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journal (pas tres) intime

One day for the hunter, another day for the prey

Publié le par Dorian Gay

One day for the hunter, another day for the prey

Curieux sentiment. Je ne frappe pas à la porte. Je n’annonce pas ma présence non plus. D’un geste certain, j’insère la clé dans la porte, la pousse avec franchise et découvre une pièce noyée dans l’obscurité – les deux seules lampes qui éclairent la pièce semblent être en fin de vie.

Je ne lui laissais pas le temps de m’accueillir que j’exclamais un « je ne sais vraiment pas ce qui ne va pas avec moi ». Mon meilleur ami s’est alors mollement levé de son canapé et a soufflé dans un soupir d’ironie « parmi toutes les autres choses qui ne vont pas chez toi ».

Parfois, la vie est vraiment étrange et semble s’amuser d’ironie. Parfois les choses auxquelles nous aspirons semblent nous échapper comme du sable fin entre les doigts, et d’autres fois, alors que nous n’y aspirons pas réellement, elles nous tombent dessus comme un éléphant marchant sur un pissenlit.

A Singapour, je n’ai pas voulu l’amour, craignant la séparation à terme. Il m’a atteint.

A Kuala Lumpur, j’ai tenté de le fuir. Nouvelle débâcle.

A Londres. Nouvelle répétition.

De retour à Paris, cette fois-ci avec une envie sincère de nouveau départ à différents égards, mes premières tentatives sentimentales se clôturent en fiascos ionesquiens, presque par dizaines. Refroidi et désabusé, je ferme les vannes en cette fin février, accepte une certaine forme de solitude dans laquelle je me complais et tente de construire un projet de vie personnel, individuel qui ne sera pas contrarié par des aller-retours incessants dans ma vie sentimentale. A peine achevais-je cette réflexion que les opportunités commençaient à se présenter et à se multiplier.

Je ne sais pas dire non. Je n’arrive pas à balayer les opportunités d’un revers de la main. Je suis absolutiste – et je crains, oui je crains, de passer à côtés d’occasions d’une vie, de chances inespérées. Alors même que parfois, l’intuition d’une débâcle prochaine est forte, je m’aveugle et continue, en dépit de toute rationalité, de « voir ce que ça peut donner » au lieu d’arrêter les choses net.

Je me retrouve donc, assez paradoxalement, dans une situation assez drôle. Décidé à apprendre à dompter mon célibat qui vient de souffler sur sa troisième bougie, alors que les prétendants se succèdent et sont tous indubitablement maintenus dans une zone grise, dans un flou auto-entretenu.

Mon meilleur ami s’esclaffe « en gros, quand tu as envie d’être en couple, tu ne trouves personne et les occasions sont rares alors que, dès que tu décides de rester célibataire, les déclarations d’amour se multiplient et tu éconduis inexorablement tous tes prétendants ».

C’est cela.

Je suis assez lucide pour deviner que ce comportement enfonce ses racines dans quelque chose de plus profond : une crainte inconsciente de revivre le couple ? les effets de fiascos répétés dont résulte un certain défaitisme ? une indépendance grandissante ? l’attente d’un être idéalisé qui ne sonnera jamais à la porte de mon appartement du 9ème ? un conglomérat de tout cela ?

Au fond, dans l’attente de trouver des réponses à mes interrogations, je dois avouer que la situation actuelle est assez agréable et reposante. Dans une certaine position de force, je ne prends pas de risques, je ne m’expose pas, je ne m’engage pas, je pèse et je jauge. Ce n’est plus moi qui recherche, armé de patience, d’espoir et de charme, mais c’est moi qui me dérobe, qui me dissipe, qui me cache. Les cartes du jeu changent de la main et les frôle du bout des doigts. Et franchement, après les montagnes russes émotionnelles qu’ont été cette année – ce schéma, cette redistribution des cartes, cette jachère sentimentale souhaitée et salutaire qui semble créer un intérêt vif auprès de ces jeunes monsieur, me convient très bien – jusqu’à ce que je décide de sortir (ou non) des bosquets…

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Anonymités

Publié le par Dorian Gay

Anonymités

Chance, Luck, Glück, 运气, حظ, suerte – tellement de vocables pour cette poésie du destin.

J’ai toujours eu beaucoup de chance dans ma vie. Certains, bien rationnels, diront qu’il s’agissait de coïncidences, de hasard, d’improbabilités. D’autres ajouteraient que la chance n’existe pas et que tout se provoque. D’autres, désenchantés comme ceux qui vocifèrent que croire en dieu ou au destin, sous quelque forme que ce soit, diront que ce n’est qu’une excuse de lâches pour ne pas prendre les rênes de sa vie et assumer ses décisions : « ce n’est pas de ma faute, c’est le destin qui l’a voulu » ; « ça marchera si dieu le veut incha allah » ; « c’est le destin ».

Qu’on ne s’y méprenne pas – je crois à la chance, je ne crois pas au destin ni au déterminisme.

J’aime croire que, quelque part dans le ciel, sous les nuages, derrière le soleil, la lune, dans l’espace, le vide scintille une étoile pour moi.

Londres s’éveille sous une brume assez éparse. Quelques rayons d’un soleil assez timide en ce matin d’hiver, percent les voilages bleus de ma fenêtre et réchauffent le parquet sombre de ma petite chambre carrée. Mes bagages sont prêts de la veille. Ils sont les uns sur les autres dans un angle de la pièce, près d’une petite commode brun fauve. Il y’a là toute ma vie : ma grande valise mauve où s’empilent vêtements et chaussures, ma petite valise bleu pigeon qui avait protégé les livres que j’emportais avec moi, les photos qui ne me quittent jamais, mon appareil photo. Il y’avait mon cabas en beau cuir patiné que j’aime beaucoup. Dans les marbrures du cuir se lisent mes histoires, la mémoire de mes aventures dont il a été fidèle compagnon.

Je comprenais, lorsqu’un agréable halo de lumière jaune commencer à embaumer ma chambre que j’étais en retard et que très certainement, mon téléphone, faisant office de réveille-matin n’avait pas sonné. Le train qui devait me ramener à Paris après ces quelques mois à Londres ne m’attendrait guère. Après une douche sommaire, un coup de fil expéditif à une compagnie de taxis et des au revoir bâclés avec mes colocataires, je me retrouvais, moi et ma petite vie entre deux valises en toile, en direction de St Pancras.

- « Bonjour, merci, je peux laisser un des sacs sur la banquette à l’arrière de la voiture s’il vous plaît ? Oh merci. Pou… pourriez vous faire au plus vite s’il vous plaît ? Mon train part dans une heure. Je déménage aujourd’hui ».

Le chauffeur regarde d’un air dubitatif la petite horloge qui clignote à la droite de son volant et s’exclame : « Ah oui quand même… ».

- « Je fais faire de mon mieux Monsieur ».

Débâcle.

Avec mes deux valises et mon sac traînés sans ménagement du bout d’un bras je m’approche des guichets de la compagnie ferroviaire, mon billet froissé entre les mains.

Une petite dame peu souriante m’interpelle en se mettant sur les quelques mètres qui me séparent que de l’agent de guichet.

- « Can I see you ticket please » dans un anglais transpirant un accent français à peine dissimulé.

Je le lui tends. Elle y tamponne un « 9h40 » et m’invite du bout des lèvres à me diriger vers son collègue qui me tendait déjà un regard tout aussi saumâtre. Mon train venait de quitter la gare depuis une dizaine de minutes déjà.

- « Bonjour Monsieur, euh, je devais prendre le train de la demie pour Paris mais je viens de la rater. Voici mon billet, euh, désolé il est un peu froissé. Je voulais savoir si… ».

- « Ah, faites voir votre billet s’il vous plaît » coupa t’il.

Je lui tendis. « Ah, mais vous êtes arrivés à la gare dix minutes après le départ de votre train, 9h40 c’est cela ? … Nos conditions de modification sont très claires. Vous pouvez encore échanger vos billets avant le départ du train contre paiement de frais ».

- « …Mais, j’imagine bien, mais il n’y aurait absolument aucun moyen de… »

- « Non Monsieur, je suis vraiment désolé, mais je crains que vous deviez vous acquitter de la différence de prix entre votre billet et un autre billet pour le prochain départ pour Paris. Donnez-moi une minute, je regarde ».

Il tapote sur son clavier noir pendant quelques minutes. Je regarde ses mains. Il a des doigts longilignes, fins et qui arborent quelques bagues. Je remarque une sorte d’imposante chevalière en argent sur son index gauche. J’ai à peine de temps de lever des yeux encore boursouflés par un réveil quelque peu abrupt qu’il m’assène un : « 145 livres de plus pour un départ dans une heure. Je n’ai absolument rien de moins cher sur la journée ».

S’en suivent quelques secondes de silence alors que je digère la nouvelle et le dépit. Je lui tends ma carte bleue qu'il prend à deux doigts avant de m’inviter quelques instants plus tard à tapoter 4 chiffres sur le minuscule écran vert du terminal de paiement.

« Paiement refusé ».

Je fronce les sourcils et balbutie un : « euh, je vais réessayer, j’ai dû me tromper dans les chiffres ».

« Paiement refusé ».

Mes doigts commencent à se faire tremblotants, je sens déjà la lourdeur d’une certaine animosité qui se dégage dans mon dos et qui s’expriment par des souliers qui tapotent sur le sol et des raclements de gorge.

- « Vous êtes sûrs qu’il n’y a pas de problème avec votre carte ? Vous avez un autre moyen de paiement ? ».

« Si, je vous assure. Je l’ai utilisé encore hier. Je ne comprends pas. On peut encore réessayer une dernière fois ? ».

« Paiement refusé ».

L’incompréhension m’envahit et les hypothèses fulminent dans ma tête : une bévue technique ? un quipropro avec mon banquier ? une fraude ?

Je lève un regard absent vers mon interlocuteur et nous nous regardons ainsi pendant quelques secondes qui paraissent être de longues heures suspendues dans l’air du temps.

« Restez là, ne bougez pas, je reviens ». Il se lève de son fauteuil noir et dévoile une belle veste couleur gentiane, avec de beaux boutons dorés, qui était dissimulée derrière son écran, m’adresse un sourire et s’enferme derrière une porte noire à quelques mètres de son siège.

Je ne comprends pas. J’attends. Je pianote frénétiquement sur l’écran de mon téléphone et tente de faire réagir quelques amis encore sûrement endormis en ce dimanche matin sous le ciel de Londres. Après cinq minutes, il revient, je tente de l’interpeller mais il anticipe un « attendez encore un peu, je reviens » qui laisse mes lèvres entrouvertes. Il cherche de ses doigts frêles une feuille sur son bureau, la saisit, m’adresse un nouveau sourire et disparaît à nouveau derrière la porte noire ; cette porte qui à mes yeux et au goût de mon imagination pétulante, pendant ces quelques minutes, renfermait autant de secrets que la caverne d’Ali.

Il y reste pendant une dizaine de minutes, peut être deux, peut être quinze – je ne sais plus vraiment.

Alors que mes mains agrippent la sangle de mon sac et que mes doigts moites glissent sur elle, la poignée de la porte noire s’agite à nouveau et se renferme délicatement alors qu’il s’avance une troisième fois vers moi, le regard franc, un sourire au bout des lèvres, dans le noir de mes yeux et me tend une petite enveloppe. Je suis confus, je balbutie. Il reste là en face de moi, alors que mes doigts caressent le grain du papier, ne sachant que faire. Ne pouvant résister à la curiosité qui me consumait alors, je fais craquer le papier, l’enveloppe s’ouvre.

Je saisis la feuille de papier qui s’y trouve, la déplie sous son regard attentif.

Il exclame un timide alors : « joyeux noël ». Ebahi, je lève à nouveau les yeux vers lui, une main sur mes lèvres. A cet instant précis de ma vie, durant ces quelques instants si particuliers, j’ai eu envie de le prendre dans mes bras, de poser ma tête dans le creux de son épaule, sentir son parfum, sentir ses mains parcourir mon dos et une tape légère dans le bas de la nuque. Juste ça, rien que cela, simplement. J’aurais voulu être, l’instant de quelques précieuses minutes, un peu moins qu’un inconnu pour lui et j’aurais voulu lui dire « merci ». J’aurais voulu lui donner de la tendresse anonyme tout comme il venait de m’en donner.

Non, je ne l’embrasserais pas. Non, je ne le prendrais pas mes bras. Non je ne sentirais pas les effluves de son parfum. Je lui dirais juste, avec le ton d’une voix faible emplie d’émotion : « je ne sais pas quoi dire… merci… merci ».

Son sourire s'illumine. Il ne répond pas. Il retourne à son guichet et j’entends bientôt l’écho d’un « client suivant ! » résonner sur les murs de la gare.

Je me retourne une dernière fois vers lui. Je ne résiste pas encore à l’envie de lire à nouveau le contenu de l’enveloppe.

En bas de la page, derrière des chiffres, après des lettres qui ne veulent pas dire grand chose, je lis et murmure à nouveau ses mots :

« Tant qu’à avoir deux voyages offerts par la compagnie chaque année, autant que ça serve à quelqu’un aussi anonyme soit-il. Joyeux noël, faites-en bon usage et soyez heureux. La vie est belle vous ne trouvez pas ? ».

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Fuck Them All.

Publié le par Dorian Gay

Fuck Them All.

J’aurais souhaité ne pas me réveiller ce jour-là. J’aurais aimé continuer à laisser mon esprit papillonner dans un monde imaginaire, utopique. J’aurais souhaité garder mes yeux clos, les pupilles pleines de petites étoiles blanches qui scintillent et explosent sous mes paupières. J’aurais aimé continuer à me cacher, blotti contre un nuage dans la forteresse réconfortante du rêve, de l’idéal, continué à flotter dans une bulle cristalline portée par une brise légère vers le mieux, vers le beau. Parce que la réalité parfois, elle n’est pas belle. La réalité, parfois, elle est rugueuse, elle n’est pas douce et tendre comme le rêve. La réalité, je ne l’aime pas.

Cette nuit alors que tu effleurais de tes doigts longilignes ma nuque, plongés tout dans le noir absolu, allongés sur mon lit qui te devenais familier, tu as brisé un silence qui saturait l’air ambiant et tu as murmuré : « ça va, tout va bien ? tu veux que je m’en aille ? ».

Alors que je te tournais le dos sur ce lit, dans le noir, après quelques secondes, quelques secondes comme des heures, je t’ai répondu « non, non, tout va bien, reste ».

Mais, en réalité, dans cette réalité rugueuse, j’étouffais des larmes et je me trouvais ridicule et grotesque. Ça n’allait pas bien, je voulais que tu t’en ailles. Je voulais ne pas retenir mes larmes, mon souffle lourd, mes sanglots et ma respiration saccadée et je voulais pleurer comme un enfant. Je n’avais pas pleuré depuis des années, même pas quand grand mère est décédée, même pas quand Armel nous as quitté, même pas quand je me suis cogné fort l’orteil dans l’encablure de la porte, même pas quand j’étais fatigué de tout.

Je me trouve ridicule. Ridicule parce qu’au fond, j’ai le sentiment que je ne suis pas aussi fort que j’aimerais l’être. Je reste un géant aux pieds de mousse, un garçon qui a toujours été effrayé par les insectes et le vide, par la solitude et le monde, malgré la barbe hirsute et les quelques muscles qui remplissent mes chemises bien trop cintrées.

J’ai fini par te demander Antoine, après moult verbiages qu’est ce qu’on était. Tu m’as répondu, après tout autant de verbiage que tu ne savais pas, que tu étais paumé, que ton passé te faisait encore souffrir. Je n’ai pas alors compris, et j’ai pleuré. Je n’ai pas pu retenir ces larmes stupides, ces larmes niaises que tu n’as pas vu alors que tu t’endormais. Je m’en suis voulu d’y avoir cru, le temps d’une seconde, le temps d’une semaine, le temps d’un mois. Pourtant tu m’avais prévenu, tu m’avais dit dès les amorces de cette curieuse relation que tu ne savais pas où tu allais et que tu voguais sur des eaux troubles. Je n’ai pas voulu l’entendre et je me suis laissé immerger dans ces eaux troubles, jusqu’à boire la tasse, jusqu’à emplir mes poumons et m’y noyer. Comme un con, un con qui ne sait pas nager.

La journée avait été longue. Elle avait pourtant bien commencé. J’avais apporté quelques grains de rêve qui me restaient de la nuit et que j’avais fait fondre dans mon café en arrivant au travail et je pensais déjà à la soirée qui nous attendait. J’avais prévu une bouteille de vin, du sancerre, 2014 et je voulais porter une chemise bleue. J’aime bien le bleu et je pensais que tu l’aimerais bien. J’avais donc prévu de te dire, au réveil, après cette soirée, qu’après ces quelques semaines comme suspendues, je m’attachais à toi. C’est quand même drôle. Tu aurais été le premier à entendre ces mots qui s’accrochaient à mes tripes, s’agrippaient au fond de ma gorge, incisaient ma langue, le premier depuis le dernier il y’a 3 ans. C’est quand même drôle.

Avec toi, j’arrivais enfin à pédaler. J’ai toujours pensé que l’amour c’est un peu comme le vélo. On n’oublie jamais comment en faire, malgré le temps qui passe, malgré la rouille qui peut faire crisser l’engrenage. Oui, c’est vrai, au début, lorsqu’on a oublié ce que c’est que séduire, s’attacher à quelqu’un, essayer de plaire, c’est dur. On titube, on est maladroit, on approximatise, on est comme un albatros à terre, puis après on déploie timidement ses ailes, on prend de l’assurance, on ébroue nos plumes, on prend de l’élan, puis on saute et on vole. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de bicyclette, 3 ans comme 3 siècles. J’ai repris ma bicyclette un peu usée, un peu rouillée, m’y suis installé, j’ai poussé la pédale, je suis tombé quelques fois, mais j’y suis arrivé : j’ai pédalé et qu’est ce que c’était bon. Putain.

Ce n’est pas bien grave Antoine. Les larmes, ce sont comme mes textes ici, elles coulent, parfois pleines de bonheur et de joie, parfois emplies de chagrin, puis elles sèchent comme l’encre imaginaire avec lequel je m’épanche ici. Puis c’est fini, c’est couché sur le papier, sur les pixels de mon écran, et c’est évacué, c’est vidé, parfois même oublié.

La journée avait été longue. Elle avait pourtant bien commencé. Parlons maintenant de toi Philippe.

Un pop bleu et rouge sur mon ordinateur alors que je travaille. Je dirige la petite souris noire vers le joli pop bleu et rouge et j’y découvre un message. L’inconnu m’annonce que toi, Philippe, que je connaissais depuis près de trois ans déjà et avec qui j’avais essayé de reprendre ma bicyclette l’année dernière, menait une double vie et était loin de mener une vie honnête. Ce jeune garçon me conte votre relation, vieille de deux ans déjà, que tu avais omis de me conter avec les mêmes papillons dans le ventre que ce jeune homme à qui tu as fait du mal et qui s’exprimait avec peine. Tu ne m’as jamais dit, que les draps dans lesquels je m’allongeais pendant ces quelques soirs passés chez toi étaient imbibés du léger parfum de ton compagnon absent. Trois années d’amitié qui explosent – quelques mois d’amour qui détonent dans le bruit sourd d’un mensonge. Pris de panique, tu t’es confondu en excuses. Je n’ai pas pleuré. Les murailles de ma forteresse ont tenu bon.

La journée avait été longue. Elle avait pourtant bien commencé. Ne penses-tu pas Thomas ?

Peut être l’ignorais-tu ? Agissais-tu sciemment ? au fond cela n’a guère d’importance. Je te regardais dans le bleu de tes yeux alors que tu me disais au revoir, que tu disais au revoir à mes amis, réunis en assemblée. Il faisait beau, c’était un dimanche. J’étais heureux. J’étais léger. Alors que je te disais au revoir, tu ne me rendais pas mon regard, tes yeux étaient perdus et ton regard enrubannait Antoine, ce même garçon avec lequel je rapprenais à faire de la bicyclette. Toi et moi nous avions déjà eu quelques tentatives : j’ai chevauché ma bicyclette, nous nous tenions la main et avancions avec sûreté, puis j’ai pris de l’assurance, et j’appuyais sur les pédales de plus en plus fort, plein d’ivresse. Nos mains se lâchaient, nos doigts ne faisaient plus que se frôler et bientôt tu n’étais plus qu’une image lointaine que j’apercevais en me retournant vers toi, alors que ma bicyclette avançait vélocement. C’est le passé.

Par ce beau dimanche, tu le regardais avec envie et plaisir et il ne fallut pas longtemps avant que tu exprimes tes envies. Je t’en ai voulu mais je n’ai pas pas pleuré, pourtant mon cœur faisait boum-badaboum, mes mains se sont crispées, ma respiration s’est faite haletante, mais je n’ai pas pleuré.

Même pour toi Lucas je n’ai pas pleuré ce jour là.

Ta verve était particulièrement aigre. Nous n’étions qu’amis mais nous avions partagé bon nombre d’aventures et je tenais à ta bienveillance. Sans détour et ménagement, tu m’annonçais sur le fond gris d’une conversation WhatsApp que ta nouvelle compagne ne voyais guère d’un bon œil notre amitié et que tu souhaitais la sacrifier afin de trouver grâce à ses yeux. Sur l’autel de l’amour, tu as pris notre compagnonnage et l’a éviscéré, le regard imperturbable, les mains tremblantes. Je n’ai rien dit. Je n’ai pas pleuré et je t’ai laissé partir.

C’est fou tout ce qui peut se passer en une journée, n’en conviendrez vous pas ?

Je m’en vais dans les bois, dans des bosquets à l’ombre d’arbres massifs, et je vais panser mes plaies, les lécher jusqu’à ce qu’elles sèchent. Indépendant, fier, boiteux, estropié. Je m’en vais retrouver mon monde imaginaire, utopique. J’aurais souhaité garder mes yeux clos, les pupilles pleines de petites étoiles blanches qui scintillent et explosent sous mes paupières. J’aurais aimé continuer à me cacher, blotti contre un nuage dans la forteresse réconfortante du rêve, de l’idéal, continué à flotter dans une bulle cristalline portée par une brise légère vers le mieux, vers le beau. Parce que la réalité parfois, elle n’est pas belle. La réalité, parfois, elle est rugueuse, elle n’est pas douce et tendre comme le rêve. La réalité, je ne l’aime pas.

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Aubes et Crépuscules

Publié le par Dorian Gay

Aubes et Crépuscules

Un souffle d’hiver, un vent de fêtes souffle déjà alors que 2015 tire sa révérence. Comme chaque année, voilà le temps du bilan, de l’introspection. Voilà venu le moment de suspendre le temps, de prendre du recul, et de faire les comptes.

Cette année a été comme nulle autre. Vous savez, ce type d’année dont on préserve mémoire ; ce type d’année riche en évènements qui vous marquent dans votre chair, dans vos os, dans votre esprit et qui vous fait mûrir, sonder les abysses de votre personnalité, grandir tout simplement.

L’aube de cette année fut assez sinistre. Je quittais mon précédent employeur sans avoir au préalable élaboré un projet stable pour la suite de ma carrière et me retrouvais, deux ans après avoir quitté l’université, à nouveau sur les bancs de l’école, avec la persistante mais non moins vraie impression de ne pas vraiment savoir où j’allais. La sensation d’avancer avec des œillères, les mains entravées dans la brume opaque et épaisse.

J’y ai rencontré des gens formidables, d’autres moins. J’y ai fait des choses passionnantes, d’autres moins. Puis le mois de mai est arrivé, et je suis parti. Depuis lors, j’ai vécu sur deux continents, voyagé dans trois, et vécu dans trois mégalopoles singulières, ayant chacune été le terrain de moments de vie mémorables.

Kuala Lumpur (Malaisie)

Je me souviens des 18 heures de vol interminables. Je me souviens de la chaleur étouffante, oppressante. Je me souviens des petites maison couleur brique, géométriques, toutes alignées, que j’apercevais depuis l’hublot de l’avion alors qu’il se posait méticuleusement sur le tarmac de l’aéroport. Je me souviens aussi de mes craintes, de mes angoisses. Malgré que la Malaisie figure au panel des pays les plus avancés sur le plan économique, ses lois sociétales sont recouvertes d’un épais duvet de poussière. Elle figure sur le funeste tableau des Etats dont la législation condamne l’homosexualité.

Savoir ainsi que le petit pédé Parisien que j’étais, qui n’avais vraiment jamais eu à se cacher ou à travestir son identité, serait en immersion pendant une demie année dans un pays à priori peu tolérant, avait hanté mes pensées les semaines précédant mon installation.

Comment seraient mes collègues ? Les malaisiens ? Comment serait ma vie intime pendant les prochains mois ? Aurais-je à réprimer constamment tout élan, tout geste, toute parole qui pourraient me faire passer pour inverti ? Autant de questions qui me tourmentaient.

Je ne vais pas faire peser le suspens plus longtemps : Kuala Lumpur fut exceptionnelle – un bouillon de contradictions, de couleurs, de paradoxes, de beautés.

J’ai eu le plaisir de côtoyer au quotidien des personnalités chaleureuses, aimantes, ouvertes d’esprit, à la simplicité déconcertante.

Il y’a ce jour où je marchais en direction du National Monument, un haut lieu du patriotisme malaisien perché sur une colline dominant la ville. Alors que je m’avançais vers les portes ouvrant sur un champ de colonnes romaines, un groupe de jeunes avançait vers moi et m’adressa un sourire franc. Sourire auquel je ne sus répondre, ne sachant s’il s’agissait d’un acte spontanéité de bienveillance ou de raillerie. L’expérience ne fut pas unique et avec le bénéfice du temps, le grincheux Parisien qui j’étais comprenais vite que là bas les gens sourient, les gens sourient tout le temps, aussi bien aux connus qu’aux inconnus, pour les choses les plus sérieuses comme les plus anodines – pour eux le sourire est un réflexe. Vous vous imaginez le trouble pour un Parisien qui a vécu dans une ville où les gens s’amusent à éviter le regard des autres dans le métro et où un regard un peu trop trainant est vécu comme une agression comme une autre ?

Thaïlande, Philippines, Cambodge, Indonésie, Chine, Vietnam, ces mois ont été riches de pérégrinations, de rencontres, de couchers de soleil, de rires et de photos d’orteils dans le sable chaud.

Paris me paraissait si lointaine. J’étais ivre de simplicité, de candeur, de beauté – comme si, pendant ces quelques semaines, j’étais déchargé de tous ces fardeaux conscients et inconscients qui encombraient mon quotidien. C'est en allant loin qu'on comprend bien comme tout peut être court et vide ; c'est en cherchant l'inconnu qu'on s'aperçoit bien comme tout peut être vite fini ; c'est en parcourant la terre qu'on voit bien comme elle est à la fois petite et grande et jamais pareille.

Le voyage.

Chacun d’entre nous à sa propre raison, il en existe autant qu’il existe de voyageurs. Mais chaque voyageur qui croise le regard d’un autre, comprend.

Il comprend que la vie à ses hauts et ses bas, ses jours de pluies et de soleil, ses jours de pains et de festins, ses jours de peines et ses jours de joie.

Il comprend que peu importe la raison pour laquelle cette âme à décidé de voyager, il est là à cet instant, à cet endroit et qu’il est temps de se serrer la main et apprendre à se connaître, et partager un peu de soi, comme il partagera un peu de lui.

Car c’est une des raisons de ce voyage, aller à la rencontre des autres, s’ouvrir, découvrir.

On apprend vite qu’il faut se battre pour tellement de choses dans la vie, le voyageur lui décide de faire une trêve, lorsqu’il prépare son sac et qu’il le met sur son dos en pensant : « le voilà, mon drapeau blanc ».

Ce voyageur, même s’il reste discret, a toujours un œil fraternel lorsqu’il croise tous ces drapeaux blancs. Il sourit de l’intérieur et se sent dans un monde qui s’ouvre.

Non pas d’en haut, non pas des lois et des esprits technocratisés, non pas des administrations de l’embrouillage de l’esprit mais de tout en bas, où se vote l’abolition des préjugés, où tombent les frontières, les races, les rangs sociaux et où s’utilise cet outil magique, le premier créé par les hommes, bien avant l’écriture, bien avant l’économie, même bien avant la maîtrise du feu : la communication.

Singapour

Quelques semaines plus tard je m’installais à Singapour pour quelques semaines. Des semaines comme une fraction de seconde.

Multicolore, aseptisée, décadente, superficielle, asiatique sans l’être vraiment. Singapour est une ville ‘Frankenstein’. Le souvenir que j’en garde n’est pas transcendant, néanmoins mon long séjour sur l’île-Etat fut émaillé de rencontres improbables et intenses qui ont donné naissance à des récits à fleur de peau déjà contés ici.

Londres

Après un improbable séjour à Paris émaillé de retrouvailles avec mes proches qui semblaient ne plus me reconnaître et appréciaient vraisemblablement mon nouvel avatar, je traversais la manche et m’installais pour le reste de l’année à Londres.

Après y avoir vécu pendant une année en 2012, je n’y étais jamais revenu. Je partais de rien – n’ayant pas vraiment gardé de lien particulier avec cette ville et la plupart de mes amis de l’époque n’y habitant plus.

Je suis retombé amoureux de cette ville – y trouvant un équilibre parfait entre Paris et New York. Londres est colorée joyeuse ensoleillée pluvieuse. Depuis trois mois, je me promène la tête au vent et me surprends à trouver Londres tellement jolie et vivante. Je me perds, je découvre, je m’enthousiasme. Je savoure son architecture, ses espaces verts, et sa nourriture. Je m’y sens déjà bien. J’oublie mes souvenirs gris-souris et j’en fabrique des nouveaux. Ils sont roses bleus verts jaunes. Ils pétillent comme des petites étincelles.

Avec les garçons, on a flâné dans Soho, bu un thé à Sketch en observant le ciel bleu-bleu-bleu et en savourant notre chance d’habiter dans cette ville. On est allés chez Liberty et on a fondu devant les imprimés. On a, je crois, tous hésité devant le parapluie parfait et un peu hors de prix. On a prié pour que le soleil reste, et vu qu’il allait rester, c’est sûr, on a oublié le parapluie. La pluie nous a surpris et on a été trempés.

On a ri beaucoup, bu du Chianti au Beaumont, flâné dans Borough Market, refait le monde et pris des photos par dizaines. On a dévoré des burgers énormes, mangé au Kouzu et brunché au Culpeper. Je voudrais des journées comme celles-ci tous les jours. Elles vous infusent une énergie incroyable et vous rappellent comme le monde est simple. Parfois.

Aujourd’hui, il y a un soleil immense à Londres. J’ai travaillé ce matin, envoyé quelques mails, glissé les photographies de Londres sur l’ordinateur, noté des adresses précieusement dans mon moleskine et entrepris la rédaction du présent billet, une tasse de thé gingembre-citron fumant embaumant la pièce.

C’est parfois simple la vie.

Dans dix jours, je retraverserais les manches et retrouverais cet appartement parisien que j’ai quitté depuis si longtemps déjà et qui me semble si peu familier. Je rentre à Paris pour de bon. Pour toujours ? J’en doute.

Les voyages sont la plus sournoise des drogues. Elle infecte vos viscères, accroche vos tripes, vicie votre esprit et votre âme et vous laisse éternel insatisfait.

J’ai peur. J’ai peur de ne plus être le même après cette année riche en rebondissements, en aventures, en rencontres, en changements et de revenir en étranger chez moi. J’ai peur de ne plus pouvoir retrouver la place que j’ai laissé ou, pire, de ne plus en vouloir. J’ai peur de trouver ma vie à Paris fade, blafarde, terne. J’ai peur de l’ennui.

Afin de dompter ce cheval sauvage qu’est l’angoisse, je m’accroche aux rênes de la rationalité, je fais le bilan, et je contemple ce que j’ai fait, ce que j’ai appris au court de cette année et en voilà le résultat :

  • Mon séjour à Kuala Lumpur qui s’est révélé agréable malgré toutes mes appréhensions m’a enseigné que les préjugés sont le venin de la découverte et de l’apprentissage ;
  • Les garçons que j’ai rencontrés, aussi bien à Londres, à Singapour, qu’à Kuala Lumpur m’ont appris que c’est toujours lorsque l’on s’y attend le moins que les meilleures rencontres se produisent ; et oui, on nous le répétera jamais assez.
  • J’ai pris conscience que je ne peux pas m’engager avec un garçon lorsque l’issue malheureuse d’une telle relation est prévisible, comme un départ prochain ; réflexe d’autoprotection émotionnelle qu’ils disent.
  • Ma précocité, avoir obtenu mon baccalauréat à 14 ans, n’a jamais été un fardeau pour moi. Il n’y a jamais vraiment eu de fossé entre mes pairs et moi. Cependant, ces derniers mois, cette précocité jadis bien vécue est devenue bien handicapante. Tout d’abord, j’arrive à un âge où certains de mes amis, en moyenne 5 à 10 ans plus âgés, commencent à s’installer durablement alors que je ne sais guère où j’en suis pour ma part. Ensuite, alors que je pensais le contraire, les précoces ont une personnalité particulière qui peut souvent frôler l’associabilité. Je ne supporte plus les discussions superficielles et sans intérêt, je ne supporte plus la bêtise, et renvoie certainement une image placide qui ne reflète en rien ma personnalité. Enfin, j’ai de plus en plus de mal à créer du social. Alors que tout animal social en immersion dans un groupe social quelconque arrive à créer un minimum de lien social en parlant cochonnaille et Nabila, pour ma part mon intérêt ne s’éveille désormais que lorsque deux conditions sont réunies : lorsque le groupe est de taille raisonnable et lorsque les discussions sont intellectuellement intéressantes. Et parfois vous ne vous imaginez à quel point je souhaiterais pouvoir parler cochonnaille et Nabila.
  • Après y avoir songé pendant des années j’ai enfin envoyé une candidature pour une formation complémentaire à Harvard. Décision en fin mars de l'année pour une rentrée universitaire prévue pour Août de la même année. Cela induirait un déménagement pour près de deux ans aux Etats Unis dans la région de Boston où se trouve le campus d’Harvard. Est ce qui j’y crois ? Je suis trop humble pour penser que j’ai des chances – trop fou pour penser que je n’en ai pas.
  • J’ai passé les 6 derniers mois avec des gens extrêmement intelligents, brillants et talentueux dont certains ont été formés dans l’Université susmentionnée, et un aspect de ma personnalité a éclos au contact de ces personnes : l’esprit de compétition. Je n’ai jamais vraiment été envieux et je ne me complais à me comparer à d’autres congénères. Est-ce l’atmosphère ? une certaine pression ? l’envie de faire mes preuves ? je ne sais pas vraiment mais je me suis révélé être pendant ces quelques mois être engagé (et affecté) par une quotidienne et permanente compétition avec mes collègues. Les leçons que j’en tire ? Certainement que je ne suis pas assez mature pour accepter l’idée de ne pas être le meilleur dans mon monde professionnel.
  • Mes relations avec ma famille se sont stabilisées : oui certes, je ne parle toujours pas à mon père après 6 ans et je n’ai presque plus de relations avec mon frère aîné, mais mes liens avec ma sœur et ma mère n’ont jamais été forts et ça, ça je m’en contente.
  • J’ai été le malheureux hôte d’une MST pendant les deux premiers mois de l’année. MST traitée suffisamment tôt et qui aujourd’hui est rangée au rayon des anecdotes à conter après un verre de trop.
  • J’ai géré mes finances de façon désastreuse. Cependant, j’ai fait très peu d’achats ‘superficiels’ au long de l’année, me détachant peu à peu de l’image de dépensier-consumériste-fashion animal à laquelle on m’a souvent associé.
  • Mon ex a repris contact avec moi il y’a quelques mois. Et, l’instant d’une seconde, je me suis rendu compte qu’un an après, je l’aimais encore.
  • 2015 a été riches en expériences intimes diverses déjà contées ici.
  • Je me suis laissé tenter par quelques substances psychotropes (avec modération) telles que ‘l’ice’ à Kuala Lumpur, la ‘M’ à Londres, quelques rails de cocaïne à Paris ou du ‘crystal’ à Singapour. Mon verdict ? certainement plus jamais.
  • 2015 a été une année placée sous le signe de la métamorphose physique. J’ai pris l’engagement de prendre de la masse musculaire et de sculpter progressivement mon corps. Décision prise en juin, j’en suis à 7 kilos de pris et quelques muscles de sculptés.
  • Je suis devenu tonton pour la deuxième fois.
  • J’ai perdu beaucoup d’amis/connaissances, dont celui que je considérais être mon meilleur ami parce que nos chemins ont divergé. Je m’en suis fait de nouveaux et ai emprunté de nouveaux sentiers.
  • J’ai vaincu ma peur traumatique de l’eau et ai fait deux fois de la plongée en Asie… sans savoir nager.
  • J’ai piloté un avion au dessus de collines verdoyantes aux Philippines.
  • Ma passion pour la photographie en sommeil pendant toute l’année précédente a, de nouveau, émergé. J’espère pour longtemps.

Ce que j’espère donc pour 2016 ? Encore plus de récits qui mériteraient que je m’épanche ici.

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The Good Guys

Publié le par Dorian Gay

The Good Guys

Ils sont rares. Ils sont précieux. Ils scintillent d’une lueur assez particulière. D’une lueur chaude, chatoyante et profonde qui éloigne la pénombre. Les gens bien.

On me demande souvent pourquoi je suis célibataire depuis que je me suis séparé de Romain il y’a bientôt deux ans. On m’assène de questions avides de renseignements : « mais quel est donc ton type d’homme ? », « tu es attiré par quel type de profil ». J’avais pris pour habitude de répondre, ayant pris au préalable mon air le plus laconique et lassé, « je n’ai pas de type particulier, c’est une question d’alchimie ».

Si cette affirmation est sincère, il n’en demeure pas moins que j’ai bien un certain type. Mais à la différence de certains, je n’énumérais pas un nombre de qualités personnelles et de spécificités physiques plus ou moins réalistes. Non, je ne dresserais pas une checklist du compagnon idéal. Non, je ne décrirais pas un être chimérique. Pourquoi ? Tout simplement parce que mon type c’est le mec bien. Tout bonnement et tout aussi candidement.

C’est quoi le « mec bien » me direz vous ? Je vous répondrais alors spontanément que le mec bien vous le reconnaitrez quand vous le verrez. Si cette réponse lapidaire ne vous sied pas, je suis enclin à vous en donner quelques illustrations.

Le mec bien c’est celui qui vous ne laisse pas indifférent par la façon dont il agit. La bonne éducation qu’il a reçu de son milieu est généralement évidente. Il s’agit usuellement de personnes à la compassion touchante, à la sensibilité vibrante, troublante. Ils voient le monde à travers un prisme limpide – ils y voient les ruines, les misères, le spleen mais ils y voient aussi les splendeurs, les délicatesses, la poésie. Il s’agit d’êtres lucides, qui voient avec une certaine délicate mélancolie la frontière entre le bien et le mal. Ce sont des gens qui aiment, qui pardonnent, qui écoutent, qui donnent ; des personnes gentilles en somme. Je me surprends à utiliser des termes aussi empreints de candeur ou de naïveté, mais j’ai beau fouiller dans mon vocabulaire je ne vois guère de terme plus approprié que « gentils ».

Je trouve ces personnes, ces gens bien, ces rares chimères, beaux. Et si je devais avoir un type, oui ce serait quelqu’un de bien.

Bien au delà du couple, les gens bien sont des amis de qualité. Et je dois admettre, qu’à cet égard, je suis comblé.

L’on dit communément qu’en amitié, les semblables s’attirent. Dire que je suis quelqu’un de bien me paraît outrageusement prétentieux. Ce que je sais c’est que je ne suis pas quelqu’un de mauvais. Donc si je dois me situer par rapport à une norme, par rapport à une échelle du bien et du mal, je me trouverais sûrement à équidistance, noyé dans l’océan des « ni oui ni non ».

Quoi qu’il en soit, j’ai de la chance d’en avoir quelques uns autour de moi. Ils irradient mon quotidien, que ce soit mes moments de félicité ou de spleen.

Etant de tempérament lunatique, je me complais parfois à me demander ce que je serais, ce que je serais devenu si je n’avais pas ces amis, ces proches, ces gens bien, qui parfois, même au fond du caniveau, me lèvent la tête timidement vers les étoiles.

Dans un monde où être antipathique, voire malveillant est un style de vie en soi, à une époque ou c’est passé de mode, voire ringard d’être bon, oup les gens se regardent constamment en chiens de faïence, critiquent, crachent et agressent, le mec bien est devenu factieux malgré lui.

Ces pensées m’animent et l’ébauche de ce texte se dessine alors que je suis dans un taxi, à Singapour. Le soleil se couche, le temps est lourd et humide et je traverse un léger moment d’euphorie, de paix. Après avoir passé une journée difficile, une des ces énièmes journées emplies de tristesse mélancolique inexpliquée, O., un ami, me proposait spontanément de passer chez lui, partager une bouteille de vin et passer l’après midi ensemble.

J’ouvrais à peine la porte de son appartement qu’il engageait une étreinte chaude, longue et sincère. Juste là, dans le pas de la porte, sans mots, sans commentaire parasite, avant de s’exclamer « bon, rouge ou blanc ? ». Je ne lui ai pas parlé de mes soucis, de mes doutes, de mon mal être éphémère. Il ne m’a rien demandé. Mais il a tout su, tout avait été dit, dans un silence assourdissant, troublé par quelques rires et des bruits de verres.

Je suis dans mon taxi en direction de mon appartement. Les yeux vers le ciel gris de Singapour. Les yeux vers les étoiles et je me dis « tu en as de la chance d’avoir des gens comme ça dans ta vie ». Mieux encore, je me dis, c’est ça que je veux, quelqu’un de bien.

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50 Shades of Purple

Publié le par Dorian Gay

50 Shades of Purple

Je parle rarement de sexe. On pourrait me reprocher une certaine pudeur, une relative pudibonderie. Il n’en est rien. Bien au contraire, je crois que j’aime bien la chose, et que si j’en ne parle avec avarice, c’est certainement parce que je ne veux pas reconnaître ma propre sexualité bien outrecuidante.

Je pense, à mon jeune âge, que j’ai bien vécu – j’ai vécu des expériences intimes riches et variées, et ai méthodiquement repoussé mes limites et ai définitivement enfoui les ruines de mon éducation catholique.

Là où le bât blesse, c’est quand il devient de plus en plus difficile de revivre l’émoi si particulier des « premières fois ». La sexualité quotidienne devient parfois bien morose, car on ne peut s’empêcher de « comparer, de juger, de se rappeler », si bien que les amants qui me sortent de ma torpeur sont bien rares.

Conter mes aventures charnelles comme le fait si bien Quentin Mallet m’est impossible. Je n’ai ni le talent, ni les souvenirs assez frais.

Je préfère donc narrer ici quelques expériences significatives qui ont émaillé mon passé.

Mes « threesomes »

Fantasme le plus universel qu’il puisse exister, le sexe à trois est sûrement l’une des premières étapes que j’ai franchie dans le long chemin de l’exploration de ma sexualité.

Ce devait être l’été 2010. Je me retrouve au Maroc où je passe des vacances charmantes avec ma famille. Nos journées, suintant la lascivité et la l’oisiveté, j’occupais mes journées à scooter, à sillonner les ruelles de Marrakech et d’Essaouira.

Déjà inscrit sur Romeo à l’époque, je discutais avec parcimonie avec quelques locaux. L’un d’eux avait particulièrement retenu mon attention. Je ne me souviens guère ni de son nom, ni vraiment de son visage. J’ai souvenir qu’il avait également un scooter, qu’il n’était pas très grand et qu’il portait une chemise blanche la première que nous nous sommes rencontrés dans un salon de thé.

Libertin qui s’assumait, il ne tardait pas à me proposer de passer chez lui en soirée afin de « prendre le thé » à nouveau. Avec une certaine spontanéité, je répondais oui. Il faut dire que, le climat chaud et moite ne devait pas être sans conséquence sur ma libido ce jour là.

Je me retrouvais dans le séjour de son appartement quelques heures plus tard où nous fûmes vite rejoints par un des ses amis. Plus grand, d’un physique assez longiligne, il n’était pas très causant.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que nous nous retrouvions tous les trois dans la plus grande intimité. J’ai le souvenir d’un moment assez fougueux et rustique. Je me rappelle que deux d’entre nous étaient parfaitement versatiles et que le troisième n’était uniquement qu’actif. Je me souviens d’une parfaite complémentarité et d’une alchimie idéale.

Ayant pris goût à la chose, j’ai réitéré l’expérience plusieurs fois en France. Il y’a eu ce couple qui habitait à quelques centaines de mètres de mon appartement et que je voyais, avec une régularité digne d’une montre suisse, tous les dimanches pendant plusieurs mois. Je me souviens que j’étais réfractaire à l’idée de réitérer l’expérience avec un couple déjà constitué depuis plusieurs années. J’avais le sentiment que je servirais de « troisième roue », « de bouche trou » (sans jeu de mots volontaire) et que ma participation à ces trinômes était purement instrumentalisée. Ce ne fut nullement le cas. Ils furent absolument charmants et je me souviens de nos longues conversations dans leur jardin quand nous finissions nos affaires. Le coït était plus passionnel que fougueux, contrairement à ce que j’avais vécu au Maroc. Ce n’était pas pour me déplaire. Je sentais, à chaque rencontre, le déploiement de sincères efforts afin que tous les membres du trinôme puissent retirer de nos rencontres du plaisir et de la satisfaction. Il faut aussi dire que la verge démesurée dont la nature avait doté l’un de ces deux garçons y était, dans une certaine mesure, pour quelque chose.

Puis, il y’a cet autre couple dans le 18ème arrondissement à Paris. Cette fois-ci, les choses se sont déroulées autrement, l’alchimie étant inexistante. Il était évident que l’idée de partager son partenaire avec le parfait inconnu que j’étais, n’était pas parfaitement digérée par l’un des deux garçons.

J’ai le sentiment que c’est après cet échec que j’ai pris la décision de ne plus réitérer ce type d’expériences avec un couple déjà constitué. J’estime que la réussite d’un threesome est principalement basée sur l’alchimie entre les trois individus ; alchimie elle même qui dépend des relations interpersonnelles entre chacun des membres des groupes. Dès lors que l’une des relation est viciée par de la jalousie, de la frustration ou de l’égoïsme, tout le modèle s’effondre.

La dernière fois que j’ai tenté à nouveau l’expérience remonte à un an environ. Alors que je me retrouve dans la maison de vacances de mes parents dans le sud de la France. Alors qu’ils sont absents pour la journée, je convie ces deux jeunes mecs à la maison. Le premier, l’instigateur, était grand et fin, châtain. L’autre, un peu plus jeune, arabe, était d’une physique carré, un peu trapu et arborait une barbe de 5 jours. L’expérience fut à peine satisfaisante. Le trinôme s’est vite transformé en binôme entre le jeune arabe et moi, le troisième s’étant confiné au simple rôle de spectateur, doublement passif. Cela m’a permit d’ériger ma deuxième règle en matière de threesome : un équilibre entre les préférences sexuelles de chacun des participants, fondée sur un socle d’envies communes.

Ma première (et seule) expérience « cuir » & « roleplay »

Je n’ai jamais vraiment compris la culture « cuir », « latex » et leurs dérivés. Je n’ai jamais compris cet attrait profond, érogène, pour ces matières. Tout au plus, je peux comprendre que l’odeur du cuir puisse être agréable mais cela se résume à cela.

Je ne savais donc pas quoi répondre de prime abord à ce grand mec au physique herculien qui m’abordait il y’a quelques semaines sur Grindr. Il revendiquait ses penchants « cuir » et « roleplay » et ne tardait pas à me proposer de le rejoindre chez lui et me promettait de me recevoir dans une tenue que je n’étais pas prêt d’oublier.

J’ouvrais la porte de son appartement dans le 19ème sur un corps bodybuildé de 1m95. Il portait une tenue en cuir noir, qui rappelait un uniforme policier, un peu comme ce membre des Village People, vous voyez ?

Il avait un petit gilet ajusté qui recouvrait à peine son torse, des cuissardes qui remontaient jusqu’à mi cuisse, une ceinture assez large et un cockring qui entravait une des verges les plus imposantes que ma courte vie m’ait permis de voir.

Pour continuer sur cet élan de franchise, avec le recul, je ne pense pas pouvoir dire ne pas avoir apprécié le contact et l’odeur du cuir. C’était loin d’être désagréable mais je n’estime pas que cela soit suffisant à susciter des envies récurrentes chez moi.

Jeux de domination

Je crois, qu’après le threesome, les jeux de domination sont le fantasme le plus partagé. Il est à croire, que la domination est une composante naturelle du sexe. En matière de coït, les deux partenaires sont rarement égaux. Il s’instaure, dans une certaine mesure, une certaine domination, et corrélativement une certaine soumission.

Dans le monde si particulier des gays, l’acte de pénétration, et les rôles de passif et d’actif, induisent par leur simple terminologie, des aspects de domination et de soumission.

J’ai inévitablement, aussi bien en tant qu’actif que passif, perçu cette dimension.

La domination peut être aussi tout un style de vie, ou du moins une préférence à part entière, avec ses spécificités et ses complexités.

Il m’a été donné différentes occasions de m’essayer à la domination stricto sensu, et à la soumission.

Je dois avouer que je trouve ces jeux particulièrement excitants. En ce qu’ils éveillent nos instincts les plus primaires, ils donnent à l’acte une saveur toute particulière.

Prendre son plaisir en imposant avec dureté ses envies ou ses désirs, ou au contraire, se nourrir du plaisir que l’on procure en son partenaire en lui offrant sa dévotion est extatique.

Je crois que j’ai été initié à ce type de jeux par un journaliste de France 2 (dont l’identité restera secrète) argentin, que j’avais rencontré l’été 2013.

Derrière une apparence « dandiesque », ses costumes trois pièces, ses cravates Hermès et un visage on-ne-peut-plus conventionnel se cachait un personnage à la lubricité exacerbée et qui épanouissait sa sexualité dans des jeux de domination.

La première fois ne fut pas vraiment la bonne. L’unilatéralité dans la recherche du plaisir, et la petite claque à l’égo induite par le rôle de soumis, étaient assez difficiles à accepter, étant quelqu’un de nature fière et parfois orgueilleuse.

Il faut aussi dire que je l’avais trouvé un peu gauche, jouant avec parfois sans naturel, son rôle de dominateur. Il ne fallait pas rester sur une telle déconvenue. Je l’ai revu plusieurs fois cet été là et nous nous sommes liés d’amitié au fil de nos rencontres.

Il était assez drôle de voir comment les rôles pouvaient s’inverser quand nous nous rencontrions dans des cadres plus conventionnels, pour dîner ou prendre un verre ensemble. Mon tempérament assez trempé refaisait surface alors que lui devenait instinctivement plus doux, plus lisse. Je pense que les jeux de domination sont d’ailleurs souvent un exécutoire pour ceux qui les pratiquent et une occasion rare et précieuse, de jouer un rôle aux antipodes de leur trempe naturelle. Les caractères impétueux se complaisent à se soumettre alors que les discrets et les timides prennent l’ascendant.

Avec le recul, je pense que les ingrédients de jeux de domination restent le respect mutuel et l’instauration de limites. Même si ces jeux peuvent faire supputer que le respect est loin d’être la première préoccupation des participants, il n’en est rien, bien au contraire. Derrière chaque ordre, chaque claque, chaque fessée reçue, chaque acte d’asservissement, il faut du respect. En effet, il ne faut guère occulter que ces jeux de domination restent des jeux, et qu’une fois clos, chaque participant retrouve son tempérament naturel et qui les atteintes disproportionnées à l’amour propre devaient être évitées, ce qui suppose l’instauration de limites.

A chaque fois que je me suis essayé à ces jeux, j’ai toujours pris le temps, au préalable, de discuter avec mes partenaires de nos limites respectives. Il est parfois saisissant de constater à quel point les limites des deux partenaires peuvent être différentes.

Je me rappelle de ce garçon, soumis qui, une fois, m’avait annoncé vouloir tenter une expérience qui me paraissait parfaitement déraisonnable. Il songeait à s’allonger à plat sur le sol et à supporter pendant toute la durée du jeu mon entier poids sur son dos et m’invitait à « flâner » autant que possible sur l’étendue de son corps.

Je me rappelle également de cet autre garçon, cette fois dominateur, qui envisageait assez sérieusement de m’entraver de cordages et de me mettre à disposition de trois autres de ses comparses. Jeu poliment décliné.

Fist et autres plaisirs

Cette pratique m’a toujours intrigué tant que l’ai toujours trouvé extrême à divers égards. L’idée de m’abandonner à une main indiscrète n’a jamais, une seule fois, effleuré mon esprit.

Celle d’offrir la mienne elle, a tôt germé. Je pense que la première que j’ai tenté l’expérience, c’est parti d’une facétie entre amis. De discussion légère en discussion légère, nous en vîmes à discuter de fist et, de façon collégiale, critiquions cette pratique. Je me souviens que nous estimions que les séquelles qui subsistaient après une pratique trop régulière ne valaient pas le plaisir éphémère qui en résultait.

En soirée ce jour là, un des amis qui avait participé à la conversation me recontactait et par messages interposés la discussion reprit de plus belle.

Il finit par m’avouer qu’il était moins réfractaire que nous à cette pratique et qu’il avait déjà eu à sonder ses propres limites à cet égard. Quelques heures plus tard, je me retrouvais une bonne vingtaine de centimètres dans la plus totale de ses intimités. C’en est presque ironique.

L’expérience s’est renouvelée quelques fois par la suite, avec lui mais avec de nouveaux partenaires également.

C’est une pratique qui reste, malgré le recul, assez déroutante. Elle suppose, pour celui qui la pratique, un sens aigu du partage. Elle induit en effet que, pendant tout le jeu, « l’actif » accepte de faire don de sa personne pendant tout le jeu, et renonce à recevoir une contrepartie. D’un point de vue biblique, ca pourrait presque en devenir poétique.

Golden Showers

Autre expérience partie d’un simple défi entre amis. Je compte parmi mes amis un trentenaire marseillais, chercheur en philosophie, installé à Paris depuis quelques années et avec qui je cultive une amitié assez particulière.

Il ne cessait d’éprouver mes limites en me répétant avec une assiduité remarquable que tôt ou tard, nous nous retrouverions dans sa salle de bains, à s’arroser mutuellement de pissat. Je m’en amusais et lui répondait dans un ton tout aussi provocateur que ma sexualité n’était pas aussi déviante.

Quelques semaines plus tard, alors que j’avais passé la nuit chez lui, en toute amitié, je me retrouvais dans sa baignoire, sous un flot abondant et doré, me demandant continûment comment j’en étais arrivé là.

Il ne faut donc jamais dire « fontaine, je ne boirais jamais de ton eau ». Le jeu de mots est à peine ici voilé.

Voyeurisme, Exhibitionnisme et autres Joyeusetés.

Je pense que nous sommes tous, dans une certaine mesure, voyeurs. Sans l’avoir nécessairement recherché ou provoqué, qui resterait insensible à la vision de deux bellâtres se faisant du bien ?

Ainsi, il m’est arrivé, à quelques rares occasions, alors que des couples s’adonnaient sans pudeur à leurs débats en public, de ressentir une certaine excitation mais je ne considérerais pas comme voyeur. En effet, je ne pense pas rechercher de façon active ce type de plaisirs.

Au contraire, l’exhibitionnisme est une pratique qui ne m’est pas étrangère. Mes deux seules expériences restent mémorables.

En ce qui concerne la toute première, elle a eu lieu dans les douches d’une salle de sport parisienne connue pour sa population essentiellement gay. Après avoir échangé des regards assez éloquents avec un jeune habitué des lieux pendant toute la séance de sport, il n’en fallu pas longtemps qu’il me suivit aux douches pour clore nos efforts. Dans un élan de spontanéité, nous n’attendîmes pas d’être à l’abris de regards indiscrets pour s’étreindre. Les choses se poursuivirent assez insoucieusement alors que le cercle d’observateurs ne faisait que croître. L’acte final de notre divertissement public fut applaudi par une vingtaine de curieux amassés autour de nous.

La seconde expérience eu lieu pendant mes vacances l’été dernier en Espagne. Je m’étais lié d’amitié avec un charmant espagnol avec qui je passais mes journées à flâner. Il m’avait proposé ce jour là de passer la journée à la plage d’un petit village à une heure de Barcelone, San Pol de Mar.

Alors, que nous étions tendus sur le sable fin, au milieu d’une petite foule assez éclectique, il me proposa un massage que j’acceptais spontanément. Ses mains se firent progressivement indiscrètes et il n’en fallu pas longtemps pour que nos slips de bain soient ôtés. Sans que je comprenne vraiment ce qui se passait, nous nous retrouvâmes à baiser là, à même le sable, en pleine journée, sur une plage mixte, voire familiale, alors même que nos plus proches voisins étaient à quelques pas de nous.

Ce qui m’avait alors surpris ce fut l’imperturbabilité des espagnols qui, semblaient totalement aveugles à la scène qui s’offrait à eux et continuaient à discuter de banalités en famille et entre amis.

Braver l’interdit était je pense encore plus excitant que l’acte en lui même, même si je dois reconnaître que l’alchimie avec mon partenaire espagnol était tout simplement parfaite.

Avec le recul et à l’aune des différentes expériences que j’ai pu avoir, parfois, je me dis qu’il va être de plus en compliqué d’animer mes prochaines années….

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The Loop

Publié le par Dorian Gay

The Loop

Me revoilà donc par ici après une certaine période d’absence. Cela fait déjà quelques semaines que j’ai été « enchaîné » par un autre bloggeur et que je repousse à un énième lendemain les réponses aux questions qui m’ont été posées. Etant quelqu’un de nature superstitieuse, croyez que je prends tout cela très au sérieux.


Le principe est simple : 6 étapes, 11 questions.


ETAPE 1 : CITER LA PERSONNE QUI VOUS A ENCHAÎNÉE


Une des plus belles plumes que je lis dans notre (pas si) petit monde de bloggeurs LGBT ; le seul et l’unique Tambour Major*.


*Pour ceux qui douteraient de mon intégrité intellectuelle, l’emploi de ces adjectifs flatteurs n’est nullement intéressé


ÉTAPE 2 : RACONTER 11 PETITS (OU GRANDS) SECRETS SUR SOI :


1. Je parle très vite. Complexé par mon débit de parole, je m’entraîne secrètement à réduire mon débit et à améliorer mon élocution avec des exercices chinés sur internet que je me complais à exécuter dans l’intimité de mon boudoir.
2. Je fais 1m73 mais je dis que je fais 1m78. Personne ne m’a confondu à ce jour.
3. Je souffre d’un trouble de l’accumulation obsessionnel. Je collectionne toutes sortes de choses. J’ai la fâcheuse habitude de ne pas finir certains produits que j’achète avant de les renouveler, de sorte qu’ils s’accumulent. L’exemple le plus parlant ? Je dois avoir une quarantaine de flacons de parfum (non, ce n’est pas une hyperbole et non, je ne sens pas particulièrement mauvais).
4. Obsédé par l’hygiène, je scrute toujours les mains et les ongles des autres. Je peux en faire une réelle fixation. Il m’est déjà arrivé de m’éprendre de beaux garçons qui ont perdu tout mon intérêt… à la seconde où je les ai vus se ronger les ongles.
5. Les gens intelligents, cultivés et/ou charismatiques m’émerveillent. Je perds tous mes moyens face à ce genre de personne.
6. J’ai beaucoup de mal à vivre les situations de conflit que j’évite dans la mesure du possible. L’idée de cultiver une animosité, peu importe qu’elle soit légitime, m’est insupportable. Dans une autre vie j’étais un bisounours bouddhiste et vegan qui faisait le tour du monde sur le dos d’une licorne arc-en-ciel.
7. Je mange comme pour trois mais ma silhouette et mon poids n’ont pas changé depuis près de 4 ans.
8. Je pense très sincèrement que la vaisselle et la tâche la plus ingrate et pénible de l’histoire de l’humanité. C’est pour cette raison que je pense que le lave-vaisselle est, après le gel au silicone, la plus belle invention de notre siècle.
9. Ma réelle vision du bonheur ? une vie simple à parcourir le monde et en m’enivrer de voyages et m’entourer des gens que j’aime et que j’espère autant heureux que moi
10. J’ai frôlé la mort à trois reprises : je me suis noyé à 6 ans. S’en est suivie quelques jours de coma qui auraient pu laisser persister un traumatisme, ce qui ne fut heureusement pas le cas. A 14 ans, alors que je rentrais du lycée en scooter, je me suis fait renverser par un véhicule. Cette chute m’a laissé quelques cicatrices au niveau de genou gauche. A 18 ans, lors d’un de mes voyages, je quittais un lieu touristique que quelques minutes plus tard, une fusillade éclatait dans la foule. Non, ce n'est pas un mauvais Aldomovar.
11. Je ne sais pas dire non.


ÉTAPE 3 : RÉPONDRE AUX 11 QUESTIONS POSÉES PAR CELUI/CELLE QUI VOUS A DÉSIGNÉ(E) :


1/ Quelle(s) odeur(s) associes-tu à ton enfance ?
L’odeur du shampoing de ma mère. L’odeur laiteuse des yaourts faits maison qu’elle faisait chaque semaine.
2/ De quelle couleur sont tes yeux ?
D’un bleu hypnotique et profond. Non, je déconne : noirs (légèrement noisette avec la bonne lumière, le bon angle et le bon filtre Instagram).
3/ Si j'ouvre ton FRIGO, je trouve quoi dans le bac à légumes ?
Des fruits. Oui, j’aime les fruits. Why would you need sex when you have kiwis?
4/ Un pays où tu n'es encore jamais allé et où tu rêves d'aller ?
L’Australie. Parce qu’il y’a des koalas et des surfeurs blonds dedans.
5/ Parle-moi de ce professeur qui te terrorisait quand tu allais au collège/lycée ?
TOUS mes professeurs de mathématiques. V.O.I.L.A.
6/ As-tu une devise ou une maxime qui te représente ? Et si oui, laquelle est-ce ?
Be Happy. Quoi ? Tu n’aimes pas mes anglicismes ?
7/ Une chanson que tu fredonnes ou que tu écoutes lorsque tu es triste ?
Pearlsde Sade.
8/ Quel est l'endroit le plus saugrenu où tu ais pensé au sexe ?
Sur une plage, nus sur le sable chaud, entouré d’autres baigneurs, dans la plus totale impudicité (fait).
9/ La couleur de vêtements qui te va le moins ?
Jaune et dérivés.
10/ Si tu pouvais arrêter le temps, pendant une demi-heure, une fois par jour, à quelle heure serait-ce ?
Le matin, pour pouvoir dormir davantage. Oui, je suis une marmotte-bisounours bouddhiste et vegan qui fait le tour du monde sur le dos d’une licorne arc-en-ciel. Je vous l’avais dit diancre.

11/ Quelle est, de ta vie la décision la plus dure que tu aies eu à prendre ?
Renoncer à un certain nombre de projets professionnels dans la création d’entreprise.


ÉTAPE 4 : DÉNONCER À SON TOUR 11 PERSONNES QUI DEVRONT REPRENDRE TOUTES LES ETAPES DE CETTE CHAÎNE


Je ne suis pas sûr de suivre assidûment autant de blogs, mais spontanément je pense à…


D’autres noms suivront. J’aime cultiver le suspense.

ÉTAPE 5 : LEUR POSER 11 QUESTIONS PLUS OU MOINS FARFELUES AUXQUELLES ILS DEVRONT RÉPONDRE


- Une mauvaise habitude ?
- La dernière fois que tu as pleuré ?
- Un des plus grands moments de honte que tu aies pu vivre ?
- Cette partie du corps qui te complexe le plus ?
- La première chose que vous faites le matin ?
- L’une des choses que vous craignez le plus ?
- Plutôt introverti ou extraverti ?
- Si tu devais décrire des vacances parfaites ?
- Le film dont tu connais les répliques cultes ?
- Une des choses les plus touchantes que tu aies pu faire par amour ?


ETAPE 6 : INFORMER LES VICTIMES QU'ILS ONT ÉTÉ NOMMÉS...

Voilà qui est fait !

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Rois Des Ombres

Publié le par Dorian Gay

Rois Des Ombres

Parfois je me complais, avec un certain dolorisme à imaginer comment seraient les choses si elles avaient évolué différemment. Je me demande ce que serait mon existence actuelle si j’avais fait des choix différents, si à des moments décisifs de ma vie je m’étais laissé tenter par d’autres alternatives, d’autres schémas - si devant le dilemme de certains arbitrages d’importance diverses, j’avais laissé la balance pencher plus d’un côté que d’un autre.

Dans ces moments rares, mon imagination ère sans doute sur des territoires stériles car je sais bien que je n'en saurais assurément jamais rien mais je ne peux réprimer cette envie de réécrire l’histoire, de faire marche arrière, d’arracher une page souillée par l’encre et de tout corriger.

L’avenir m’angoisse parfois car je ne sais pas. Le passé m’angoisse davantage car, à la fois, je sais et je ne sais pas.

Je ne sais pas ce que j’aurais été à cette heure-ci, alors que mes doigts pianotent frénétiquement sur le clavier noir et blanc alors mon thé vert infuse, si ce jour de l’été 2013, sur cette terrasse des grands boulevards, entre plusieurs regards maladroits, je n’avais pas annoncé à Romain que je voulais mettre fin à notre relation de trois ans.

Je ne serais pas ce que j’aurais été à cette heure-ci, si après une expatriation réussie à Londres et une rencontre professionnelle inattendue, je n’avais pas décidé instinctivement de revenir vivre à Paris alors que rien ne m’y attendait et que tout était à reconstruire.

Je ne sais pas ce que j’aurais été à l’heure où je couche ces lignes si je m’étais battu un peu plus pour certains hommes qui m’ont aimé et si je m’étais battu un peu moins pour ceux qui ne m’ont pas aimé.

C’est terrible ce vertige qu’est le passé. Si on vous dit le contraire, c’est un mensonge.

Le passé n’est jamais derrière nous. Nos choix et non non-choix composent chaque petit atome, chaque détail de ce que ce qui compose nos existences. Il pèse, on le hume, on le respire à plein poumons. Certains s’en tirent juste mieux que d’autres.

Je pense que je m'en sors plutôt bien. Il y’a quelques semaines, je dînais avec un ami qui, au sommet de son humour, m’a demandé quelle serait la taille du véhicule dans lequel pourraient tenir tous les amants qui ont émaillé mon passé. J’avais spontanément répondu un tramway.

J’ai peut-être manqué d’honnêteté – mais répondre « un airbus A 380 » me semblait être peu approprié pour le moment.

Des hommes j’en ai connu. Beaucoup. Des grands et des moins grands, des bruns et des moins bruns, des beaux et des moins beaux, des intelligents et des cons, des gentils et des moins gentils mais très peu sèment en moins un souvenir, encore moins un sentiment de nostalgie.

Les pages se retournent avec la caresse d’un doigt, les unes après les autres.

J’ai beau avoir connu un certain nombre d’hommes et avoir sondé un certain nombre de corps et d’âmes, j’aborde toujours chaque nouvelle rencontre avec une certaine innocence et une fraicheur candide. Une faiblesse plus qu’une force.

Je n’ai jamais compris les hommes et je n’ai pas la prétention d’y arriver un jour : je me protège juste dans la mesure du possible.

Xavier est entré dans ma vie il y’a quelques semaines comme beaucoup avant lui– par un petit « blop » caractéristique de toutes ces applications sur lesquelles nous nous exposons, vendons, marketons le petit espace virtuel individuel qui nous est octroyé, afin de plaire mieux que le voisin, afin de retenir une quelconque attention.

Nous avons discuté autour des fêtes de fin d’année – de façon sporadique certes, mais sympathique.

De banalité en banalité j’en vins à proposer une rencontre en début d’année – initiative assez rare pour être soulignée.

Café de l’Institut Suédois dans le 4ème, 13h30. Il portait un pull vert empire et un sourire étrange, indéchiffrable qui transpirait à la fois la mélancolie et le bonheur. Un sourire comme un vêtement. Nous avons pris un goûter, discuté travail, vacances, aspirations, et toutes les banalités qui s’échangent entre êtres qui s’apprivoisent avec maladresse.

Trois heures plus tard il me proposa avec une certaine spontanéité de l’accompagner à la Place de la République afin de laisser épanouir notre curiosité le lendemain du rassemblement qui avait fait gronder les rues quelques jours après l’attentat qui a eu lieu à Charlie Hebdo.

J’acceptais, sans pouvoir deviner si s’agissait de sa part d’une réelle envie de poursuivre cette rencontre sous le ciel de Paris particulièrement clément ce jour-là ou d’une marque de politesse spontanée noyée dans une trop bonne éducation. Mon état de confusion est profond – pendant tout le rendez-vous, Xavier avait évité mon regard et persistait à nourrir la conversation que nous entretenions en gardant le regard perdu au-dessus de mon épaule.

J’exècre les premières rencontres. Je hais ce sentiment ballotement, de précarité, cet imbroglio qui suit les premières rencontres. On ne sait pas si on a plu, on n’ignore si les premières impressions et les premières volontés sont convergentes – on redoute si le « à bientôt » qui viendra clore ces rencontres sera sincère ou de principe.

Je ne pense pas cela prenne racine dans un manque de confiance en moi, en tout cas point profondément. Je présume qu’il s’agit davantage d’une tendance à me protéger de toute éventuelle déception, tout malentendu qui pourrait laisser sur un ego déjà fragile davantage de fêlures.

Je fais donc le minimum lorsque je suis ouvert à des rencontres ultérieures : j’exprime un intérêt clair et tend une main franche à mon rendez-vous en espérant la réciproque de sa part.

Et lorsque je n’en reçois point, je me demande obsessionnellement si je dois laisser plus de temps à mon interlocuteur ou écourter l’entrevue. Je ne redoute rien de plus que le sentiment de désintérêt mêlé à celui de la politesse.

Nous nous retrouvons assez vite sur la place de la République et déambulons entre les caméras de journalistes qui parsèment encore le lieu. Toujours encore confus quant aux envies oscillantes de Xavier, je n’hésite pas à lui proposer de le laisser profiter de son après-midi. Il me répond assez spontanément que lorsque il souhaitera partir il le fera. Je l’ai enfin mon signe – je suis en confiance – l’étau se desserre.

Il me propose de faire un saut à son appartement afin de récupérer son sac de sport et les clés de l’appartement de son filleul – j’accepte volontiers.En chemin nous parlons goûts littéraires et je lui confie que je n’ai pas de nouvelle lecture depuis un certain temps. Il demeure silencieux.

Nous enjambons assez rapidement les marches de cet immeuble sur cour et nous retrouvons dans son séjour. Il disparait et réapparaît assez rapidement avec les affaires susmentionnées.

Alors que la porte de l’appartement se referme quelques minutes plus tard, il me tend un roman qu’il a ressorti de sa bibliothèque : « ça te fera de la lecture ».

Il me fallut quelques secondes et quelques bégaiements avant d’être en mesure de construire une phrase audible et compréhensible : « et bien merci… je ne sais pas quoi dire… je vais prendre du plaisir à le lire et je te le rendrais dès lors que j’aurais terminé ».

Nous nous séparons quelques minutes plus tard. Il me glissa entre les deux mouvements d’une bise : « à bientôt alors ».

Entre mes mains : « la nuit des princes charmants » de Michel Tremblay. Information inexprimée ? signe tacite ? symbole ? pure coïncidence ?

J’ai enraciné mon imagination dans le sol, me suis agrippé avec puissance au scénario le moins spéculatif et le moins poétique. C’était sans compter sur la campagne d’envergure de mes amis qui avait pour but de me faire réaliser qu’il s’agissait sans conteste d’une marque d’intérêt profonde.

Enivré, j’ai spontanément proposé une seconde rencontre les jours suivants – rencontre qui ne put se concrétiser en raison d’un conflit de calendrier.

Il n’en demeure pas moins que Xavier resta silencieux pendant tous les jours qui suivirent. 14 jours sans la moindre nouvelle avant qu’il ne rejaillisse du silence et qu’il me propose de ne pas rester sur l’échec de la seconde rencontre et que l’on se retrouve dans un lieu de son choix le lendemain. Il est alors 23h la veille. Je lui demande quel est le lieu auquel il fait allusion. Je ne recevrais la réponse à ce dernier message le jour même à 16h30, quand, m’étonnant de ne pas avoir de réponse à cette question déterminante, je lui adressais un second sms.

Little Red Door, 20h. Il arrive, arborant son sourire caractéristique – le mien est plus terne.

Une grande bière pour lui et un cocktail au rhum pour moi. Nous conversons assez naturellement et les légères remontrances s’évaporent dans la musique suave qui flotte dans l’air du bar.

Lorsque le fond des verres furent découverts, je lui tendis le roman qu’il m’avait prêté que j’avais dévoré et nous en discutâmes rapidement avant qu’il me demande ce que je voulais faire à ce moment avancé de la soirée. N’ayant pu me décider sur les différentes alternatives vertueuses qui s’ouvraient à nous, il me proposa de prendre un verre dans un autre lieu dans le 4ème.

Nous nous retrouvâmes seuls dans ce lieu noyé dans une lumière rouge chaude, et la soirée se conclut sous les coups de minuit.

Devant le bar, nous nous échangeâmes une paire de bises et il disparut sur son vélib dans la nuit froide.14 nouveaux jours - rien à l’exception d’un lacunaire « bon voyage ! » reçu alors que décollais pour Marrakech.

Elle m’a particulièrement blessé cette absence de nouvelles, cette absence de prises de nouvelles. Peut-être parce que j’avais édifié des châteaux sur l’ensemble des signes qu’il semblait m’adresser et que j’avais confiance. Oui je crois que j’avais réussi à y placer ma confiance.

D’habitude, je ne me permets pas ce luxe. Je n’accorde que peu de crédit à des hommes que je ne connais que si superficiellement - cela aura été un faux pas.

La page est déjà tournée, elle aura été juste plus froissée que d’autres. Restent aujourd’hui les questions, les interrogations, l’incompréhension et le sentiment amer d’avoir été désarmé par un homme insondable et dont le comportement frôle la schizophrénie.« De toute façon les hommes ne savent pas ce qu’ils veulent. Un jour ils se démènent pour que tu leur fasses l’honneur ne serait-ce que d’un regard et le lendemain, sans raison aucune, ils s’adressent à toi avec le plus lancinant des mépris » commenta ma sœur.

Même s’il s’agit d’une affirmation péremptoire, au vu de mes dernières expériences, je ne peux que lui accorder un certain crédit.Un autre épisode du même acabit remonte à la surface de mes souvenirs.

Ce devait être l’été dernier – je fais la connaissance d’un garçon qui venait de s’installer sur la capitale, Matthias. Après trois rencontres agréables spontanément proposées par lui et à l’aube de la quatrième qui devait intervenir à l’heure du déjeuner où nous nous étions donné rendez-vous dans une brasserie à mi-chemin de nos lieux de travail, je reçus un appel qui résonne encore en moi, avec la même force, la même douleur cuisante :

« Finalement je ne peux plus aller déjeuner. Un contretemps ? non, non, ce n’est pas ça. J’ai juste réfléchi ce matin et je me dis qu’on n’a pas grand-chose à faire ensemble en fait. Je n’ai pas trop d’autres explications ».

Ce jour –là, je m’étais juré que plus personne ne me ferait mal de la sorte, je m’étais juré que je devenais adulte et que je m’efforcerais d’être inatteignable, indestructible, fort.

Je n’aurais pas tout à fait réussi cette année.

Quel est le pire ? De nouvelles blessures, abominablement douloureuses ? Ou des blessures passées, qui auraient dû se refermer il y a des années, mais qui sont restées ouvertes ? Nos blessures passées nous apprennent peut-être quelque chose. Elles nous rappellent ce par quoi nous sommes passés, et ce que nous avons surmonté. Elles nous apprennent ce que nous devons éviter à l’avenir. C’est ce que nous aimons penser.

Mais les choses ne se passent pas de cette façon, pas vrai ? Il y a des choses que nous devons apprendre encore, et encore, et encore c’est qu’un jour on aura assez de chance pour oublier.

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Epicentre

Publié le par Dorian Gay

Epicentre

Écrire me rend vulnérable.

Je n’avais jamais remarqué avant aujourd’hui. Quand je passe des heures à défoncer les touches du clavier, avec mes amis Nina Simone et Jose Gonzalez qui me chantent des choses belles et moins belles, quand ça devient des jours, l’inspiration croissante, le bonheur d’écrire, comme un massage, comme une fonte au soleil, je deviens faible de l’intérieur.

Pour écrire, je m’ouvre, je redeviens le petit enfant naïf qui ne réfléchit pas trop, c’est naturel pour moi, ça sort tout seul, les mots, les lettres, mélanger tout ça en une musique, les sons, le rythme. C’est naturel, tout ça, c’est un retour vers ce que je suis de plus pur, ouverture sur mes organes les plus profonds, l’âme si elle existe, le cœur qui pompe le sang, les démons qui bataillent.

Ça me rend faible, je suis vulnérable. Je redeviens le plus timide Alexandre, celui qui a peur des gens, peur de parler, peur de tout. Antisocial, fier de rien, craintif, plié. Zéro confiance, tout devient du doute, tout devient une menace.

Je m’aime moins, beaucoup moins, et pourtant ça fait du bien. Écrire me rend vulnérable et heureux. C’est comme ça. Sauvez-moi, quelqu’un.

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Sale attente

Publié le par Dorian Gay

Sale attente

Dans une salle d’attente remplie de l’attente des gens, on peut fermer sa gueule pendant quatre heures, fermée fermée comme l’esprit du monde dans la rue et le mien aussi, et même si on dit rien à personne, on va tout savoir. S’agit juste de hocher la tête de temps en temps.

Je sais le prénom et l’âge de tous les enfants qui étaient là. La petite Eva est adorable.
Je connais tout des problèmes d’élocution de la fille d’un gars qui s’appelle Carol, fille qui n’y était même pas.
J’ai vu les radiographies de cinq madames différentes, dont une avait une tête d’épingle pognée dans le doigt.
Je connais l’arbre généalogique complet d’une certaine Sylvie, qui avait mal au genou.
André Turcotte a été appelé trois fois, ne s’est jamais présenté.
Je me suis fait poser la question «vous, ça fait combien de temps que vous attendez?» plus de douze fois. Chaque fois j’ai répondu avec mes doigts, en espérant ne pas me retrouver à avoir besoin de ma deuxième main.
J’ai appris que le réflexe normal, quand quelqu’un est appelé, est de dire à tout le monde autour «me semble que je suis arrivé avant lui, moi, comment ça que c’est à son tour?».
J’ai appris que «c’est pas normal, attendre autant. Avoir su je serais pas venu.»

Les gens ont un besoin viscéral, lorsqu’ils ont un bobo et qu’ils s’inquiètent, et qu’ils attendent d’être rassurés, de se faire rassurer d’abord par n’importe qui qui traîne pas loin. Ça fait des salles d’attente où tout le monde parle à tout le monde, mais où personne n’écoute personne. Hochement de tête.

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