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journal (pas tres) intime

Je suis un multidater mais je me soigne

Publié le par Dorian Gay

Je suis un multidater mais je me soigne

 

Savez-vous ce que c’est que le multidating ? Conception Américaine du couple moderne et aujourd’hui bien répandue, elle consiste à flirter avec plusieurs partenaires en même temps.

Ah ces Zamériquns – toujours si IT ! Ainsi, pour ces derniers, il est tout à fait normal, tant que l’on n’a pas dit que la relation était exclusive, que l’on rencontre (et couche, lorsque l’opportunité se présente,  avec plusieurs personnes).

Lorsque je suis tombé sur cet article traitant du phénomène, paru dans Glamour (oui j’ai des lectures passionnantes), l’été dernier entre deux trains, la vérité « punched me in ze face » : j’étais un multidater.

En effet, par souci surement d’efficacité et de roulement, j’ai toujours été le type de célibataire qui ne se consacre pas qu’à un seul amant, espérant que la relation mue et devienne exclusive, mais plutôt celui qui rencontre des mecs à la chaîne, sans pour autant que cela soit sexuel.

Pourquoi ? Après m’être longuement posé la question, la réponse la plus évidente que j’ai pu déterrer tient en un seul mot : peur.

Oui, oui, chers lecteurs, peur de perdre mon temps, perdre de passer à côté de belles rencontres, peur de la déception, peur du risque de s’investir pour rien, peur de se mettre à nu, peur de devoir recommencer après chaque déconfiture…

Je suis jeune me direz-vous, « perdre » son temps dans des relations qui s’avèrent passagères et stériles ne devraient pas m’effrayer car je suis sensé avoir la vie devant moi. Oui mais … NON, je ne peux pas me résoudre à courir qu’un seul lièvre à la fois. Soyons cartésiens : ce n’est qu’une question mathématique de probabilités, « plus on rencontre, plus accrues se révèlent les chances de tomber sur des perles rares ».

 

En outre, cela présente d’autres avantage d’avoir plusieurs fois à la fois : on n’attend pas avec anxiété que le mec appelle ou réponde car on a autre chose à faire ! (pour l’anxieux et l’impatient que je suis c’est salvateur !), on est noyé sous les sms et les preuves d’affection cela est flatteur, on enchaîne les sorties culturelles et les activités. On peut avoir un amant drôle, un autre qui embrasse bien et qui a tous les atouts du bobo cinéphile ultracultivé, un troisième qui est si beau qu’on l’exhibe partout comme un IT bag. Bref, on peut arriver à obtenir un patchwork quasi idyllique tout en mettant ces amants sur le banc d’essai : trier, tester, fructifier et ne garder que le meilleur.

C’est une solution surement opportuniste et qui se veut surement « trop facile », mais j’assume totalement. Après avoir essuyé pendant deux ans, moult râteaux et déceptions car croyant naïvement au principe de l’exclusivité dès les prémices d’une relation, et qui m’ont laissé quelques cicatrices encore lancinantes, je ne pouvais me résoudre à continuer à vivre dans ma bulle AméliePoulain-Bambienne, car oui, avouez, tout le monde le fait ! Combien de mecs retrouvais – je sur les chats dès le lendemain d’un romantique rendez- vous, balbutiant quelques justifications maladroites pour tenter d’y expliquer leur présence ?

« trop de choix… trop de choix… tue le choix » et je crois que c’est symptomatique des grandes villes en général. Tels des papillons, on virevolte d’une fleur à une autre et on s’attarde sur celles dont le nectar est plus sucré. L’inconvénient est qu’à force, viennent l’overdose de rencontres qui rendent de plus en plus exigeants et imperméables (au mieux), ou l’illusion (au pire) de vivre pleinement et intelligemment une vie sentimentale épanouie et riche. J’ai donc, j’estime, assez de recul pour me rendre compte que mon jeu n’est pas voué à s’éterniser. Viens donc, oh viens donc homme de ma vie, pour briser ce cycle infernal.

 

Et pour vous satisfaire, bande de tits curieux, faisons état de mes daters du moment ; Liste non exhaustive et métamorphe, s’allégeant ou s’alourdissant au fil du jeu du temps et des affinités :

-          Toto : Brun, la trentaine, BCBG, Journaliste notoire sur une chaîne publique, ancien d’HEC comme moi. Il est exquis : un regard apaisant, une culture gargantuesque, des signes d’attention si touchants (comme ce jour de la semaine passée où, en relevant mon courrier, surprise : petit mot de sa part écrit à la main et accompagné d’un DVD dont nous avions discuté). Je suis Monroe et il est JFK. J’aime nos échanges quotidiens, j’aime quand il m’écrit à 3h du matin pour me parler de mondanités et m’embrasser, ses yeux, j’aime quand il me vouvoie et qu’il m’appelle ‘’son beau’’, son parfum, son humour, son égo… mais j’aime tellement moins son manque d’initiatives, son mec avec lequel il est depuis deux ans mais qu’il dit ne pas/plus aimer…

-          Eole : Châtain, la trentaine, Magistrat. J’aime sa voix douce, rassurante, quasi paternelle, son côté candide et innocent, ses attentions, j’aime ses longs textos, j’aime nos weekends culturels au théâtre, à écumer les expositions et galeries d’art de Paris, à parler littérature et opéra, j’aime sa bouche, son sourire, sa grande sensibilité.

-          Giant : Brun, Geek, Ingénieur. J’aime sa voix masculine, rauque et lourde, j’aime sa (très grande) taille, j’aime ses mains douces, sa timidité, nos passions communes comme la photo et les voyages, j’aime sa sensualité et ses mystères… J’aime moins ses silences et ces jours où sa timidité nous joue de vilains tours

-          Neal : Châtain, atypique, Doctorant en Philosophie. J’aime son accent chaud du Sud, sa carapace, son humour, ses yeux bleus ciels, son regard félin, nos nuits, ses cuisses, les croissants du petit déjeuner. J’aime moins quand il m’oublie et qu’il réapparait, et qu’il m’oublie et réapparait, et m’oublie…

-          Delicioso : Physiquement, mon préféré : grand, brun, Argentin, yeux lagons, parfait dandy des temps modernes, arborant cravates Hermès et vestes Armani à chaque rencontre. Journaliste notoire lui aussi sur une grande chaîne publique (je les attire tous ou quoi ?) J’aime quand il me fait rire et fait le pitre, j’aime quand il laisse émerger le grand sensible et fragile qu’il est derrière sa carrure et son charisme, j’aime quand il s’attache de plus en plus à moi et use de stratagèmes divers pour me revoir, j’aime son élégance et son intelligence, j’aime son côté latin, son sourire, son corps, ses baisers, ses coups de reins…

-          Barth : Le plus âgé, brun, Chef d’Entreprise, il me laisse une saveur mi sucrée, mi salée. Brillant, vif, vrai, nous nous étions rencontrés pendant l’été 2012 à St Barth où il y a une (magnifique) maison d’été, avant de nous revoir sur Paris et écumer tout ce que Paris fait comme restaurants, soirées mondaines, et musées. Nous fûmes compagnons d’heure de thé au Palais de Tokyo, au Montalembert, au Bar du Raphael. Nous essuyons actuellement un petit relâchement depuis deux semaines car on s’est faits peur… peur, en ce qui me concerne de le voir s’attacher si fort, si vite… peur pour lui de me faire peur…

-          Den : un nounours d’une gentillesse touchante et aux yeux hypnotisants. Rencontré initialement il y’a quelques mois pour ce qui ne devait rester qu’un plan cul, qui ne put être concrétisé pour des raisons de « rigidité », Den s’attacha à moi et je l’ai laissé faire. Pourquoi alors que je n’éprouvais pas spécialement d’attirance ? sadisme ? masochisme ? Je n’en aucune idée. Avec le recul, je ne regrette pas de ne pas avoir coupé court : savoir quelqu’un prêt à tout pour vous, le voir jour après jour s’attacher inexorablement à vous, vous savoir objet de pensées et de désirs, c’est bon pour l’égo et pour mes crises de manque d’affection. Oui c’est certainement déguelasse et égoïste de ma part, mais je n’ai jamais dit que j’étais un saint, loin de là.

 

Je vous tiendrais ponctuellement au courant de l’évolution de ces différents ‘’dossiers’’ chers lecteurs. En attendant faites vos paris ! ;)

 

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Autobiographie en 3 temps: Épilogue (enfin, si on veut...)

Publié le par Dorian Gay

 

Bordeaux - Eté 2010 : Il était beau quand il dormait près de moi, sa peau était douce, son corps protecteur, son parfum emplissait les draps, qu’est-ce qu’il était beau…

J’aimais, pendant qu’il dormait, du bout de mes doigts frôler l’ossature de son visage, ses cils, ses lèvres, passer ma main sur son torse, y caler ma tête et percevoir sa respiration et les battements de son cœur. Il m’a sauvé. Je l’aimais mon Antoine.

 

Petit flashback encore une fois…

Paris - Printemps 2010. Apprécié, je crois que je l’étais, désiré très certainement, satisfait de cette superficialité, non je ne crois pas. J’étais las, fatigué de courir après des chimères, de ce milieu Parisien cultivant la superficialité à son paroxysme. Epuisé de porter des masques, de jouer un rôle, ereinté d’être qui je ne suis pas ou du moins qui je n’étais plus ou ne voulait plus être. Bassiné de voir les mêmes têtes, assister aux mêmes spectacles désolants. Esquinté d’être réduit à un corps et à une belle gueule en dépit de tout ce que je pouvais offrir d’autre ; à vrai dire qui se préoccupait de savoir ce que je pouvais offrir d’autre ? Bassiné de l’hypocrisie ambiante, du sectarisme perfide. Ennuyé des schémas et modèles préétablis : jeunisme à outrance, sexe à profusion, amis-kleenex, relations éphémères, culture limitée à quelques albums d’électro et à la fashion week.

Je n’avais que 19 ans, mais j’avais la certitude que je ne voulais pas passer les 60 qui me restaient à vivre dans de tels abysses, noyé dans un monde tellement illusoire. Je n’aspirais pas à ce qui, à mon sens, n’était pas bien vivre, mais s’en donner l’impression. L’opportunité inespérée de finir mes études de Droit à Bordeaux, tombait à point nommé : ce milieu que j’avais jadis tant aimé, m’aimait tant en retour qu’il m’étouffait ; je devais m’évader pendant quelques temps.

 

Installation discrète à Bordeaux, redéfinition de mes priorités, « cure de désintoxication » : tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je m’étais éloigné de tout ce qui de près ou de loin pouvait émaner du milieu : soirées, sites de rencontre, évènements en tout genre ; et je ne m’en portais que mieux, je goutais enfin aux joies d’une vie simple et rangée, ponctuée de quelques plaisirs culturels, de ballades entre nouveaux amis, de déjeuners sur les quais de la Garonne : je me redécouvrais.

 

La fin de l’été s’amorçait et l’automne guettait, c’est le moment généralement choisi par les étudiants de tous azimuts pour profiter des derniers rayons du soleil en organisant moult soirées et beuveries.  Celle du 7 septembre 2010, ayant pour hôte une excellente amie, fut particulière, car il était là, de l’autre côté de la table à laquelle j’étais, désigné comme mon partenaire de Monopoly, celui qui me sortira définitivement du gouffre dans lequel j’étais : Antoine.

 

Grand garçon châtain aux yeux verts, finissant ses d’études de médecine, il avait ce regard commun aux personnes fondamentalement bonnes, ce type de regard miséricordieux, plein de compassion et d'empathie auquel nul ne pouvait résister. Il sentait bon, ses mains que j’ai pu frôler quelques fois au cours de la soirée étaient d’une douceur infinie. Dorian amoureux pour la première fois ?

 

Si des pensées persistantes et l’impression d’avoir des papillons dans le ventre lorsque je pensais à lui et l’obsession née de l’attente récurrente de ses textos quotidiens sont symptomatiques d’amour, alors, oui votre honneur, je plaide coupable.

J’avais auparavant rencontré des centaines de garçons sur Paris, mais lui était fondamentalement différent. Il avait ce côté « entier » intact, cette innocence propre aux enfants, cette fraicheur, cet humour qui m’étaient encore étrangers. L’impression, très vite, qu’on se donne entièrement et sincèrement à vous ; l’impression que vous comptez particulièrement et quotidiennement dans la vie d’un autre être humain.  L’on se croirait après cette description presque idyllique sortant d'un mauvais remake de Coup de Foudre à Nothinghill ou Love Actually, il n’en est rien.

 

Les deux exquises années qui suivirent ont certes un fort intérêt personnel, mais pour vous chers lecteurs, n’ont aucune importance si ce qu’All Good Things Come To An End comme chantait mélancoliquement Nelly Furtado, et qu’un retour à Paris s’imposait, pour des raisons professionnelles, nouvellement Avocat, après ces deux années passées à Bordeaux. Un retour, fondamentalement différent, armé d’une maturité consolidée, de projets, et d’un regard neuf et assaini sur mon passé, sur mes aspirations.

 

Je retrouve sans nostalgie aucune et avec un détachement non contenu ces rues pavées du Marais, ces bars de la rue des archives, ces amis qui ne m’avaient pas tant manqué que cela : rien n’a changé, comme si le temps était figé dans le 4ème arrondissement (vous me direz en passant, que vu le nombre d’injectés au botox au Km² aux alentours, qu’il est normal d’avoir ce ressenti – passons). I’m far far away from you babe.

 

Et me voici donc, ce soir de début janvier, Mac Book sur les genoux, thé au jasmin fumant sur la table du salon, m’attelant à finir de mettre par écrit la fin de cet exercice, repensant à toutes ces choses personnelles que je vous ai crûment livré, essayant désespérément de trouver un mot de fin, une conclusion pertinente mais rien… et là soudainement, éclair,  je me dis « merde, c’est normal de ne pas avoir de mot de conclusion, la fin est encore loin, ma vie ne débute que maintenant… ».

 

 

 

 

 

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Autobiographie en 3 temps - Exaltations

Publié le par Dorian Gay

 

Il était près d’une heure d’un matin, ce même été 2007, je déambulais seul sans but véritable dans les rues d’une banlieue au nord de la capitale, titubant presque, fatigué mais béat, dans un état de semi-transe dont je garde encore intacte mémoire, encore sous l’ivresse de mon tout premier corps d’homme, de ma toute première copulation, ma toute première fois…

Et non, il n’y aura ni récit romancé, ni description à l’eau de rose, rien de tout cela car je ne pourrais déformer, ni sublimer ce qui fût réellement : je venais de perdre ma virginité sur le capot d’une Peugeot 508 blanche. Classe comme débuts me direz-vous…

Beaucoup de choses s’étaient passées ce fameux été, un flashback s’avère nécessaire.

Je me souviens encore très bien du jour de ma toute première inscription sur un réseau de chat gay et j’aime comparer ce moment à la parabole Biblique de Moise qui trouva la Terre Sainte après 40 ans d’errance dans le désert. Je me rappelle du sentiment mêlé d’excitation, de peur, d’envie et de curiosité qui m’animait, je pénétrais dans le Saint Graal, j’ouvrais la boîte de Pandore.

 

Mes débuts furent timides, j’étais encore mineur et malgré une précocité et une maturité exceptionnelles, je n’en restais pas moins un adolescent mal dans sa peau, peu confiant, à la découverte de sa sexualité balbutiante et terrifié par cette quête.

 

Je n’osais pas me connecter sur ce chat, aujourd’hui bien connu de la communauté homosexuelle, depuis l’ordinateur de mon domicile et usait de toutes mes ruses afin de m’éclipser aussi souvent que je le pouvais dans des cybercafés et d’y assouvir ma curiosité ; à tel point que très vite cela était devenu un rituel quasi quotidien, une drogue addictive, un besoin irrépressible. Les prétendues visites chez mon ami Antoine, inventé de toutes pièces, furent pendant longtemps un excellent alibi. Je me souviens encore de ces nuits, où je me réveillais après m’être assuré que la maison était plongée dans le noir et que j’étais le seul encore éveillé, et où j’osais enfin me servir, parfois toute la durée de la nuit, de l’ordinateur familial dans le but d’assouvir toujours ces mêmes vils besoins. Après cet ordinateur, ceux du Lycée ou des Bibliothèques que je fréquentais ne furent pas épargnés. L’adrénaline n’affectant pas ma lucidité, je m’assurais toujours néanmoins et en toutes circonstances, d’effacer toute trace de mes méfaits.

 

Quantité ne rimant pas avec qualité, nombre ne rimant pas avec efficience, le temps passé sur ce chat n’était pas productif, du moins en conversations et en rencontres. Qu’y faisais-je ? Je lisais les descriptions des utilisateurs, j’observais les interactions, n’osant ni engager de conversation, ni répondre aux diverses sollicitations ; confortable situation jusqu’à cette soirée de Juillet, soirée sur le chat comme les autres avant qu’une icône sur mon écran d’ordinateur ne s’illumine : l’icône « messages reçus ».

Après une très brève hésitation, le message s’ouvrit en entier à mon clic, et là, déconfiture, il ne s’agissait que d’un maigre « salut ». Refroidi par ce message plus qu’expéditif, je décidais de ne pas y répondre et voilà que quelques minutes après ce premier message, un second vint illuminer cette même icône m’indiquant que j’étais à nouveau sollicité. « Je ne sais pas qui se cache derrière ton profil mais j’aimerais réellement faire connaissance. En plus nous n’habitons pas si loin l’un de l’autre à ce que je lis sur ton profil, j’ai le même âge que toi, et je cherche à me faire des amis, je m’appelle Adrien ». Il avait raison, nous avions le même âge et tous les deux localisés à priori dans le même arrondissement Parisien, mais cela suffisait il pour que je sorte de ma tanière, de mon trou ? Il m’intriguait, je ressentais en ce garçon un écho à mes peurs, à ma curiosité, un écho à moi-même.

 

« 21h27 – Message de vous : Je m’appelle Dorian...  je veux bien faire connaissance...». Je venais de sceller ce qui est aujourd’hui une de mes plus belles amitiés ; et quand je vous dis que le chiffre 7 me suivrait à vie…

 

Après quelques semaines d’échanges, nous avions planifié, Adrien et moi une toute première rencontre dans un café en ville. La veille, anticipant chaque détail de ce rendez –vous, je n’ai pu fermer les yeux de toute la nuit, mais j’étais fin prêt le jour J : des cernes de toxicomane en manque, paré des vêtements les plus beaux que j’avais, parfumé comme un salon de thé indien, je me tenais, tremblotant, le regard vif et perdu, parcourant de façon désordonnée tout ce qui se trouvait à l’horizon. Je n’attendis pas très longtemps ; un jeune garçon de ma taille, métissé, les yeux clairs et pétillants, le visage fin s’avança spontanément vers moi : « euh... tu es Dorian... ? ».

 

-          « Oui... euh... oui c’est, c’est… moi » furent les mots qui introduiront une des discussions les plus importantes de ma vie.

 

Adrien était, comme moi, troisième fils d’une grande fratrie. Il vivait à quelques mètres à peine de chez moi mais avait fréquenté un Lycée différent du mien. Il m’a très vite subjugué par sa maturité, sa loquacité et son aisance vis-à-vis de moi, pour ma part j’étais pétrifié pendant la bonne moitié de la rencontre, osant à peine porter à mes lèvres le chocolat chaud que j’avais commandé. Ce qui était certain c’est qu’il avait plus d’expérience que moi, il savait plus de choses en matière d’homosexualité que moi, malgré mes recherches acharnées sur le web.

 

La deuxième rencontre fut plus équilibrée en termes de verbiage. Il m’avait mis en confiance. Un Dorian confiant est un Dorian qui pose des questions... beaucoup de questions ; je ne pouvais m’imaginer occulter cette occasion : « alors où se réunissent les gays ? », « comment les approche  t-on ?», « on est nombreux ? », « y’a des familles homoparentales ? Non sérieux ? », « Qu’est-ce que c’est que la sodomie ? Ça fait mal ? Vais-je aimer ? Dans le rôle de celui qui fait la femme ou celui qui fait l’homme ? » furent autant de questions, qui, ce jour-là m’ont permis de découvrir l’existence d’un quartier homosexuel appelé « Le Marais » et le qualificatif d’actif et de passif.

 

 

Le jour où je décidais de me rendre dans le Marais, je tenais à le faire seul, sans Adrien. Je voulais, tel lors d’un sacre rituel, affronter cette découverte, solitaire comme je l’ai tant longtemps été. C’était donc un dimanche de fin d’été, la brise était fraiche et le ciel d’un bleu azur ; je crois aux signes et était persuadé que cette découverte était placée sous les meilleures auspices. J’avais lu un peu de documentation touristique gay et il y était mentionné que le quartier du Marais se trouvait à Saint Paul sans donner de cartographie exacte ; me voilà donc sorti de la station de métro du même nom et ne sachant par où aller, totalement perdu et noyé dans la foule de monde qui profitait de cette journée ensoleillée pour faire les magasins de la Rue Rivoli. Instinctivement je suivis le mouvement : « s’il y’ a un quartier gay dans le coin, il devrait être inratable » me dis – je.

 

Une bonne heure plus tard, énième tour en rond effectué, le résultat était sans appel : RIEN, NADA, QUE DALLE. Il n’était pas question que je rentre bredouille, je pris mon courage à deux mains accosta le premier passant à portée de bras afin qu’il me renseigne, ce qui me permit d’obtenir un nom : la rue des archives.

Etant arrivé juste à l’angle de cette rue, où trône l’imposant BHV de l’Hôtel de Ville, je pris une grande respiration et d’un pas décidé l’arpenta, et instantanément je me sentis plongé dans un autre monde : des garçons au look improbable, ne contenant nullement leur féminité,  draguant ouvertement d’autres garçons en pleine rue, des garçons au physique atypique, massifs, barbus, poilus, exhibant leurs muscles en terrasse, des boutiques au nom évocateur, les rires, les cris, c’était d’une force indescriptible.

 

J’avais beau être arrivé à destination, je n’avais pas d’itinéraire, de but précis, et n’avait comme alternative que de me laisser guider par le hasard et les circonstances. Après une demi-heure d’errance, arrivé à l’angle où se situe l’Open Café, institution populaire de la culture gay, je tombais nez à nez avec un groupe d’androgynes, qui surpris, me toisèrent et reprirent leur chemin en ricanant. Je ne devais pas avoir le bon style m’étais – je dis, pourtant j’avais suivi tous les conseils d’Adrien à la lettre : jean slim et t-shirt moulant. J’avais pensé trop vite : alors que quelques instants plus tôt je passais inaperçu, j’eus l’impression soudaine que tous les regards furent fixés vers moi et le sifflotement d’un garçon à mon passage ainsi que ses appels à lui ne firent que me conforter dans ce ressenti et attiser un vent de panique incontrôlée en moi.  Quelques minutes plus tard, j’étais déjà dans le métro me ramenant chez moi, la tête pleine de souvenirs et de questions dont Adrien pâtirait…

 

Lorsque je me rappelle, après cette première découverte du Marais, des soirées alcoolisées auxquelles j’ai pu assister quelques mois plus tard, des nuits de débauche dans ces mêmes rues dans lesquelles je me sentais perdu, des baisers volés et échangés dans ces mêmes bars, des corps frôlés et dévorés, des sourires, des regards insistants, je me dis que notre cher Dorian a bien grandi, oh oui qu’il a bien grandi.

C’est pendant cette période de plénitude, ou du moins ce qu’on croit être une plénitude, que je fis la connaissance d’Armel par le biais d’Adrien ; Il était du même gabarit que nous, quoi qu’un peu moins fin et était d’une redoutable beauté à laquelle on ne pouvait détacher un esprit d’une extrême finesse teinté d’une once de sadisme. Ce garçon était d’une parfaite impertinence et n’avait guère froid aux yeux. C’est Armel qui va finir, lentement mais avec une indéniable assurance, le travail sur moi qu’avait commencé Adrien. C’est avec Armel que Dorian va apprendre les codes de la communauté, les codes de la séduction, ceux du paraître, ceux de la chair ; c’est ainsi que c’est avec un sourire au coin que je rappelle que c’est avec lui que j’ai eu droit à mes premiers cours de fellation (sur silicone je vous rassure).

 

Dorian Gay V. 3 .0 était né.

Quel sentiment jouissif était ce que de savoir cette quête, entamée quelques années plus tôt accomplie, de voir le chemin parcouru, de se savoir entouré de semblables, de se sentir désiré, voulu, enivrant, regardé, de se sentir intégré dans une communauté, dans un milieu.

 

Le garçon que j’étais devenu était insatiable de rencontres, de plaisirs en tous genres, comme une boulimie symptôme d’une volonté de rattraper tant d’années gâchées : de lit en lit, de bar en bar, de frivolité en frivolité, l’avenir semblait mien.

 

Charles Nodier disait: " Pour faire illusion aux autres, il faut être capable de se faire illusion à soi-même, et c'est un privilège qui n'est donné qu'au fanatisme et au génie, aux fous et aux poètes"; Fanatique je ne suis pas sûr de l'avoir été; génie j'aurais peur d'avoir la prétention de l'affirmer; fou c'est indéniable; piètre poète c'est certain.

 

Dernier volet à venir bientôt

 

Baci

 

Dorian

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Autobiographie en 3 temps - Prologue

Publié le par Dorian Gay

 

C'est avec un verre de Pouilly-Fumé à moitié vide, une cigarette fumante entre les doigts, et une chanson de Nina Simone embaumant de sa voix suave, chaude et mélancolique ma chambre Parisienne, que j'entreprends la rédaction de cet article, la formulation de ces quelques réflexions. Nonobstant le cachet théâtral, presque Hepburniern de la situation, il s'agit là d'un hybride entre exercice de psychanalyse et travail d'autobiographie, sans prétention aucune, mais que j'espère cru, tranchant, vrai, et me permettra, au lendemain de mes 21 ans, de faire un premier bilan sur ma vie, sur ce que je suis devenu, sur ce que à quoi j'aspire. 
 
Un sociologue Canadien, s'inspirant de conceptions bouddhistes et taoistes, disait que la vie était à son sens fragmentable en trois étapes, en trois stades distincts: La période d'apprentissage et de recherche de soi, suivie de la mise en oeuvre de cet apprentissage, l'établissement de ''soi", avant le stade du déclin progressif ayant pour finalité certaine, la mort. Un autre penseur du même continent affirmait, lui, que la vie était divisible en deux graduations: celle où on la subit d'une part et celle où on la prend en main d'autre part. Cela n'a en l'espère aucune importance conceptuelle, le seul intérêt est de marquer que cet exercice autobiographie vient s'inscrire physiologiquement dans l'interstice, le passage entre deux stades de vie; moment qui s'avère donc sur le plan chronologique, propice pour un premier point sur le chemin que j'ai parcouru.
 
Voilà, qu'à peine avoir saisi ma "plume" numérique, je me retrouve affecté par la syndrome de la page blanche, de l'écran LCD blanc éviter toute chrono-discordance. Par où débuter? Après une courte réflexion et une gorgée salvatrice de Pouilly, j'opte avec entrain pour un filigrane chronologique, qui aura pour principal intérêt de mettre en exergue une certaine cohérence historique, mais aussi de placer et d'observer le jeune et complexe être que je suis au travers du prisme du temps. 
 
Mais avant cela, il me faut me trouver un nom, un pseudonyme, un alter égo biographique, ce que Sacha Fierce est à Beyoncé. Après moult hésitations, nous m'appellerons Dorian, oui Dorian, car j'aime ce prénom, à la fois masculin et doux mais aussi car il m'évoque quelque chose, je ne sais pas quoi, je ne sais pas qui, mais quelque chose... 
Et nous y rajouterons "gay", oui "Dorian Gay", car mon homosexualité sera la trame de cet exercice et je ne doute pas non plus que le clin d'oeil adressé au personnage fantastique, fera surement sourire quelques uns d'entre vous, 
 
Dorian naquit un 27 décembre 1991 à 21h27 dans une Maternité chic de l'ouest parisien et su très tôt que le chiffre 7 le suivrait tout le restant de ses jours.  Il fut le troisième (et dernier) enfant d'une famille aisée, issue de l'immigration, bien sous-tout-rapports, jusqu'à l'implosion de celle-ci à son premier printemps, les divorces étant dans le début des années 90 devenus quasiment un phénomène de mode. Alors vecteur de poisse ce Dorian ou juste mauvais concours de circonstances? La réponse à cette question reste encore en suspens.
 
Né de l'union du stéréotype de l'Avocat brillant, un brin psychorigide (géniteur mâle) et du Médecin - parfaite mère de famille pieuse et aimante (génitrice), tous les deux parrallèlement entrepreneurs dans le secteur du Luxe, Dorian prit très tôt conscience de ses intérêts "originaux", en demanda à ceux-ci pour son 7ème Noel la panoplie de Barbie à la Plage ainsi que des escarpins blancs taille 31, et su, grâce à une lucidité prématurée, que cette "originalité" serait, vis à vis du contexte social et familial, difficile à appréhender. 
 
Adrien ne mit un nom sur cette originalité qu'à son entrée en collège: homosexualité. Mot qui sonna à ses oreilles, lors d'un cours de Sciences de la Vie et de la Terre consacré à la puberté, comme un mot sanglant, tranchant, grave, froid. "
 
"Etait-ce donc ce que j'étais? Un homosexuel? Etait-ce grave?" furent ses premières pensées.
 
Armé "enfin" d'une dénomination, il plongea avec frénésie dans une quête d'informations diverses, ou du moins il essaya, car internet n'étant à l'époque qu'embryonnaire, ses seules sources furent pendant les quelques mois qui suivirent, une encyclopédie et le livre de Biologie de lycée de son frère aîné. 
 
Les années Collège ne furent pas très gaies, sans jeu de mots aisé. A l'âge où poussent les premiers poils, où l'on découvre et prend conscience de son corps, à l'âge où l'on se rend compte qu'un pénis ne sert pas qu'à soulager sa vessie, à l'âge des premiers fantasmes et des premières masturbations, à l'âge où se posent les prémices de toute sexualité, l'évidence n'était plus à nier pour Dorian: il était bien homosexuel, du moins si l'on en croit la définition donnée par le Larousse 1998 et qui tenait en une seule phrase, en 20 syllabes, en 64 lettres: "Personne qui éprouve de l'attirance sexuelle pour les personnes du même sexe"
 
 
64 lettres qui laissent la faim de savoir intacte, 64 lettres qui laissent tant de questions sans réponses; pire, qui les évasait: était il unique? Une sorte d'erreur de fabrication?
 
Et à ces questions, il n'eut aucune réponse pendant quelques années. Aucune réponse car cette même lucidité qui anime notre cher Dorian et qui lui a fait prendre conscience très tôt de son originalité, lui donnait également assez de recul pour savoir avec certitude qu'il ne pouvait pour l'instant en parler à qui que ce soit, il lui fallait du temps, il lui fallait plus de "matière" avant cela, il n'était pas pressé, il lui fallait rencontrer préalablement deux personnages clés dont nous parlerons plus tard, que nous nommerons Armel et Adrien... 
 
Ah adolescence et autres désastres pourrait être le titre de cette partie chronologique. Oh oui adolescence et envie de paraître, oh adolescence et acné ingrat, oh adolescence et fantasmes, oh adolescence et rêves, oh douce rebellion juvénile, bref  toutes ces choses dont on se rappelle avec nostalgie ou amertume plus ou moins prononcées. Celle de Dorian fut relativement éclectique: excellent élève, bon camarade de classe, membre alternativement du groupe des jeunes "cools", de cette élite pubère boutonneuse des Lycées chics de la capitale, et des "grosses têtes à lunette", geeks version 2000. Un caméléon survivor en somme... 
 
Cela n'empêchait une chose: il avait envie d'ailleurs, d'autre chose, et était convaincu qu'il n'avancerait que très modestement sur sa quête de soi en restant dans les carcans de l'image-reine au Lycée. Il lui faisait finir.. et vite... arracher avec les dents cette indépendance qui se trouvait en finalité; Ce baccalauréat, il le lui fallait le plus vite possible. Après un test de Q.I., quelques entretiens psychologiques, 4 classes sautées depuis le début de ses études, l'évidence était tangible: notre cher Dorian, avait quelques facilités, il était en termes plus techniques et plus barbares "surdoué", ou "précoce" si vous préférez. "Comme si ça ne suffisait pas d'être homosexuel" furent ses premières pensées à l'annonce de ce diagnostic d'une voie monocorde par le psychologue. 
 
Ce fut un samedi 17 juillet, à l'heure où le soleil culmine dans le soleil, un jour sans vent, un jour où l'odeur de l'herbe qui brunit sous la chaleur impitoyable embaume l'air, un de ces jours où l'on pressent que quelque chose d'inhabituel va se produire, un jour comme tous ces jours particuliers, qu'Adrien devint bachelier littéraire à l'âge de 14 ans, devenant accessoirement une petite célébrité éphémère nationale, enchaînant interviews et reportages; Ce pseudo-faste médiatique, certes loin d'être déplaisant n'était pas le plus important: ce qui comptait le plus il l'avait entre ses mains moites.. il l'avait enfin ce sésame qui lui ouvrait tous les horizons, qui lui offrait son indépendance, pendant si longtemps, oh si longtemps désirée.. 
 
L'été qui suivit fut l'un de ceux qu'il garde aujourd'hui en parfaite mémoire car c'est là qu'Armel et Adrien mettent leurs costumes, enfilent leurs masques, se parent de leurs plus beaux atours et entrent en scène, la scène de sa vie. Mais avant d'aborder concrètement ces rencontres, il faut contextualiser encore une fois: notre cher Dorian, jeune et brillant bachelier, promis à un bel avenir universitaire en faculté de Droit (prédispositions familiales me direz vous), avait moyennement avancé dans sa quête de soi; il était, grâce à ce qu'Internet peut vous livrer de mieux, convaincu d'une chose, il n'était plus un modèle unique: il y'en avait "d'autres". Le savoir était une chose, l'appréhender, une autre: étaient-ils réellement de la même conception? Où étaient ils? Comment étaient ils? Autant de questions pour si peu de réponses. Ces "autres" n'étaient que des chimères dont il peinait à saisir la quintessence. 
 
C'est avec beaucoup de prudence, et avec une certaine retenue, que ce même été, Dorian se livra à ce que l'on pourrait, avec un certain recul teinté d'ironie appeler la "Chasse au Gay, la Chasse à l'autre", armé, comme pourrait l'être un trappeur canadien d'une carabine, d'un outil encore pour redoutable pour capturer cet animal fuyant qu'est l'homosexuel: internet. 
 
La suite? elle est celle de rencontres éclectiques, de rencontres qui emplissent mes souvenirs d'un goût fruité exquis, de rencontres qui laissent amertume et acidité, suite pleine d'ivresse et d'illusions, suite pleine de charmes et de crudités, pleine de fous rires et de papiers kleenex usagés et noircis par du rimmel. (2ème partie bientôt) 
 
Baci 
 
Dorian
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