Stéphane Giusti (France, 1999)
Presque rien de Sébastien Lifschitz (France, 2000)
Les Roseaux sauvages d’André Téchiné (France, 1993)
Le Secret de Brokeback Mountain d'Ang Lee (États-Unis, 2005)
Sasha de Denis Todorovic (Allemagne, 2010)
Shelter de Jonah Markowitz (États-Unis, 2007)
Sur le chemin des dunes de Bavo Defurne (Belgique, 2011)
Les Témoins d’André Téchiné (France, 2007)
Tout contre Léo de Christophe Honoré (France, 2001)
Week-end de Andrew Haigh (Royaume-Uni, 2011)
XXY, de Lucia Puenzo (Argentine, 2007)

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M
Week-end … (y)
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L
Week end... Quel film magnifique, tout en simplicité! On s'y croirait presque. Les acteurs sont magnifiques et très touchant par les troubles qui les déchirent. Je pense que beaucoup d entre &quot;nous&quot; (si je puis dire) se retrouveront en eux! <br /> Quant à Prayers for Bobby... Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant pleure devant un film, merci :)<br /> Ou puis-je trouver une version vostfr de keep the lights on?
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D
Et bien je vois que je ne suis pas le seul alors :)<br /> En ce qui concerne ta demande, la version vostfr de Keep The Lights On, je ne pense pas qu'elle soit sortie: je l'ai trouvé en VO, il suffit ensuite de télécharger les sous titres sur internet, ce qui est assez simple :)
S
Je viens de regarder &quot;Prayers of Bobby&quot; mangifique merci :)
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S
Oh ej sens que les 5 films sont en anglais :(((
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