50 Shades of Purple

Publié le par Dorian Gay

50 Shades of Purple

Je parle rarement de sexe. On pourrait me reprocher une certaine pudeur, une relative pudibonderie. Il n’en est rien. Bien au contraire, je crois que j’aime bien la chose, et que si j’en ne parle avec avarice, c’est certainement parce que je ne veux pas reconnaître ma propre sexualité bien outrecuidante.

Je pense, à mon jeune âge, que j’ai bien vécu – j’ai vécu des expériences intimes riches et variées, et ai méthodiquement repoussé mes limites et ai définitivement enfoui les ruines de mon éducation catholique.

Là où le bât blesse, c’est quand il devient de plus en plus difficile de revivre l’émoi si particulier des « premières fois ». La sexualité quotidienne devient parfois bien morose, car on ne peut s’empêcher de « comparer, de juger, de se rappeler », si bien que les amants qui me sortent de ma torpeur sont bien rares.

Conter mes aventures charnelles comme le fait si bien Quentin Mallet m’est impossible. Je n’ai ni le talent, ni les souvenirs assez frais.

Je préfère donc narrer ici quelques expériences significatives qui ont émaillé mon passé.

Mes « threesomes »

Fantasme le plus universel qu’il puisse exister, le sexe à trois est sûrement l’une des premières étapes que j’ai franchie dans le long chemin de l’exploration de ma sexualité.

Ce devait être l’été 2010. Je me retrouve au Maroc où je passe des vacances charmantes avec ma famille. Nos journées, suintant la lascivité et la l’oisiveté, j’occupais mes journées à scooter, à sillonner les ruelles de Marrakech et d’Essaouira.

Déjà inscrit sur Romeo à l’époque, je discutais avec parcimonie avec quelques locaux. L’un d’eux avait particulièrement retenu mon attention. Je ne me souviens guère ni de son nom, ni vraiment de son visage. J’ai souvenir qu’il avait également un scooter, qu’il n’était pas très grand et qu’il portait une chemise blanche la première que nous nous sommes rencontrés dans un salon de thé.

Libertin qui s’assumait, il ne tardait pas à me proposer de passer chez lui en soirée afin de « prendre le thé » à nouveau. Avec une certaine spontanéité, je répondais oui. Il faut dire que, le climat chaud et moite ne devait pas être sans conséquence sur ma libido ce jour là.

Je me retrouvais dans le séjour de son appartement quelques heures plus tard où nous fûmes vite rejoints par un des ses amis. Plus grand, d’un physique assez longiligne, il n’était pas très causant.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que nous nous retrouvions tous les trois dans la plus grande intimité. J’ai le souvenir d’un moment assez fougueux et rustique. Je me rappelle que deux d’entre nous étaient parfaitement versatiles et que le troisième n’était uniquement qu’actif. Je me souviens d’une parfaite complémentarité et d’une alchimie idéale.

Ayant pris goût à la chose, j’ai réitéré l’expérience plusieurs fois en France. Il y’a eu ce couple qui habitait à quelques centaines de mètres de mon appartement et que je voyais, avec une régularité digne d’une montre suisse, tous les dimanches pendant plusieurs mois. Je me souviens que j’étais réfractaire à l’idée de réitérer l’expérience avec un couple déjà constitué depuis plusieurs années. J’avais le sentiment que je servirais de « troisième roue », « de bouche trou » (sans jeu de mots volontaire) et que ma participation à ces trinômes était purement instrumentalisée. Ce ne fut nullement le cas. Ils furent absolument charmants et je me souviens de nos longues conversations dans leur jardin quand nous finissions nos affaires. Le coït était plus passionnel que fougueux, contrairement à ce que j’avais vécu au Maroc. Ce n’était pas pour me déplaire. Je sentais, à chaque rencontre, le déploiement de sincères efforts afin que tous les membres du trinôme puissent retirer de nos rencontres du plaisir et de la satisfaction. Il faut aussi dire que la verge démesurée dont la nature avait doté l’un de ces deux garçons y était, dans une certaine mesure, pour quelque chose.

Puis, il y’a cet autre couple dans le 18ème arrondissement à Paris. Cette fois-ci, les choses se sont déroulées autrement, l’alchimie étant inexistante. Il était évident que l’idée de partager son partenaire avec le parfait inconnu que j’étais, n’était pas parfaitement digérée par l’un des deux garçons.

J’ai le sentiment que c’est après cet échec que j’ai pris la décision de ne plus réitérer ce type d’expériences avec un couple déjà constitué. J’estime que la réussite d’un threesome est principalement basée sur l’alchimie entre les trois individus ; alchimie elle même qui dépend des relations interpersonnelles entre chacun des membres des groupes. Dès lors que l’une des relation est viciée par de la jalousie, de la frustration ou de l’égoïsme, tout le modèle s’effondre.

La dernière fois que j’ai tenté à nouveau l’expérience remonte à un an environ. Alors que je me retrouve dans la maison de vacances de mes parents dans le sud de la France. Alors qu’ils sont absents pour la journée, je convie ces deux jeunes mecs à la maison. Le premier, l’instigateur, était grand et fin, châtain. L’autre, un peu plus jeune, arabe, était d’une physique carré, un peu trapu et arborait une barbe de 5 jours. L’expérience fut à peine satisfaisante. Le trinôme s’est vite transformé en binôme entre le jeune arabe et moi, le troisième s’étant confiné au simple rôle de spectateur, doublement passif. Cela m’a permit d’ériger ma deuxième règle en matière de threesome : un équilibre entre les préférences sexuelles de chacun des participants, fondée sur un socle d’envies communes.

Ma première (et seule) expérience « cuir » & « roleplay »

Je n’ai jamais vraiment compris la culture « cuir », « latex » et leurs dérivés. Je n’ai jamais compris cet attrait profond, érogène, pour ces matières. Tout au plus, je peux comprendre que l’odeur du cuir puisse être agréable mais cela se résume à cela.

Je ne savais donc pas quoi répondre de prime abord à ce grand mec au physique herculien qui m’abordait il y’a quelques semaines sur Grindr. Il revendiquait ses penchants « cuir » et « roleplay » et ne tardait pas à me proposer de le rejoindre chez lui et me promettait de me recevoir dans une tenue que je n’étais pas prêt d’oublier.

J’ouvrais la porte de son appartement dans le 19ème sur un corps bodybuildé de 1m95. Il portait une tenue en cuir noir, qui rappelait un uniforme policier, un peu comme ce membre des Village People, vous voyez ?

Il avait un petit gilet ajusté qui recouvrait à peine son torse, des cuissardes qui remontaient jusqu’à mi cuisse, une ceinture assez large et un cockring qui entravait une des verges les plus imposantes que ma courte vie m’ait permis de voir.

Pour continuer sur cet élan de franchise, avec le recul, je ne pense pas pouvoir dire ne pas avoir apprécié le contact et l’odeur du cuir. C’était loin d’être désagréable mais je n’estime pas que cela soit suffisant à susciter des envies récurrentes chez moi.

Jeux de domination

Je crois, qu’après le threesome, les jeux de domination sont le fantasme le plus partagé. Il est à croire, que la domination est une composante naturelle du sexe. En matière de coït, les deux partenaires sont rarement égaux. Il s’instaure, dans une certaine mesure, une certaine domination, et corrélativement une certaine soumission.

Dans le monde si particulier des gays, l’acte de pénétration, et les rôles de passif et d’actif, induisent par leur simple terminologie, des aspects de domination et de soumission.

J’ai inévitablement, aussi bien en tant qu’actif que passif, perçu cette dimension.

La domination peut être aussi tout un style de vie, ou du moins une préférence à part entière, avec ses spécificités et ses complexités.

Il m’a été donné différentes occasions de m’essayer à la domination stricto sensu, et à la soumission.

Je dois avouer que je trouve ces jeux particulièrement excitants. En ce qu’ils éveillent nos instincts les plus primaires, ils donnent à l’acte une saveur toute particulière.

Prendre son plaisir en imposant avec dureté ses envies ou ses désirs, ou au contraire, se nourrir du plaisir que l’on procure en son partenaire en lui offrant sa dévotion est extatique.

Je crois que j’ai été initié à ce type de jeux par un journaliste de France 2 (dont l’identité restera secrète) argentin, que j’avais rencontré l’été 2013.

Derrière une apparence « dandiesque », ses costumes trois pièces, ses cravates Hermès et un visage on-ne-peut-plus conventionnel se cachait un personnage à la lubricité exacerbée et qui épanouissait sa sexualité dans des jeux de domination.

La première fois ne fut pas vraiment la bonne. L’unilatéralité dans la recherche du plaisir, et la petite claque à l’égo induite par le rôle de soumis, étaient assez difficiles à accepter, étant quelqu’un de nature fière et parfois orgueilleuse.

Il faut aussi dire que je l’avais trouvé un peu gauche, jouant avec parfois sans naturel, son rôle de dominateur. Il ne fallait pas rester sur une telle déconvenue. Je l’ai revu plusieurs fois cet été là et nous nous sommes liés d’amitié au fil de nos rencontres.

Il était assez drôle de voir comment les rôles pouvaient s’inverser quand nous nous rencontrions dans des cadres plus conventionnels, pour dîner ou prendre un verre ensemble. Mon tempérament assez trempé refaisait surface alors que lui devenait instinctivement plus doux, plus lisse. Je pense que les jeux de domination sont d’ailleurs souvent un exécutoire pour ceux qui les pratiquent et une occasion rare et précieuse, de jouer un rôle aux antipodes de leur trempe naturelle. Les caractères impétueux se complaisent à se soumettre alors que les discrets et les timides prennent l’ascendant.

Avec le recul, je pense que les ingrédients de jeux de domination restent le respect mutuel et l’instauration de limites. Même si ces jeux peuvent faire supputer que le respect est loin d’être la première préoccupation des participants, il n’en est rien, bien au contraire. Derrière chaque ordre, chaque claque, chaque fessée reçue, chaque acte d’asservissement, il faut du respect. En effet, il ne faut guère occulter que ces jeux de domination restent des jeux, et qu’une fois clos, chaque participant retrouve son tempérament naturel et qui les atteintes disproportionnées à l’amour propre devaient être évitées, ce qui suppose l’instauration de limites.

A chaque fois que je me suis essayé à ces jeux, j’ai toujours pris le temps, au préalable, de discuter avec mes partenaires de nos limites respectives. Il est parfois saisissant de constater à quel point les limites des deux partenaires peuvent être différentes.

Je me rappelle de ce garçon, soumis qui, une fois, m’avait annoncé vouloir tenter une expérience qui me paraissait parfaitement déraisonnable. Il songeait à s’allonger à plat sur le sol et à supporter pendant toute la durée du jeu mon entier poids sur son dos et m’invitait à « flâner » autant que possible sur l’étendue de son corps.

Je me rappelle également de cet autre garçon, cette fois dominateur, qui envisageait assez sérieusement de m’entraver de cordages et de me mettre à disposition de trois autres de ses comparses. Jeu poliment décliné.

Fist et autres plaisirs

Cette pratique m’a toujours intrigué tant que l’ai toujours trouvé extrême à divers égards. L’idée de m’abandonner à une main indiscrète n’a jamais, une seule fois, effleuré mon esprit.

Celle d’offrir la mienne elle, a tôt germé. Je pense que la première que j’ai tenté l’expérience, c’est parti d’une facétie entre amis. De discussion légère en discussion légère, nous en vîmes à discuter de fist et, de façon collégiale, critiquions cette pratique. Je me souviens que nous estimions que les séquelles qui subsistaient après une pratique trop régulière ne valaient pas le plaisir éphémère qui en résultait.

En soirée ce jour là, un des amis qui avait participé à la conversation me recontactait et par messages interposés la discussion reprit de plus belle.

Il finit par m’avouer qu’il était moins réfractaire que nous à cette pratique et qu’il avait déjà eu à sonder ses propres limites à cet égard. Quelques heures plus tard, je me retrouvais une bonne vingtaine de centimètres dans la plus totale de ses intimités. C’en est presque ironique.

L’expérience s’est renouvelée quelques fois par la suite, avec lui mais avec de nouveaux partenaires également.

C’est une pratique qui reste, malgré le recul, assez déroutante. Elle suppose, pour celui qui la pratique, un sens aigu du partage. Elle induit en effet que, pendant tout le jeu, « l’actif » accepte de faire don de sa personne pendant tout le jeu, et renonce à recevoir une contrepartie. D’un point de vue biblique, ca pourrait presque en devenir poétique.

Golden Showers

Autre expérience partie d’un simple défi entre amis. Je compte parmi mes amis un trentenaire marseillais, chercheur en philosophie, installé à Paris depuis quelques années et avec qui je cultive une amitié assez particulière.

Il ne cessait d’éprouver mes limites en me répétant avec une assiduité remarquable que tôt ou tard, nous nous retrouverions dans sa salle de bains, à s’arroser mutuellement de pissat. Je m’en amusais et lui répondait dans un ton tout aussi provocateur que ma sexualité n’était pas aussi déviante.

Quelques semaines plus tard, alors que j’avais passé la nuit chez lui, en toute amitié, je me retrouvais dans sa baignoire, sous un flot abondant et doré, me demandant continûment comment j’en étais arrivé là.

Il ne faut donc jamais dire « fontaine, je ne boirais jamais de ton eau ». Le jeu de mots est à peine ici voilé.

Voyeurisme, Exhibitionnisme et autres Joyeusetés.

Je pense que nous sommes tous, dans une certaine mesure, voyeurs. Sans l’avoir nécessairement recherché ou provoqué, qui resterait insensible à la vision de deux bellâtres se faisant du bien ?

Ainsi, il m’est arrivé, à quelques rares occasions, alors que des couples s’adonnaient sans pudeur à leurs débats en public, de ressentir une certaine excitation mais je ne considérerais pas comme voyeur. En effet, je ne pense pas rechercher de façon active ce type de plaisirs.

Au contraire, l’exhibitionnisme est une pratique qui ne m’est pas étrangère. Mes deux seules expériences restent mémorables.

En ce qui concerne la toute première, elle a eu lieu dans les douches d’une salle de sport parisienne connue pour sa population essentiellement gay. Après avoir échangé des regards assez éloquents avec un jeune habitué des lieux pendant toute la séance de sport, il n’en fallu pas longtemps qu’il me suivit aux douches pour clore nos efforts. Dans un élan de spontanéité, nous n’attendîmes pas d’être à l’abris de regards indiscrets pour s’étreindre. Les choses se poursuivirent assez insoucieusement alors que le cercle d’observateurs ne faisait que croître. L’acte final de notre divertissement public fut applaudi par une vingtaine de curieux amassés autour de nous.

La seconde expérience eu lieu pendant mes vacances l’été dernier en Espagne. Je m’étais lié d’amitié avec un charmant espagnol avec qui je passais mes journées à flâner. Il m’avait proposé ce jour là de passer la journée à la plage d’un petit village à une heure de Barcelone, San Pol de Mar.

Alors, que nous étions tendus sur le sable fin, au milieu d’une petite foule assez éclectique, il me proposa un massage que j’acceptais spontanément. Ses mains se firent progressivement indiscrètes et il n’en fallu pas longtemps pour que nos slips de bain soient ôtés. Sans que je comprenne vraiment ce qui se passait, nous nous retrouvâmes à baiser là, à même le sable, en pleine journée, sur une plage mixte, voire familiale, alors même que nos plus proches voisins étaient à quelques pas de nous.

Ce qui m’avait alors surpris ce fut l’imperturbabilité des espagnols qui, semblaient totalement aveugles à la scène qui s’offrait à eux et continuaient à discuter de banalités en famille et entre amis.

Braver l’interdit était je pense encore plus excitant que l’acte en lui même, même si je dois reconnaître que l’alchimie avec mon partenaire espagnol était tout simplement parfaite.

Avec le recul et à l’aune des différentes expériences que j’ai pu avoir, parfois, je me dis qu’il va être de plus en compliqué d’animer mes prochaines années….

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Q
Pour ma part j'ai trouvé dans l'exhibitionnisme la même source d'excitation que toi, et à la différence des autres, je la trouve moins épuisable...
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