Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

la gaysphere selon moi

HORS MILIEU GAY OU HISTOIRE D'UN GHETTO ORDINAIRE

Publié le par Dorian Gay

HORS MILIEU GAY OU HISTOIRE D'UN GHETTO ORDINAIRE

Toutes les réverbérations nées de l'annonce des futurs Gay Games à Paris et les pseudo-réflexions des uns et des autres m'ont exacerbé mais ont toutefois nourri ma réflexion des diverses positions qui se sont érigées, pour ou contre cet évènement.

Entre ceux qui vagissent au communautarisme, arguant que l'existence de ces jeux n'est qu'une énième turgescence d'un communautarisme gay asphyxiant et ceux qui y voient une avancée supplémentaire dans l'avancée des droits de la cause gay, dur de savoir à quel son de cloche réagir lorsque l'on fait partie de cette jeune génération homo; dur de se greffer à une de ces deux principales écoles de pensée.

 

Communauté vous dites? Cette notion de communauté nous divise; cette notion de communauté interpelle.

 

Si j'admets, avec la relative subjectivité qu'induit ma jeunesse, que ce que nous appelons "communauté gay" a permis, au long de l'histoire de nous façonner une culture, une identité, une histoire, et nous a permis, telle une armée unie, cohésive, forte, fière et rugissante de conquérir nos droits et notre place dans la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui, je reste tout aussi persuadé qu'elle n'est pas universelle et qu'elle a ses limites.

Je refuse en effet l'idée même de communauté gay au sens sociologique et historique du terme : si, certes, nous avons toujours formé au fil de l'histoire contemporaine une sorte de groupe – n'oublions pas que le seul lien qui fonde, qui unit cette communauté n'est intrinsèquement que notre orientation sexuelle. Admettre ainsi qu'un garçon, parce qu'il aime les garçons, et une fille parce qu'elle est attirée par d'autres filles, fait inéluctablement partie d'une "communauté" et adhère forcément à une philosophie, à une culture et à une histoire préétablies est absolument aberrant.

 

Bien qu'homosexuels, je pense ne pas me conforter dans mes convictions en affirmant que nous ne nous définissons pas par notre sexualité – encore heureux. Cette idéologie communautarisme basée sur ce seul lien objectif qu'est la sexualité est profondément réducteur et si pauvre de réflexion – imaginez-vous si, tous les groupements d'individus s'érigeaient en communauté, où serait donc la limite : communauté de végétariens? De gauchers? De groupes sanguins? D'amateurs de saumon fumé ?

 

Nous sommes, individuellement, personnellement différents bien que réunis par notre orientation sexuelle, qui n'est à juste titre qu'un infime élément qui compose les Hommes que nous sommes, que vous êtes – et de cette individualisation résulte la principale limite à ce que j'ose appeler le "communautarisme d'office" et dans laquelle une génération croissante de jeunes homos ne se retrouvent pas et préferent se déclarer "hors milieu", alors que d'autres, sans autre repère que celui de la communauté, s'y complaisent, errant dans le seul et même univers bien étroit et parfois dans les mêmes lieux réservés, comme rassurés par l'idée même de n'être entourés que de semblables. La communauté s'est même virtualisée : on se follow, on s'ajoute, on se connecte... bien souvent qu'entre nous.

 

Allons plus loin dans le raisonnement: tout comme je considère que la notion de "tolérance ou d'acceptation des gays dans la société" est un total abus de langage, en ce que nous n'avons pas à être "tolérés ou acceptés", comme on n'accepterait ou non un chien dans un restaurant, mais juste intégrés, je pense également que ce que certains appellent la fierté gay est un concept bien étrange, et sert à tort de ciment pour renforcer le communautarisme.

 

Non, je ne pense pas que l'on doive se sentir particulièrement fier de sa sexualité et l'arborer comme une crête de coq dans les rues : cela reste une sexualité – point. Nul besoin de la couvrir de vanité. On peut être fier de la personne que l'on est en globalité, on peut être fier du succès des études faites et du travail effectué, on peut être également fier de la famille ou des proches que l'on a, on peut être fier de nos petites victoires quotidiennes, mais on ne peut pas être fier d'être blonde, d'être grand ou de ne pas sentir des pieds, c'est une caractéristique physique comme une autre.

 

Non je ne renie pas l'histoire de la cause gay, je ne réfute pas que la force du groupe a été le principal moteur des avancées sociales et politiques dont nous avons bénéficié, le fabuleux élan à l'occasion du Mariage Pour Tous en étant un bon exemple; je refuse juste l'idée de la communauté d'office et toutes les dérives auxquelles peuvent mener un zèle excessif de communautarisme.

 

Là où le bât blesse c'est lorsque nous les discours et les revendications de la "communauté" ne correspondent pas à ses actes concrets. Nous réclamons sans cesse l'intégration, l'homophilie presque, mais persistons à garder clos certains domaines réservés, nos petits ghettos "sans conséquence" : entre le Marais où jadis tout couple d'hétéro banal ayant l'audace de roucouler en public étant fusillé du regard et tous les évènements divers dont nous en faisons égoïstement apanage, toute personne non concernée ne peut y voir que des murs subsistants érigés entre nous et eux. Une reminiscence de sectarisme sous-jacent. C'est ce paradoxe, ce "un pas en avant-un pas en arrière" qui marque une dérive de ce communautarisme.

 

Au risque d'attirer foudres et lames, je vais jusqu'à penser que contrairement à ce qu'affirment de fervents défenseurs de la communauté gay, cette imperméabilité de notre monde sert de charbon de bois au feu de l'homophobie : "je ne connais pas, je ne fréquente pas, je ne vois pas, donc j'hais". Il n' y a pas besoin de faire un Doctorat en Droit pour se rendre compte d'une telle évidence et se rappeler à quel point l'histoire nous a démontré que la survie de groupes, de communautés qui s'entêtaient à restés closes a toujours entrainé haine, rejet et violence.

 

Seconde dérive? La communautarisation de la communautarisation. Qu'on me traite de cynique blasé – le cynique blasé n'en reste pas moins réaliste : le voile du communautarisme gay à outrance ne cache que d'autres clivages entre des sous-communautés, qui elles aussi, sans que l'on puisse parler de "culture" ou d'histoire, tiennent à rester homogènes : gay de province versus gay francilien, gay de banlieue vs gay intramuros, gay viril vs gay efféminé, gym queen vs crevette, fashionista vs casual gay, lesbiennes vs pédés, ethniques vs caucasiens, jeunes vs seniors la liste est loin d'être exhaustive.

 

 Le test est facile à effectuer : prenez moi, jeune minet à l'orée de sa jeunesse, au loin volontairement soigné et proposez lui d'aller boire un verre au Cox par exemple – entre les regards et sourires éloquents, vous aurez une bonne visibilité de ces frontières intra-communautaires. En fin de compte, il s'avèrerait plus juste de parler de "causes gay" ou de "communautés gay". La communauté reste donc un faux concept, ou du moins un beau mirage : tous gays certes mais c'est tout – cela appuie donc mon constat de départ : pourquoi donc militer pour cette idée de "communauté gay globale" et forcer le trait avec des évènements censés être fédérateurs,  lorsqu'elle montre elle-même des lacunes évidentes?

 

Modérons néanmoins mon discours. Je reconnais à cet esprit de groupe un certain nombre de vertus. Comme je l'ai déjà affirmé, la force du groupe nous a permis de revendiquer nos droits et de briser les murs du rejet et de l'inégalité – la "communauté", moi jeune gay m'a permis encore enfant, perdu et tourmenté par sa sexualité "curieuse" de trouver réconfort et apaisement auprès de personnes "comme lui", à l'ère où Grindr et autres joyeusetés technologiques n'existaient pas encore – la "communauté" m'a permis d'expérimenter des choses qui me seraient restées étrangères si j'avais été isolé, elle m'a permis de m'enrichir de la richesse des identités gay, de sociabiliser, de vivre de formidables aventures humaines et sociétales, de me sentir parfois en sécurité et compris.

 

Cependant, aujourd'hui, n'est-il pas temps de percer la bulle et de laisser un peu d'air frais s'y glisser avant de frôler l'asphyxie?

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

BLOW THE BUBBLE

Publié le par Dorian Gay

BLOW THE BUBBLE
BLOW THE BUBBLE

Au nombre des mystères insolubles et insondables de la nature masculine, celui qui occupe mes pensées et réflexions en ce moment n'est nul autre que l'âge.

Au détour d'une conversation stérile et insipide comme on en compte pléiade par jour sur les réseaux sociaux, le débat fut jeté : à moins de trente ans, trente années synonymes d'expérience, de maturité, de stabilité, est-il ambitieux d'avoir des aspirations plus durables que de simples plaisirs charnels? En d'autres termes beaucoup moins lyriques : aspirer à une relation relativement sérieuse, la trentaine non amorcée, relève-t-il du pur caprice de jeunes? Comme on offrirait à un bambin une voiturette en plastique, jusqu'à ce qu'il ait l'âge de passer son permis de conduire et de s'offrir une voiture.

Je dois avouer que la question est particulièrement intéressante lorsque, de façon récurrente, sur fond de déclarations subjectives et péremptoires, on vous oppose des "mais tu es beaucoup trop jeune pour cela", "tu es si jeune, tu devrais t'amuser pendant les dix années à venir et chercher à te poser que quand tu auras vraiment profité de la vie".

BLOW THE BUBBLE

Lorsque l'on creuse d'avantage les fondements de ces affirmations, les raisons avancées sont relativement simples quoique discutables : on n'aurait pas avant cet âge, apparemment fondamental, toutes les clés, toute l'expérience, tout le vécu nécessaire à s'assurer un couple sain, stable et un tant soit peu heureux.

Ces affirmations dogmatiques ont pour don de m'exaspérer au plus point et cela à plusieurs titres.

D'une part, j'estime que cette interprétation de ce qu'est censé être l'évolution "normale" est profondément réductrice. Je ne vois aucune once de justification au précepte selon lequel ces années 20-30 ans seraient sensées êtres les années folles de nos vies. Je crois au contraire que tout est une question de choix et de style de vie. Chaque période d'une vie, chaque étape de cette route en sens unique offre une vision de la plénitude, du bonheur, différentes. Et je considère que si certains se complaisent à penser que la plénitude du jeune gay commun consiste en un épanouissement rythmé par nuits d'ivresse, nuits charnelles et nuits festives, sur fond de musique pop et de débauche pré pubère, cela reste un stéréotype particulièrement pauvre.

Que ne faut-il pas entendre de plus subjectif : qu'à 30 on est prêt à se poser? Qu'à 35 on doit adopter ? Qu'à 40 on est épanoui professionnellement ? Qu'à 50 on boit du thé toutes les après-midi et se réalise devant l'intégrale des feux de l'amour?

Il n'y a pas de norme à établir, car rien n'est plus subjectif et plus stochastique que la nature humaine. Il s'agirait presque de vouloir mettre des cailloux de gabarits différents dans des boites rondes uniformes.

D'autre part, si il mathématiquement indéniable qu'à 30 ans on a vécu plus longtemps et potentiellement roulé sa bosse, cette affirmation n'est pas absolue. Des jeunes dotés d'une maturité exceptionnelle et à contrario, des trentenaires qui ne veulent pas vieillir en esprit sont de plus en plus légion.

On m'opposera, chose classique, que ces jeunes qui aspirent à une relation non éphémère ne vont que, tête butée, vers regrets à posteriori de ne pas avoir vécu leur vie de jeune. Je renverrais ces contradicteurs à la question suivante : un tandem, une telle relation n'est-elle pas une des plus enrichissantes expériences justement ? Une de celles qui vous modèle, vous façonne, vous murit le mieux ? Et si c'était encore là une alternative à ce stéréotype de la "vie de jeune" si entretenu?

Qu'on me comprenne bien, je ne plaide pas et ne m'insurge pas contre ceux qui entretiennent cette vision du levier 20-30 ans, je plaide juste pour une ouverture d'esprit sur la question, afin que chacun, puisse dans sa singularité et ses aspirations personnelles, trouver épanouissement sans qu'on lui renvoie en pleine face ces idées arrêtées et peu progressistes. Parce qu'il y'a autant de jeunes gays qu'il y'a de schémas possibles, parce qu'il y'a autant de jeunes que d'aspirations, parce que la jeunesse gay est plurielle tout simplement.

Sujet tout autre qui nourrit ma réflexion depuis quelques jours déjà : la solitudine. Si le sujet est tabou depuis toujours car va avec antinomie avec le cliché de l'homosexuel toujours bien entouré, de l'homosexuel sociable et fêtard, la réalité est bien outre : le phénomène de la solitude gay est incommensurable. Pourquoi? J'ai quelques pistes …

1) Le milieu gay est inadapté, particulièrement en France

Les personnes LGBT voyagent et elles voient bien qu'à l'étranger, il y a des endroits qui permettent une meilleure entente, une meilleure ambiance, et plus de diversité. La solitude française, c'est tout d'abord une carence des initiatives. Le business gay nous offre sans cesse les mêmes variantes de la même franchise. Le Marais devient étouffant, stéréotypé, clivant, dans son cadre, son ambiance, son esprit étriqué, l'effarante lacune des nouveaux concepts. Quand un nouveau bar ouvre ses portes, il ne s'agit de d'une énième réédition du même concept avec plus de déco et un serveur un peu plus barbu et athlétique que son prédécesseur, c'est tout. Une impression de déjà-vu perpétuel, une aussi standardisé que la recette du Big Mac, des consommations chères, une sensation d'étroitesse spatiale, collective, et accessoirement d'esprit.

Le Marais traite mal, le Marais est un microcosme dur et aussi froid que du béton, derrière un premier abord pailleté et enjôleur. On se bouscule pour aller au bar, on se bouscule sur le trottoir, on se bouscule pour parler. Année après année, ces établissements façonnent à nos dépends les principes basiques de savoir vire et influencent nos gestes, notre manière de se rencontrer aujourd'hui à l'ère du 3.0.

2) Internet n'est pas le bouc émissaire de la solitude

Internet, sangsue de pixels. The Atlantic nous apprenait récemment une étude qui montrait que la majorité des utilisateurs de Facebook considèrent que ce réseau social les rend plus seuls. Le même constat est transposable, à mon sens, à tous les réseaux de rencontres.

Même si la dureté d'Internet est précisément accentuée par la redéfinition du savoir vivre dans les bars et autres lieux du même acabit, cela n'est point une justification à la déshumanisation complète des rencontres virtuelles, aussi froides et sanglantes qu'un vulgaire 'tu suces?' jeté en pâture, comme on jetterait de la viande à des canidés hypoglycémiques.

La solitude reste grande mais elle est accentuée par cette sensation récurrente de rejet, transversale et endémique, mais qui ressemble aujourd'hui à un matraquage quasi normatif. Comme me disait un ami hier : "on sort, on rencontre, on sourit, on danse, mais au fond, le soir quand on se couche, qu'est-ce que se sent pitoyablement seul".

Entre ceux qui éludent le problème en entretenant l'illusion, soir après soir, bar après bar, changement de tenue après changement de tenue de combattre leur solitude et ceux qui, défaitistes accablés, s'en arrangent, le problème reste le même.

3) Because living alone is the new thang

La solitude chez les gays, c'est le sujet le plus dramatique de tous, peut-être plus que la maladie, parce que ça touche beaucoup de monde et qu'on est tous censés faire bonne figure, tout le temps, sur les sites de drague, dans les bars, partout. Le mec seul de la bande, c'est celui que l'on plaint gentiment et avec la charité chrétienne que l'on nous reconnait fortuitement mais c'est celui qui fait tâche. Celui à qui on propose à la fin de la soirée, une énième soirée où, du haut de notre altruisme, "nous lui présenterons, l'ami du cousin de l'oncle d'un tel avec qui on pense que cela pourrait coller".

Searching to find the one, vous pouvez passer ainsi trois ou quatre ans ou plus. Une étude récente montre que la crainte N°1 des homosexuels, c'est d'être seul. Et pourtant, vous pouvez chercher sur Google, il n'y a pas beaucoup de livres ou d'outils pour calmer cette angoisse. Chaque jour, la répétition du même échec est une marginalisation qui s'accentue. La solitude est le sentiment le plus suicidaire parce que c'est un constat qui vous est sans cesse envoyé à la figure. Vous avez beau faire des choses intéressantes dans votre vie, créer une entreprise, aider les autres, faire des choses, vivre selon des principes corrects, vous faire remarquer, rien ne peut faire oublier ce stigmate social. C'est votre lacune, votre faiblesse, votre croix du calvaire, votre talon d'Achille.

Parfois, pas toujours, bien sûr, beuacoup restent ensemble dans un couple, malgré les conflits, parce qu'ils ont peur d'être seuls face à leurs amis, leur famille ou la société, ce qui est à mon humble avis, l'une des raisons de la multiplication des schémas de couples dits libres. L'identité gay impose déjà beaucoup d'efforts pour s'assumer et s'imposer à l'entourage, à la société, mais c'est la capacité d'aimer et d'être aimé qui sert de récompense à mon avis, à ces efforts. Affronter ce parcours et subir en finalité la solitude, c'est une incohérence, c'est le meilleur moyen pour basculer dans une certaine d'amertume, d'aigreur tout aussi destructrices que vicieuses.

4) Pilule contre l'absence

Pour survivre jour après jour l'absence de quelqu'un que l'on a passé sa vie à imaginer, il y a l'industrie de la psychanalyse et de la foi, il y a tous les dérivés commerciaux que l'on avale avec frénésie pour combler un vide immense. La solitude est le moteur qui alimente beaucoup d'industries et une grande part de l'économie moderne.

Je pense que tout ce que l'on fait dans sa vie, c'est bien sûr pour soi, égoïstement, mais c'est surtout pour cet autre que l'on se complait inconsciemment ou non à attendre. Une maison, un appartement, un jardin, une musculature, toutes ces choses qui au fond ne sont pas que pour nous.

Vous édifiez une carrière, vous créez un chef d'œuvre ou même vous faites une très bonne tarte aux prunes, si vous n'avez personne à qui l'offrir, c'est juste un message dans une bouteille qui se perd dans la mer. Et au fond, cela me rappelle avec ironie les bowerbird, ces oiseaux qui font des nids sur le sol qu'ils décorent avec des pierres brillantes, des bouts de bois, pour attirer leur compagne. A notre époque, tout le monde fait ça. Jamais, dans la civilisation moderne, nous n'avons eu autant d'artefacts brillants à disposer sur le sol pour attirer l'âme sœur, le compagnon, le mari.

Mais malgré FB, Grindr, les sites de rencontre, les bars, les clubs, les associations LGBT conviviales, le tourisme gay, la Gay Pride, le mariage et l'homoparentalité, gays ou hétéros, la solitude reste une plaie. Et plus on dispose d'outils pour se rencontrer et plus la solitude devient épaisse, toxique.

Il est temps de se poser des questions sur ce que ça veut dire, de notre contribution à cet éloignement progressif des uns et des autres, de cet apartheid amoureux entre ceux qui sont seuls et ceux qui ne le sont pas. Au lieu de se tourner sans cesse vers la société pour l'accuser de tous les maux, il faut bien se regarder pour évaluer ce que nous faisons, réellement, pour réduire cette distance entre hommes encore plus pernicieuse.

Partager cet article
Repost0

Grindr et Addiction: Il m'aime un peu, beaucoup, online, ou pas du tout..

Publié le par Dorian Gay

Grindr et Addiction: Il m'aime un peu, beaucoup, online, ou pas du tout..

They tried to make me go to rehab, I said no, no, no

Yes I've been black and when I come back, you'll know, know, know

I ain't got the time

And if my daddy thinks I’m fine

They tried to make me go to rehab I won’t go, go, go

Comment ne pas débuter l’écriture de ce billet d’un ton plus léger que le précèdent, avec un verre de Porto, une cigarette à la menthe, et ce refrain obsédant que chante Amy Winehouse , prêtresse incontestée de l’anticonformisme, de la coiffure-choucroute inimitable et de la démystification des dépendances de toute sorte.

La cure de désintoxication est devenue une pratique banale de nos jours et constitue à elle seule un marché florissant vampirisant tous les maux qui gangrènent la société des Hommes qui ne sourient plus : alcool, tabac, sexe, biscuits Oreo, drogues, travail, sucre, virtualités , et même ingestions de substances… relativement originales : poils de chats, sable, papier toilette, mousse de matelas, verre, scotch, cendre de cigarette ou urine.

RECTO

Sans pour autant tomber dans de tels extrêmes, force est de constater que les sites et applications de rencontre, dont l’usage s’est totalement démocratisé ces dernières années sont devenus une pierre angulaire de la condition de célibataire (et moins célibataire) gay. Qui n’a jamais entendu parler de Gayromeo ou de Grindr à défaut d’y posséder un compte ? Pour l'infime minorité, sans conteste enlevée par des êtres venus d'ailleurs pendant ces 5 dernières années, les dires d'un certain Bloggeur, amateur de Trotinette et de fruits rouges seront plus éloquents que ma prose légèrement désinhibée du lundi soir :

"pour les non initiés (non iPhonophiles, non smartphonophiles), Grindr est une application de rencontres avec système de géolocalisation permettant la tenue de discussions privées entre deux internautes(*) cherchant un compagnon de macramé; Grindr étant l'application idéale pour nouer liens et fluides"

Si vous n'avez toujours pas compris, le torse rebondi et glabre, l'accent irrésistible et les petits yeux de Davey Weavey autre Bloggeur qui traite de la thématique en podcast vidéo, devraient être tous aussi efficaces.

De même, qui n’a pas remarqué que même dans les lieux physiques de rencontre, les âmes qui y trainent sont toutes éblouies par le rétro éclairage de leur Smartphone et ne communiquent que par ondes hertziennes, par le biais de petites bulles jaunes et bleues ? Qui ne reconnaîtrait pas parmi mille sonorités, le très notoire **blurp** Grindr annonçant la réception d'un message, d'une photo pudibonde ou d'un non moins fameux et raffiné "Slt, cho, pic, tu ch quoi, tu recoi?"

Cela soulève des interrogations: à partir de quelle fréquence doit-on considérer qu’on est dépendant ? Peut-on réellement décider de débrancher le câble et lever les yeux de l’écran ? Est-ce grave docteur ?

Quelques signes ou symptômes ne trompent cependant pas. Si vous vous reconnaissez, il est sans doute temps d’en parler à un spécialiste ou de réserver la somme de cet investissement à l’achat d’un nouveau smartphone encore plus rapide et doté d’une autonomie plus importante.

- je me connecte chaque jour ou pire plusieurs fois par jour, histoire de voir ce qu’il y a sur le marché

- chaque fois que je me rends dans un bar, boîte, club de fitness, j’allume Grindr pour voir si certaines personnes que j’ai en vue sont connectées

- lors d’un dîner, apéritif entre amis, je ne peux m’empêcher d’allumer la machine à minous (merci à Mountain High pour le néologisme)

- je vérifie mes messages chaque matin sur Grindr ou Gayromeo avant que mon café ou mon thé soit prêt

- je reconnais les mecs dans les soirées gays par leur pseudo/photos même si je ne leur ai jamais parlé

- j’ai passé tellement de temps à écumer les profils de ma ville que je peux renseigner tous mes amis sur les profils : celui-ci est un bon coup, celui-ci est mytho, celui-ci est dépressif, celui-ci a un micropenis, celui – ci passe ses journées à poster des photos de chats sur instagram…

- dès que j’attends le bus ou le tram, dès que j’ai un temps mort, je me connecte histoire de...

- lors d’un voyage dans une autre ville ou à l’étranger je n’ai plus la 3G je panique car je ne peux plus me connecter à Grindr ou Gayromeo

- même au bout du monde, en vraies vacances total break, je continue à y jeter un oeil

- dès que je suis à la maison, Grindr ou Gayromeo tournent en fond sur l’ordinateur ou le téléphone

Cela est peut être dit sur le ton de l'ironie mais cela n'entame en rien le caractère éminemment sérieux de ces dépendances et de leurs conséquences: frilosité quant à l'engagement (théorie de "l'herbe toujours plus verte dans le pré d'à côté"), sentiment teinté de défaitisme selon lequel ces plateformes sont aujourd'hui le seul moyen d'aller vers l'autre, perte totale de repères et situation de handicap dès que l'on en est privé, réticences à fournir l'effort classique à toute rencontre à "l'ancienne" dès lors que cela peut être fait de façon aussi expéditive que par quelques clics, quelques photos suggestives et une carte de géolocalisation, et j'en passe...

Je me souviens encore fraîchement du sentiment de surprise mêlé à celui du temps qui ralentit, qui se suspend aux lèvres et aux cils d'un inconnu qui vous aborde à l'ancienne, balbutie, les joues rougissantes un compliment et entame un semblant de discussion sensée briser la glace qui sépare votre numéro de téléphone de son répertoire téléphonique. Cet Eric, décorateur, grand blond au regard bleu caeruléum avec qui j'avais discuté de photo et de jardins parisiens le temps de 8 stations de métro; Cet autre brun qui s'assoie à votre table et feint de s’intéresser à la couverture du livre dans lequel plongeait votre nez; Cet autre garçon qui vous propose avec la spontanéité la plus surprenante de partager votre taxi.. puis un verre de vin... puis quelques semaines plus tard l'oreiller gauche de son lit et son café.

Ne culpabilisez cependant pas! Vous voulez en parler ? Allongez-vous sur ce divan…tout va bien…relaxez-vous et écoutez ma reprise a capella de Nina Simone…

VERSO

Le versant de ce phénomène de dépendance est le dysfonctionnement du schéma classique et dogmatique de la rencontre et de la séduction.

Comment savoir si une personne rencontrée (bibliquement ou non) nous plaît vraiment. D’aucuns vous diront que c’est quelque chose que l’on ressent avec cette chose qui se moue à rythme constant sous le thorax et que d’autres appellent le cœur. Certes et bien heureusement. J’ajouterais qu’il y a un autre indice. Lorsque l’envie de se connecter à Gayromeo ou Grindr vous quitte, c‘est plutôt bon signe.

Personnellement c’est ce que je ressens à chaque fois. Tout ce marché du sexe et des rencontres vous paraît subitement dénué d’intérêt, sans goût ni saveur. Qui a dit que l’herbe était plus verte ailleurs ?

Cependant une fois ce premier sentiment d’euphorie passé, une question se pose assez vite avec acuité. Est-ce réciproque ? A une certaine époque, nous effeuillions les marguerites. Il m’aime un peu, beaucoup, passionnément…De nos jours comment vérifier si ce n’est se connecter pour voir si l’autre est online ?

Est-ce une déception si l’autre personne traîne aussi sur ledit site ? N’oubliez pas qu’il est peut-être en train de faire la même chose que vous… Si son statut donne lecture d’un texte clairement explicite dans un sens qui ne laisse pas de place aux ambiguïtés, vous feriez sans doute mieux de prendre du recul ou de calmer vos ardeurs romantiques.

Cela pose la question cruciale de savoir quand une relation débute-elle ? A partir de combien de temps, de fois estime-on qu’on est entré dans une relation « sérieuse » ? Une ou deux semaines ? Ou si on reformule à partir de combien de jours peut-on exiger de l’autre qu’il désactive ses profils ?

Question ardue s’il en est. Elle se pose souvent chez les gays. Sauf si on décide d’être un couple ouvert dès le début. Ou que chacun garde son profil en annonçant qu’il ne cherche que « des amis », mais l’expérience nous montre qu’il ne s’agit là que d’un énième subterfuge même lorsqu’il s’inscrit au départ dans le plus pieux, fraternel et désintéressé des sentiments.

Je n’ai pas hélas la réponse ce soir! Oui cela m’arrive de faire le tour d’un sujet, de monter les hauteurs escarpées de la réflexion, puis redescendre dans les plaines du simple constat, sans, ne serait-ce qu’un début de solution. Gayromeo et Grindr favorisent les rencontres mais ils peuvent parfois briser les amours naissantes. Des outils à double tranchant : lisez les conditions générales ou à vous de les inventer.

P.S. Pour ceux qui restent sur leur faim, vous pouvez retrouvez ici un autre article de ma plume, qui répond de façon plus intimiste (et cynique) dirons nous, au présent billet : c'est ICI

Partager cet article
Repost0

J'aurais voulu être un Imbécile

Publié le par Dorian Gay

J'aurais voulu être un Imbécile

J’aurais voulu être un imbécile. J’admire les imbéciles, qui ne doutent pas d’eux, qui avancent tout droit, sans regarder ni à droite ni à gauche, enfermés dans leurs certitudes, et qui se soucient comme d’une guigne de ce qu’ils auraient pu être et qu’ils ne sont pas. Je ne cesse jamais de me dire que j’aurais dû prendre un chemin différent, que j’aurais mieux fait d’être un autre. Je pousse la contradiction si loin qu’il m’arrive aussi de me foutre éperdument de toutes ces ratiocinations et de vivre comme ça, au jour le jour, sans me poser la moindre question et en me moquant de tout ce qui peut ressembler à des scrupules et à des atermoiements.

Mais moi Dorian, 21 ans, 1m75, 60 kg, groupe O+, je suis de la famille de ceux qui s’interrogent sans fin sur eux-mêmes et sur le monde et dont le ressort est l’insatisfaction, le Baudelairisme, l’altérité entre Spleen et Idéal.

« Est-il préférable d’être un con heureux ou un homme complexe et éternel insatisfait ? » - question à laquelle je n’ai jamais pu répondre.

Et si il y’a bien un sujet sur lequel mon incertitude récurrente, ma complexité, s’est épanchée, il s’agit bien du bonheur, cet état de plénitude et de satisfaction selon Le Larousse.

Loin de moins l’envie de me lancer dans un débat philosophico-méta-physique mais juste initier une réflexion sur l’obligation, oui le devoir de bonheur, mythe encore plus vieux que les hommes eux-mêmes. Oui peu importe le méridien sous lequel on voit le jour, quel que soit le dieu que l’on vénère (ou pas), quel que soit le statut social que l’on occupe, nous sommes tous investis de cette mission, cet engagement, ce tribut : être heureux, trouver la cachette de cette chose informe et fantomatique que l’on appelle le bonheur, cette chose que l’on nous vend derrière des maisons chics de Banlieue, des dents ultrablanches traitées au BlueLight, des monospaces et des mioches, des paies à 6 chiffres, des IMC normaux, la santé, les amis, l’accomplissement professionnel et les pilules antistress.

Comme dit Jean d’Ormesson, il y’a quelque chose, avant la mort, qui ressemble à une vie et le pire est qu’il faut tâcher de vivre avant de mourir.

Et cela me renvoie à mon postulat de départ : les imbéciles qui ne se posent pas de question sont-ils les seuls à débusquer ce « bonheur », ou du moins ce postiche qui y ressemble fortement ?

La réponse à cette question m’intéresse notamment en matière de relations humaines et sentimentales, élément déterminant de ce qu’est censé être le bonheur et de la sanction infligée à ceux-là qui refusent à ce modèle, cette équation : bonheur = couple = enfants.

Or il est à constater que ce bonheur, ce bonheur frelaté, ce bonheur Barbie & Ken, ce bonheur plastique n’est qu’un combat perdu d’avance pour la majorité, une illusion entretenue par tous. Les contes de fées n’existent que dans les contes de fées. La vérité est plus décevante, la vérité est toujours plus décevante, c’est pourquoi tout le monde ment. On dit souvent qu’il faut préserver les apparences pour être sauvé, moi je dis qu’il faut les assassiner car c’est le seul moyen d’être sauvé.

Quelle est donc cette vérité ? C’est qu’aujourd’hui un couple hétéro sur deux divorce après moins de deux ans de mariage. C’est qu’aujourd’hui 66% des filles dans la trentaine sont célibataires et que 37% d’entre elles enchaîneront des aventures jusqu’à la fin de la vie sans réelle stabilité, aigries et frustrées de ne pas avoir trouvé ce que l’on a toujours vendu et autour duquel elles ont édifié leurs vies. Je dis « elles » mais « ils » aussi ne dissonerait pas. Oui ces « ils » qui subordonnent toute vie heureuse à des impératifs sentimentaux et qui n’hésitent pas à « acheter » une épouse d’Europe de l’Est ou de Thaïlande.

« ils gays » ne sont pas épargnés. Je me rappelle de ce dîner mondain de la semaine passée où entre deux plateaux de petits fours, je parlais à deux charmants messieurs au look BCBG British savamment entretenu et qui m’annonçaient fêter bientôt leurs 24 ans ensemble (ils se sont rencontrés très jeunes) et dont l'effet d'annonce a failli me faire renverser le service de flûtes. Je fais partie sans doute de cette jeune génération homosexuelle qui observe les relations se faire et se défaire en semaines et en mois et pour qui les années sont un ordre de valeur chronologique qui relève des contes de Grimm.

Pour nous l’amour Beigbederien dure 3 mois et le célibat 3 ans. Si peu sont en couple, et afin de gonfler ce nombre je compte même ceux en couple libre. Si peu le restent, tellement finissent seuls convaincus d’avoir raté le but de leurs vies. Beaucoup abandonnent par dépit cette recherche et se retranchent derrière des peurs ou des anticipations : peur de la fin seule, peur de l’âge qui n’épargne pas, etc. D'autres, enfin, décident de faire le choix de la solitude assumée.

Les sites de rencontres et autres vendeurs de rêves matrimoniaux s’enrichissent sur notre quête du bonheur, notre lourde mission de trouver parmi ces 7 milliards de corps errants, celui qui voudra bien accepter de payer la moitié du loyer, nous épouser (nouvelle innovation incluse dans le pack) nous supporter jusqu’à la tombe et sortir le chien une fois sur deux. Tels les gnous qui naissent avec la vocation innée de migrer une fois l’an, les Hommes naissent avec celle de ne pas finir seul, élément intrinsèque nécessaire au bonheur.

Et pourtant je ne suis entouré que par ça, aussi bien hétéros qu’homosexuels : des âmes en quête obsessionnelle d’écho, d’alter égo, tant de notes de restaurant, de préservatifs souillés, de sms teintés de déception, d’heures passées sur les sites de rencontres et dans les lieux inhérents et tant de recommencements ; et j’ai moi-même été pendant très longtemps membre actif de cette majorité silencieuse.

Je ne me faisais nul souci à propos de la pérennité de ma carrière professionnelle, ni quant à mon cadre social ou à ma santé mais subordonnait toute plénitude personnelle, tout accomplissement au son d’une voix qui vous accueille quand vous rentrez à l’appartement ou à la deuxième brosse à dents sur le lavabo de la salle de bains. Quête qui me fit même appliquer à la recherche amoureuse des principes d’économies, d’où cette fameuse pratique du multidating sur laquelle nous ne reviendrons pas.

Finalement la solution ne viendrait elle pas de l’inversion des priorités ? L’anéantissement de cette obligation au bonheur qui nous est imposée d’une part ? Et d’autre part la redéfinition, chacun de nous pour lui-même des critères de ce bonheur ? Une sorte de droit au « malheur », ou du moins à un autre type de bonheur que l’on serait chacun libres de composer comme un sandwich Subway ?

Non pas une idée du bonheur – Mais des bonheurs

Cette longue réflexion fut salutaire – oui je ne me vouais pas à la quête de l’âme sœur pour les bonnes raisons, animé plutôt par des peurs, celle de la solitude d'une part et celle de ne pas pouvoir réaliser une partie de mes projets seul (immobilier, enfants ?), (or nous savons que la peur est un mauvais moteur), et par des désirs, notamment ceux de m’inscrire dans la normalité du couple.

Une fois cela acté, un recul s’opère et on se prend, on se prend oui à ne pas voir le célibat comme une fatalité ou un état de précarité ; et surtout, on entrevoit l’avenir plus sereinement grâce à une redéfinition des priorités remettant cette « obligation dogmatique » du couple à son rang : un bonus.

Je ne vous invite pas comme le fait Fréderic Beigbeder, à répéter de façon récurrente ces phrases :

  1. LE BONHEUR N’EXISTE PAS
  2. L’AMOUR EST IMPOSSIBLE
  3. RIEN N’EST GRAVE

Mais plutôt celles-ci :

  1. LE BONHEUR EXISTE
  2. JE PEUX Y RENONCER (n'écoutez pas HAPPY de Leona LEWIS)
  3. IL CONSISTE EN CE QUE JE DECIDE QU’IL SOIT

Partager cet article
Repost0

"Tu fais Gay"

Publié le par Dorian Gay

"Tu fais Gay"

Je scrute avec l’œil le plus aiguisé mon reflet dans la glace, j’observe avec attention chaque détail de ma physionomie, chaque crevasse, chaque rebondi, chaque angle, chaque pli de peau – je baisse les yeux sur les vêtements dont je suis vêtu ce matin, me préparant pour une énième journée monotone et fade de travail sous les auspices d’une météo exécrable, je soupire, me rince les mains, y enduit une crème et sors de la salle de bains.

« Il fait un peu gay le monsieur » avait soufflé, un peu trop fort, une jeune adolescente à sa mère dans le bus, la veille, lorsque je me levais du siège dans lequel j’étais installé pour me diriger vers les portes pivotantes et m’engouffrer vers la sortie.

« Faire gay ? » - Je ne comprenais pas, je ne saisissais pas la quintessence de cette détermination. En 2013, qu’est-ce cela signifie et suppute de « faire gay » ?

Cela fit inéluctablement remonter à la surface de ma mémoire toutes ces allusions très souvent portées sur des minorités de tous azimuts, toutes ces réflexions souillées de stéréotypes qu’on a pour la plupart déjà entendu : « faire viril, faire gouine, faire gay » ; « faire immigré, étranger, intégré ou "Français de souche " », « faire bobo, faire modeste » et quelques autres perles.

L’apparence a toujours été reine dans la société dans laquelle nous vivons : elle sert à faire des liens (il)logiques, de socle aux préjugés, de justifications aux conclusions hâtives. Dans de nombreuses situations, elle est utilisée pour niveler et permettre de distinguer les minorités de la majorité.

De réflexion en réflexion, de verre de vin en verre de vin et de piste en piste (de la compil de Susan Graham), le sentiment qui se dégagea de mon analyse fut celui d’injustice : on ne choisit pas (toujours) son apparence. De ce principe découlent deux conséquences : on l’accepte et on s’en complait, peu importe le folklore qui y est rattaché ou on décide de nager à contre-courant et de le modifier afin d’échapper à ces renvois, et à cela aucune minorité n’échappe, les phénomènes de blanchiment de peau dans les communautés colorées, de débridement de yeux ou que sais-je encore suffisent à étayer cette affirmation.

Donc pour en revenir à mon questionnement, qu’est-ce donc « faire gay » ? C’est porter un sac au coude pour un garçon ? Porter un baggy et des cheveux courts pour une fille ? C’est faire « folle » ? C’est apprécier porter des couleurs ? Ne porter que des jeans slims ? Avoir des traits fins et féminins ? C’est être, quelque part, perdu, égaré, entre l’image dogmatique de l’homme puissant, poilu et viril et la femme douce, fragile, dépendante et parfumée ?

Lorsqu’on est jeune, jusqu’à un certain âge, on ne se pose généralement pas ces questions : nos parents décident de nos coiffures et de nos styles vestimentaires et on est, au pire, légèrement efféminé chez les garçons ou un tantinet garçon manqué chez les filles. Là où le bât commence à blesser c’est à l’adolescence et ses premières indépendances : on s’affirme, on se façonne un style, une image, un look, un univers et on l’assume … ou pas.

Pour ma part, dès que j’ai obtenu mon indépendance vestimentaire vis-à-vis de mes parents, avec le naturel le plus absolu, j’ai toujours eu un style « non-conventionnel » pour un garçon de l’époque : j’aimais les couleurs, j’appréciais les pantalons valorisants par leur étroitesse, les coiffures un peu osées, les accessoires, etc. Et, au fond, ce style qui en tout point pourrait donc correspondance à la checklist du « parfait dandy homosexuel des années 2000 » ne m’a jamais causé de souci, étant à cette époque dans une période d’excès.

Cependant, avec l’âge adulte viennent des choix impératifs : continuer à se laisser lire comme un livre ouvert ou se conformer à un style cliché plus « intégrant », de bon père de famille ? En d’autres termes, décider pour la suite de sa vie, notamment professionnelle si on veut se noyer dans l’anonymat, le quelconque, ou continuer à cultiver une certaine différence ? Facilité ou challenge ? Si certains homos n’ont jamais eu à se poser ce type de questions, étant naturellement et originellement « non-identifiables » par leurs looks, la plus grande majorité, dont je fais partie, s’est une fois au moins penchée sur cette épineuse préoccupation.

Car épineuse, elle l’est en effet. Ce sont des situations lourdes de conséquences. Les premiers ont le choix : choix de dissocier leur vie privée de l’image qu’ils reflètent, choix de cultiver un certain anonymat, choix de la parfaite intégration. Les seconds n’ont pas ce choix, pas cette facilité, ils sont dépossédés en partie du contrôle de leur image et par corollaire d’une partie de leur vie privée qui se lit sur eux, sans qu’ils l’eurent voulu. Certains opposeront que reprendre le contrôle de son image est aisé ; certains s’y essaient même : une barbe par ci, quelques biceps par-là, un style faussement négligé mais n’est-ce pas au fond une solution de compromis péremptoire à terme ?

Cette visibilité subie a, je l’accorde, d’indéniables avantages : impossibilité de mentir et de prétendre, nul besoin (ou presque) de réaffirmer à son entourage ou à de nouvelles connaissances que l’on est gay mais aussi facilité déconcertante à se faire aborder dans les lieux publics, les abordants étant certains de vos affinités sexuelles communes.

Mon choix est certes fait aujourd’hui, j’aime tout autant les foulards colorés que les jeans slims, mais alors que j’entame ma vie professionnelle je me rends compte que, malgré dans la relative tolérance de la société dans laquelle nous vivons, tout ne sera pas simple. Ma différence sexuelle se lit sur moi, comme ma différence de colorimétrie de peau, je n’ai pas le luxe du secret, pas le luxe de prétendre être ce que je ne suis pas, honnête malgré moi… et peut être aussi remarqué, discriminé, haï, moqué pour une chose que je n’ai pas pu cacher. Il n’est pas question ici d’acceptation, elle est pleine et entière pour moi et pour une grande partie de ceux qui vivent cet affichage subi, ce coming-out automatique. Nous aimerions juste, de temps à autre, nous fondre dans la masse et ne pas être résumés à une apparence corollaire d’une sexualité ; pouvoir de temps à autre être « X » ; pouvoir de temps en temps fermer le livre de nos vies privées…

Chose à quoi, Sébastien, ami métrosexuel et amoureux d’une bonne amie, a répondu : « tu augmentes l’entropie de l’univers sans raison, est ce que tu veux passer chez moi boire un thé avant mon rendez-vous chez la pédicure ? ». Et puis merde, s’ils s’y mettent aussi eux…

Partager cet article
Repost0

Mariage Pour Tous: le jour d'après - et maintenant?

Publié le par Dorian Gay

Mariage Pour Tous: le jour d'après - et maintenant?

Quand j’étais gamin j’adorais les films Disney. J’aimais ces histoires tantôt féeriques, tantôt contemporaines, mais toujours teintées d’optimisme, de merveilles pixélisées et de chansonnettes niaiseuses sur fond d’amour impossible. Ces histoires où, bien souvent, une méchante bonne dame à la voix criarde, veut en découdre avec une gentille-belle-blonde-princesse-un-peu-naive-et-qui-parle-aux-animaux.

Ces histoires qui finissent toujours bien, où l’on retrouve toujours celles qui perdent leurs pantoufles de verre après une soirée trop arrosée, où les petits garçons de bois un peu menteurs deviennent de vrais garçons de chair, où ceux qui croquent dans des pommes empoisonnées s’en sortent toujours in extremis grâce au baiser salvateur d’un éphèbe blond (qui, comme par hasard, est toujours jeune, célibataire, vivant dans un 300m2 édifié dans les nuages avec vue sur le Taj Mahal, et accessoirement pété de thunes). Bref ces contes télévisuels où les choses rentrent toujours en ordre, où l’intransigeance du karma n’oublie personne ; des Happy Ends en VHS quoi.

Gays, pendant toute notre jeunesse, notre construction sur le chemin d’acceptation de notre sexualité, un doute a souvent pesé, celui de la peur de l’avenir, que nous avons presque tous, à un moment ou un à autre, imaginé âpre, incertain ou bâti sur des clichés encore vivaces.

Stéréotypes d’avenir donc, avenir de stéréotypes : éternel célibat des homosexuels, prédestination pour des métiers artistiques et culturels, vie sociale trépidante, revenus supérieurs à la moyenne, succession d’aventures d’un soir, d’une heure, (et même de quelques minutes pour les plus expéditifs), PACS pour les plus vernis, solitude bien souvent… et la liste est loin d’être exhaustive mais bien excluante en ce que des mots comme Amour, Relation durable, Stabilité n y trouvent généralement pas leur place… Alors « Mariage »… « Enfants »… « Famille »… encore moins, vous vous imaginez bien. « Absurde » nous auraient rétorqué nos propres pairs, il y’a encore quelques décennies.

Si jeunes donc parfois et déjà promis à une vie standardisée. Une vie presque sans surprises, sans coups de théâtre – une vie, pour les plus rebelles d’entre nous, souvent marquée du goût amer de la frustration de l’inégalité, de la frustration du « non-choix » : non choix quant à la volonté de fonder légalement et pleinement une Famille, non choix quant à la volonté d’officialiser aux yeux de la loi un beau sentiment, non choix quant à la couleur des cartons d’invitation et du parfum de la pièce montée. Amputés du droit au choix, du droit à l’alternative, du droit à l’auto-détermination. Comme tout, on s’y fait, on digère, on assimile.

Votre mère se fait à l’idée que vous aurez peut être quelqu’un dans votre vie, qui sera « un concubin » au mieux. Votre grand-mère se fait à l’idée qu’elle n’aura pas de petit Thomas à babysitter et à couver de tendresse pendant les vacances scolaires. Votre père se fait à l’idée qu’il n’ira pas chercher Antonin le mercredi soir à la sortie des classes pour l’hebdomadaire balade au parc qui se finit pas une glace à la pistache. Votre patron se fait à l’idée que vous ne prendrez jamais de congés maternité/paternité, ni pour vos noces. Tout le monde s’y fait.

Après les remous d’une adolescence tumultueuse et rebelle et les premiers émois de jeune adulte, je ne me voyais pas échapper à ces carcans : en couple si j’ai un peu de chance – un PACS si j’en ai beaucoup – une vieillesse heureuse main fripée dans main fripée, déambulateur dans déambulateur, si j’en ai énormément. Point question de mariage donc, d’enfants encore moins. Pourquoi ? Parce que c’était comme ça et que je ne fais pas partie de ces braves-là qui vont outre le cadre législatif pour s’octroyer, en fait, ces droits. Mon père vous dira que je n’ai jamais su faire la part des choses : tout ou rien, rien à moitié, pas de verre à demi plein, pas de jambon sans couenne, pas de café sans sucre, pas de demie –victoire.

Cela se faisait ailleurs me direz-vous, dans des pays précurseurs, où j’aurais pu faire sauter ces verrous et me redonner ce choix dont j’ai été amputé ; mais je vous répondrais que c’est comme me sous-tendre que l’herbe est plus verte ailleurs – elle peut en effet l’être… mais souvent on préfère lorsqu’elle l’est juste en dessous de nos pieds nus.

23 avril 2013, nous disons enfin oui à cette loi, oui, cette loi qui aura vu, tout au long de ces mois, des vertes et des pas mûres, des cheveux décolorés et des crucifix, des visages tuméfiés et des accoutrements roses, des évanouissements sur les Champs et des ballerines dans des Assemblées Nationales. Elle aura essuyé les affres de la bêtise humaine dans sa quintessence et celles de la manifestation la plus sournoise de la haine la plus latente. Mais elle est là cette loi, elle est là, belle, fière, forte – elle effacera lentement les meuglements « Pas de mariage pour les pédés » par d’émouvants « Oui, oui, François, moi, ton homme, je te dis oui » et rien que pour cela ça en valait la peine.

Nous sommes donc lundi, la veille du vote. La loi, sereine dort une dernière fois sur les Tribunes froides de l’Assemblée Nationale et je suis ému et déstabilisé, presque euphorique. J’écoute Dire Straits, c’est vous dire… Pourquoi ? Parce que maintenant, j’ai le choix et ça change tout… cela change mon regard sur toutes ces 21 années où je ne l’avais pas ; cela change mon regard sur l’avenir, sur les marches de mon Hôtel de Ville, sur les Powerpoints pourris, sur tout. Les digues cèdent, les verrous sautent, les portes s’ouvrent et elles mènent à tous les chemins imaginables. Le sentiment de se sentir s’approprier cet aspect de nos vies est enivrant et libérateur. Libre, Libres – amputés réhabilités – Hommes entiers – Citoyens pleins.

Je pourrais mourir aux côtés de mon chat, célibataire endurci et refroidi par les turbulences d’une piètre vie sentimentale. Je pourrais répondre « non » à un garçon, genou à terre, bras tendu (séquence niaiseuse – bis) ou au contraire décider d’infliger à nos amis l’intégrale de Boney M et d’Aqua entre deux photos de mariage. Je pourrais divorcer à Las Vegas, après 3 jours et 11 heures de mariage comme Paris Hilton parce que « c’est cool » comme je pourrais porter un bel anneau argenté à l’annulaire pendant quelques bonnes années. le plus important, dans ces hypothèses quelque peu ubuesques est le choix, ce choix que je pourrais exercer et qui nous prouve qu’Egalité peut tenir en cinq lettres. Vous pouvez CHOISIR.

C’est peut-être pour cela que j’aime moins les films Disney : Happy Ends inévitables. Amour, Gloire et Beauté, version pré pubères, où tout est prédictible et linéaire et où les Princesses finissent toujours dans les bras imberbes de leurs Princes, sans choix, sans coup de théâtre, presque condamnées, et parce qu’au fond c’est beau, c’est joli, ça scintille, ça pétille… mais c’est triste.

Retrouvez moi sur Twitter ICI ; ou pouvez m’écrire àdoriangayparis@gmail.com

Partager cet article
Repost0

Tu as pics? Tu cherches?

Publié le par Dorian Gay

Les règles de courtoisie sur la toile gay sont relativement pauvres comme nous l’avons vu. Les premiers échanges e-pistolaires ne sont pas dignes des manuels de cette chère Nadine et se résument bien souvent au simplissisme et lapidaire

 

« Slt, t’as pics ? »

TU AS PICS?

 

Cette accroche conversationnelle représente bien cette obsession de la beauté extérieure qu’a notre communauté.

 

Mais on constate couramment que les profils les plus demandeurs de pics ne sont ceux qui en affichent le plus souvent. La réciprocité est un concept qui semble leur échapper. Mais nous savons bien que dans ce cas-là que les photos ne servent pas à apprécier la possibilité d’une rencontre mais plutôt à satisfaire quelque besoin pressant solitairement…surtout lorsqu’il se fait tard.

 

Passons en revue les principales typologies rencontrées sur la toile

 

Le bodybuilder/les torses : les muscles sont saillants, huilés, parfaits….presque trop. La prise de vue est léchée. Hélas souvent la tête manque et c’est plutôt symptomatique. Effacez tout sourire de son visage et plantez-y une bouche en cul de poule. S’y ajoutent également quelques shoots de vestiaire de salle de fitness au cas où on n’aurait pas compris que ledit profil y passe beaucoup de temps. L’avantage : cela permet d’engager la conversation selon une problématique cruciale, voire vitale pour lui : quel Club Med Gym me conseillerais tu? Mais cela peut vite tourner court…

 

Le paysagiste bucoliques : l’amoureux de la nature et des grands espaces ! Il vous gratifie de magnifiques panoramiques où il apparaît en tout petit devant un glacier emmitouflé dans un anorak avec lunettes de soleil et bonnet. Ah mais c’est bête il n’a pas d’autre photo – Zut !

 

Le communautaire/lifestyle : il pose toujours entouré d’amis voire souvent avec sa meilleure amie (souvent blonde et trop bronzée). Lui a-t-il- demandé si elle est d’accord pour se retrouver sur un site gay de rencontres ? Certains ont même le mauvais goût de laisser ces photos avec un gommage Photoshop basique des visages qui les entourent. N’ont-ils aucune photo où ils apparaissent seuls ? L’avantage de ces photos de soirée permet de deviner cependant quels sont les goûts du profil. Quelles soirées fréquente-t-il ? Skets ou pull en cachemire ? T-shirt Nike ou polo Ralph Lauren ?

 

La photo immuable – les immortels : avez-vous remarqué que certains gardent la même photo d’année en année ? Et lorsqu’on y regarde de près la photo date souvent des heures de gloire de la trentaine alors que le profil affiche une bonne quarantaine. Souvent les statistiques poids et taille trahissent : 80 kg pour 1.82 m ? Cela ne semble pas coller avec ce torse musclé et ce ventre plat. D’aucuns y laissent aussi l’affichage numérique de la date de prise de vue : si la photo date de juillet 2007 vous feriez mieux de redemander une seconde photo. Juste histoire de vérifier…

 

Les photos de studio : une prise de vue professionnelle arrange tout c’est bien connu. Les visages sont lisses, les muscles ressortent, la lumière magnifie la peau. Tyson Beckford peut se rhabiller. C’est beau certes mais cela manque de naturel. On regrette presque l’amateurisme des photos de vacances. On a presque peur d’être déçu une fois la personne rencontrée. Et cela oblige à les refaire de temps en temps car une fois fait, vous ne pouvez pas revenir à des photos Iphone. Le choc serait trop rude !

 

Le décalé : aucune photo de lui si ce n’est une prise de vue décadrée. Des tableaux, des paysages, la décoration de son appart, des citations comme texte. Il ne se montre pas tout de suite mais il aime bien regarder votre profil quand même…Quelques bonnes surprises à prévoir mais attention il va falloir déployer tous vos talents littéraires pour lui plaire.

 

Le discret : vous n’aurez droit qu’à des photos de torses tronqués, de jambes poilues prises en cachette dans la salle de bain. Mais pas de visage. A vous de voir et de prendre le risque : soit vous comprendrez pourquoi il n’a pas envoyé de photo soit, et c’est plus souvent le cas, un bi qui veut être 100% discret !

 

Le profil sans photo : il n’en affiche aucune mais il ne les donne qu’une fois son intérêt suscité. Vous avez deux possibilités : soit vous comprenez pourquoi il n’en affiche pas (reminder : double check des statistiques) soit un trésor caché s’offre à vous. Personnellement j’ai eu quelques très bonnes surprises. Vous avez alors le même plaisir que de dénicher une pièce unique dans un magasin vintage ! Vous avez mis la main sur la perle rare !

 

Je ne pouvais conclure sans parler des photos X ! N’y voyez pas une pudibonderie de ma part ! Ces photos que l’on reçoit parfois dès le premier message (surtout tard dans la soirée lorsqu’on zappe les banalités d’usage pour aller à l’essentiel) feraient parfois rougir un habitué des backrooms. Que de sexe turgescents, de postérieurs offerts, de slips mouillés, de secrétions séminales ou de jockstraps bien remplis … avec parfois de véritables scènes d’action qui vous obligent à tourner l’ordinateur pour bien comprendre l’angle de vue et qui fait quoi. Ah la poésie et le charme amateur des photos de cul …

 

Certains pourront regretter cette dictature des photos qui casse la magie des rencontres. Cette personne qui nous aurait plu dans un bar pourra tout aussi bien susciter un blocage online par un simple détail esthétique. Malheur aux personnes non photogéniques ou peu gâtées par la nature ! Dura lex sed lex.

 

En conclusion rien ne vaut des photos normales (et récentes) comme celles de vacances, de soirées ou celles prises par Iphone. Cela a l’avantage de l’honnêteté ! Mais les lois du marketing online vous obligent à une seule chose : en changer souvent ! Le marché aime la nouveauté ! L’œil du consommateur s’habitue vite, il faut susciter son intérêt en permanence.

 

TU CHERCHES ?

 

Cette autre question arrive très vite dans les chats gay, juste après « Salut », « T’as des pics ? » ou « Cho ?».

 

Une question banale, trop entendue qui a le mérite de la concision mais dont les réponses possibles sont très vastes.

 

Cette accroche est pour de nombreux chatteurs un moyen de ne pas lire le texte de présentation et de recevoir la synthèse par écrit.

 

Souvent la réponse est clairement affichée dans le texte ou dans le statut. (Bravo d’ailleurs à ceux qui donnent des précisions sur leurs intentions).

 

Que peut-on chercher un samedi soir à 2 heures du matin avec un statut Plans cul, des images coquines et une accroche aussi romantique que « Envie d’un plan direct now sans blabla» ?

 

Un partenaire de scrabble ? Discuter philosphie kantienne ? Parler broderie ?….

 

Une des réponses les plus courantes reste « Rien (de spécial) » ou « Un peu de tout », ce qui finalement revient au même !

 

Car nous sommes tous finalement sur les sites de rencontres pour quelque chose. On n’y vient pas pour « jeter un œil » comme dans un magasin ! Soyons honnête avec nous-mêmes ! Le lèche vitrine n’est pas une motivation sauf pour certains qui n’arrivent pas vraiment à passer du virtuel au réel et qui se cantonnent aux plaisirs solitaires.

 

Il existe deux minorités d’utilisateurs : ce qui cherchent exclusivement l’amour et les 100% plans cul. Et encore il y a un fort écart entre ceux qui l’affichent et ceux qui accordent leurs actes.

 

Mais la vaste majorité sont ouverts à tout : donc fermés à rien, donc ne cherchent rien de spécial, mais un peu tout en même temps…vous suivez ? Bref…

 

Dans notre société ou le sexe s’est extrêmement banalisé, les sentiments sont devenus la nouvelle indécence. Nous ne voulons point montrer que nous cherchons une relation par crainte de sonner niais, donc nous préférons rester ouverts. Et faute de grives, nous mangeons des merles…

 

Il est aussi vrai que l’Homo Erectus Gay avec son grand esprit pratique sait que le plan cul d’une nuit peut parfois se transformer en partenaire de vie. Alors autant essayer et ne se priver d’aucun plaisir disent ills...

 

21h15: “Bon, je te propose qu’on couche ensemble, qu”on passe un bon moment et que l’on voit si l’on est bien et si crla peut nous mener vers une relation sérieuse” – Checked…

 

L’expérience nous enseigne également que c’est lorsqu’on recherche absolument quelque chose qu’on ne le trouve pas. .. Cette loi de la nature est tout aussi vérifiable que celle de la tartine beurrée qui tombe du mauvais côté !

 

A l’inverse, les anglo-saxons ont le concept de serendipity : le fait de trouver quelque chose en cherchant tout autre chose. Ce qui appliqué au monde gay, signifie que c’est en cherchant un plan cul, que l’on trouve le grand amour et vice et versa… Restons donc ouverts à tout et fermés à rien

 

Donc à la question « Tu cherches quoi ? », je répondrais « juste des lecteurs et les divertir, et éventuellement 70.000 euros pour ma future PMA »

Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

Partager cet article
Repost0

Petit Traité sur les Bonnes Manières Gay - Volume 1

Publié le par Dorian Gay

How-to-be-a-Gentleman-Season-1-promoCet article va être ce que nous pourrions communément nommer un « hors-série » ;

Hors-série en deux temps, qui vient marquer une petite pause avant d’aborder en fin de semaine, j’espère avec justesse (humour et dérision), un sujet éminemment sérieux.  Trève d’anticipation et de contextualisation, revenons à nos moutons – à notre service en argenterie plutôt, qui va symboliser à perfection ce thème – ce Petit Traité (non exhaustif) des Bonnes Manières Gay.

Et qui mieux que moi, jeune homme élevé par un Père légèrement maniaque et un tantinet psychorigide et une Mère soucieuse au plus haut point de l’étiquette et des convenances pour, comme Nadine (non pas celle à qui on pourrait dédicacer la Station de Métro « Poissonnière ») mais plutôt comme Nadine La Baronne, vous livrer quelques petites règles de conduite et de bonnes manières spécialement formulées pour notre communauté.

 

Les spécialistes des règles de politesse mondaine sont souvent gays. Un certain penchant pour l’apparât sans doute. Pourtant la politesse chez les gays n’est pas la chose la mieux partagée.

C’est encore plus probant lors des rencontres virtuelles. L’écran a dissout certaines règles de bienséance.  On ne peut pas perdre la face online, surtout lorsqu’on ne la montre pas….

 

DANS LA MATRICE

 

Répondre à un premier message en ligne

 

Il est hélas regrettable de constater souvent l’absence de réponse au premier message. Cette attitude est devenue un principe érigé en mode de fonctionnement (Pas de réponse = pas intéressé).

Répondez simplement par « Merci. Pas intéressé ». Certains sites proposent même d’envoyer des messages prédéfinis. Cela ne mange pas de pain et aura l’avantage de permettre à celui qui vous a abordé de passer sainement à un autre profil. Dans la vie, on ne peut détourner la tête lorsqu’on vous dit bonjour…

 

Vous pouvez cependant faire exception dans plusieurs cas :

L’expéditeur a un profil sans photo alors que vous vous affichez clairement

L’expéditeur n’a manifestement pas lu votre profil qui détaille vos attentes. Vous recherchez par exemple une relation et il vous gratifie de son sexe turgescent en photo plein écran en guise de bonjour. Une pratique qui à la rigueur sied à un samedi soir passé minuit...parce que si vous êtes en ligne à cette heure-là, et ce soir-là, ce n’est pas pour conter fleurette…ne niez pas !

L’expéditeur est fâché avec l’orthographe (rédhibitoire) ou carrément vulgaire

 

Recevoir un plan cul

Et bien déjà ouvrez lui et n’éteignez pas votre téléphone car vous avez sournoisement guetté son arrivée à votre fenêtre afin de vous assurer de la qualité de son physique. Vous l’avez fait venir et même s’il ne vous intéressait plus une fois-là il serait malvenu de le laisser mourir de froid sur le palier tentant désespérément de vous joindre. Assumez, quitte à lui dire, une fois réchauffé chez vous qu’il ne fera pas l’affaire.

Mis à part ces situations ubuesques donc, accueillez votre hôte avec cordialité (bon, je n’ai pas dit non plus de parler de vos enfances respectives et d’ouvrir une bouteille de Mumm) et proposez-lui quelque chose à boire. Après une courte conversation de courtoisie, vous pouvez lui proposer de se mettre plus à l’aise sans tarder dans votre chambre ou sur le canapé à votre convenance.  S’il vous embrasse ou vous met la main à des endroits intimes, perdez toute notion de bienséance dans l’instant. Elle ne vous sera d’aucune utilité…

A la fin de l’entrevue, proposez l’usage de la salle de bain. Un ou deux mots de remerciements sur la performance seront bienvenus.

« Merci c’était sympa » = merci mais on ne se reverra pas

« Merci c’était vraiment super » = merci, on se reverra peut être

« Merci ! Ouah tu es vraiment doué, j’ai adoré » = on se revoit quand ?

« …Pff… Ha… Ha…Pff… » (voix haletante) = épouses moi !

Si vous vous n’êtes pas présenté en bonne et due forme, c’est le moment de le faire. Vous pouvez donner votre vrai prénom ou votre nom de « scène » à votre guise selon votre appréciation de la rencontre.

Si vous avez envie de revoir la personne, il est de bon ton d’envoyer un SMS sur le chemin du retour.

Si c’est un plan direct-direct, les bonnes manières ne sont pas recommandées voire fortement déconseillées…

 

Participer à une partouze (bon j’anticipe, je ne parle PAS en connaissance de cause – je me suis renseigné c’est tout !)

Être en tenue d’Adam requiert justement une certaine aisance lorsqu’on se « présente ». Autant un contact corporel immédiat n’est pas du meilleur effet en société mais dans ce genre de situation il est fortement recommandé. Présentez-vous aussi avec assurance même si vous êtes dans une position corporelle assez offerte. Point n’est besoin de cartes de visite, de toute façon vous n’avez aucun endroit pour les ranger ! (j’ai bien pensé à un endroit mais pour cela il faudrait avoir un postérieur éminemment musclé)

 

Recroiser un plan cul par hasard

Avoir rencontré bibliquement une personne ne signifie pas que vous êtes vraiment intimes. Cependant si vous recroisez un ancien plan cul, il est quand même apprécié de montrer que vous reconnaissez la personne. Point n’est besoin de se faire la bise : un léger mouvement de tête voire un vague salut sonore fera très bien l’affaire.  Ceci dit ne vous attardez pas, vous ne sauriez quoi lui dire…

Dans un night-club un simple clin d’œil tout en continuant de mordiller la paille de votre Cosmopolitan suffira aussi amplement.

Si la personne vous a harcelé, ignorez-la vraiment par contre. Vous lui redonneriez un espoir.

Si vous comprenez subitement pourquoi la personne ne pouvait recevoir… elle vous sera fortement reconnaissante de l’ignorer complètement ! Si, si, ne cherchez pas à comprendre.

Parfois il semble aussi qu’on vous reconnaisse mais ce n’est pas réciproque… Le visage ne vous dit rien… C’est peut être que la dernière fois que vous aviez vu cet individu vous n’aviez pas vraiment les yeux sur son visage... Comme dit Madonna « Yeah I guess I just don’t recognize you with your clothes on. »

Souriez franchement mais zappez vite ! Ou faites semblant de reconnaître quelqu’un d’autre à l’autre bout de la salle.

Bref, ne faites pas comme moi, qui, il y’a quelques mois, tombait nez à nez avec une ex désastreuse aventure dans ma rue. Sous le coup de la surprise, je n’ai pu que balbutier un « euh, je vais sur les Champs, je suis très pressé. Navré ». Grosse erreur de débutant … « Ah tiens ! Belle coïncidence, je vais sur les Champs aussi ! Allons-y ». Faux – je n’allais pas sur les Champs, je me dirigeais vers mon Boulanger à une dizaine de mètres de là. 45 minutes de métro furent nécessaires pour faire l’aller – retour inutile et préserver le peu de dignité qu’il me restait. Bref, cela ne paye pas.

 

HORS DE LA MATRICE

 

Proposer une rencontre plus sérieuse

Le bon sens voudrait que vous évitiez de proposer des lieux de rencontres à forte connotation même si je ne doute pas que le Bar de la Fistinière ou du Dépôt peuvent être sympathiques pour d’autres occasions.

La bienséance voudrait aussi que vous n’arriviez pas en retard. Si vous êtes ce type de garçon, qui, comme moi passez plus de temps à vous habiller qu’à vous alimenter et qui êtes systématiquement en retard car vous hésitiez entre un trench coat kaki ou beige pour votre rencontre, alors organisez-vous et préparez tout cela la veille si nécessaire. Par ailleurs, je reste convaincu qu’un retard est une très mauvaise entrée en matière.

Vous êtes dans un lieu de restauration et l’addition arrive - hypothèse 1 : vous êtes d’une galanterie sans limites et vous insistez pour régler la totalité (il est de bon ton que l’invité fasse mine de vouloir régler aussi ou alors remercie à charge de revanche ou encore laisse au moins un pourboire).Hypothèse 2 : vous décidez de faire « moitié-moitié » mais c’est moins romanesque. Hypothèse 3 : vous prétextez une envie pressante et fuyez les lieux par la porte de service (c’est très très très vilain et je ne suis pas du tout content de votre conduite).

Vous êtes invité à domicile : on n’arrive pas les mains vides et c’est malheureusement assez commun. Ce n’est que de la logique : votre hôte a surement passé de longues heures à vous concocter de délicieux mets (ou est passé chez Picard deux heures avant) et le corollaire est que vous devez participer à l’effort commun. Une vinasse dégotée chez Monoprix, un dessert ou des fleurs ce n’est pas bien compliqué.

Vous n’avez d’autre solution que de poser un lapin à votre rendez-vous ?  Premier réflexe : couvrir de sms d’excuses la personne lésée et lui fournir un minimum de justifications pertinentes (non le décès du poisson rouge de l’arrière grand tante de la nièce de votre marraine qui est morte d’une tourista en accouchant de triplés n’est pas une excuse pertinente) et proposer une nouvelle date de rendez-vous en s’assurant au préalable de pouvoir la tenir.

 

Tenir la rencontre

Vous avez prévu d’offrir des cadeaux ? (à proscrire pour une toute première rencontre). Nadine est beaucoup plus éloquente que moi sur ce point : « Ni trop chers, ni trop bon marché, ils doivent toujours correspondre au niveau de l'intimité que vous avez envers la personne que vous souhaitez combler. Préférez les standards que les cadeaux trop originaux quand vous ne connaissez pas les goûts de votre partenaire. On évite d'offrir un parfum au hasard... ».

Bien évidemment, cela se suppute, on évite de parler de ses exs, aventures désastreuses, plans d’un soir et autres joyeusetés. On évite également de monopoliser la parole et on pose des questions (cela prouve un certain intérêt pour la personne en face).

Twitter, Foursquare, Facebook, Grindr, Scruf, Hornet et autres chronophages sont à proscrire. Vos charmantes applis pourront bien se passer de vous pendant quelques heures. Il n’y a rien de plus désagréable que de parler à une personne éblouie par le rétroéclairage de son smartphone.

A suivre…   Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

How-To-Be-A-Gentleman-Promo-Saison1-2

Partager cet article
Repost0

Amour, Botox et Date de Péremption

Publié le par Dorian Gay

Amour, Botox et Date de Péremption

C’est samedi – et les samedis à HEC sont les choses les plus inintéressantes et ennuyeuses qui soient. C’est le jour généralement choisi par tous les conférenciers sadiques et overbookés en semaine, pour vous abreuver de leur savoir et des péripéties de leurs trépidantes vies mondaines, des premières lueurs du matin jusqu’au crépuscule.

Bref, ces jours où vous vous mettez – grincheux - au fond de la salle pour lire un GQ, boire votre thé et faire acte de présence, votre montre bien en évidence sur votre table et vos soupirs ponctuant les silences de l’intervenant.

L’intervenant de ce samedi-là précisément avait décidé de nous parler d’âge. Et il avait structuré les différentes périodes de vie en trois étapes : la découverte, l’assise, le déclin… à partir de 50 ans…

Si il y’a une affirmation aussi indéniable que « Rita Ora est une fausse blonde » et que « Michael Jackson avait un nez refait », c’est que nous sommes tous des petits grains de sable dans le sablier du temps ; tous les « jeunes » et les « vieux » de quelqu’un. Je n’entame qu’à peine mes 21 printemps mais cela ne m’a pas empêché de très tôt me pencher sur cette problématique existentielle. En matière d’amour, qui ne sait jamais retrouvé devant les préjugés qui suivent ?

Stéréotype 1 – Anna Nicole Smith : Vous êtes jeune et vous avez des amants beaucoup plus âgés ? Vous êtes donc tout naturellement un garçon vénal et vous trépignez d’impatience que la loi sur le mariage pour tous soit promulguée pour officialiser une union avec un sexagénaire de bonne fortune, que vous pousserez dans les escaliers deux mois après (si vous avez besoin d'un Avocat - je peux vous emailer ma carte).

Stéréotype 2 – Madonna : Vous êtes moins jeune et vous préférez les garçons qui ont moins de la moitié de votre propre âge ? (au maximum cela se suppute bien). Alors vous êtes un pervers narcissique qui vit de valorisations

Stéréotype 3 – Ashton Kutcher : Vous êtes jeune et vous en entichez de personnes plus âgées ? Alors vous êtes un pauvre garçon en manque de repères paternels/maternels et d’autorité et vous cherchez un parent de substitution (le sexe en plus).

Stéréotype 4 – Sharon Stone : Vous êtes moins jeune et vous traînez avec des beaucoup plus jeunes que vous ? Vous êtes sans doute coincés dans une faille spatio-temporelle vous faisant vivre dans l’illusion précaire d’être un éternel jeune – ayant oublié que « Forever Young » était juste un titre de chanson et que le vocabulaire teenager doit être à un moment oublié. N’ayez pas le seum, c’est la vie.

Voilà tant de préjugés auxquels peu de nous échappent, aussi bien homos qu’hétéros ; Même si nous, Homos, avons, et cela est indéniable, un rapport encore plus transcendant avec nos dates de naissance respectives, cultivant depuis toujours un culte (irraisonné ?) de la jeunesse.

L’Age de la (dé)raison

On associe souvent dans notre société l'amour et le sexe à la jeunesse. Il me semble que c'est encore plus vrai dans la communauté homosexuelle, où le culte de la jeunesse est exacerbé, où nous semblons tous porter sur nos nuques un code-barres et une date de péremption, où l’âge d’or dure 5 ans (20-25 ans) et où après la trentaine l’on est considéré comme un fossile de l’ancienne génération.

C’est tout en cas ce que l’on m’a toujours dit : « Dorian, profites de ta jeunesse, tu as la vingtaine, bientôt ce sera fini », supputant alors que je devais entamer ma vie professionnelle-trouver l’homme de la vie – acheter un Golden Retriever – faire le tour du monde en Smart et lancer une procédure d’adoption avant mes 25 ans, sinon j’étais foutu.

Si l’espérance de vie ne fait que croitre et que nous vivrons tous jusqu’à 81 ans en moyenne, il faudrait bien penser à combler ces 74 années qui d’après les légendes ne seraient que désolation, déambulateur, nostalgie et regrets.

Vous auriez donc bien compris que je prône une tolérance quant à ce chiffre qui, j’estime, est fondamentalement subjectif et reste profondément convaincu que l’on peut offrir à n’importe quel âge de vie, une vraie richesse à qui on côtoie. Ce sera peut-être à 20 ans, une certaine fraicheur et une certaine fougue, mais ça pourrait être également quelques décennies plus tard, une belle maturité, une sublime personnalité et un corps qu’on apprend à regarder sous d’autres angles moins stéréotypants.

Bien sûr, ce sont des généralités et chaque couple vit cette situation différemment, mais la plupart des couples avec différence d'âge que je côtoie vous diront qu'ils s'aiment comme un couple « normal », mais avec un petit plus ! La différence est une richesse, un nouveau regard sur soi, sur la vie et l'amour.

Certes, je ne sais pas (encore) comme mon ami Emilien, 27 ans, ce que cela fait lorsqu’un garçon de 22 ans vous oppose dans un rire moqueur vos 5 années de plus, ou comme Charles cet autre ami, qui a l’aube de ses 28 printemps, commence déjà à réduire son âge sur le net, mais je sais ce que cela fait… en situation inverse.

Ceux qui me suivent depuis le début doivent savoir que je suis ce qu’on appelle communément (et poliment) un précoce (non ce n’est pas contagieux je vous rassure). Précocité rimant avec classes sautées, quatre en ce qui me concerne, j’ai toujours fréquenté et été entouré de personnes plus âgées que moi – créant un réel décalage entre mes aspirations, mes doutes, ma psyché et ceux d’un jeune homme de la même tranche de vie que moi. Mon cas particulier me permet d’avoir un regard intéressant sur l’âge et la notion même de « vie de l’âge ».

Comme tout le monde, je trouverais le corps lustré et fougueux d’un jeune éphèbe, particulièrement exquis. Mais, peut-être moins comme tout le monde, je trouverais le manque de maturité rédhibitoire et le charisme lié à l’âge attirant. Je suis le stéréotype parfait du type de garçon qui estime que Denzel Washington ou Noé Duchaufour Lawrence se bonifient au fil du temps. Lorsque j’en parle avec mon entourage ou quand il m’arrive de lire assez aléatoirement les profils de présentation sur les sites de rencontres, indiquant des recherches comprises entre des fourchettes d’âge très limitatives, j’ai pleine conscience du côté peu commun de la chose.

Cougars et Subjectivité

Je prône d’autant plus la tolérance au vu de ces mascarades aujourd’hui bien habituelles. Ces « coupeurs d’âge » qui s’offrent un lifting numérique en réduisant leur âge ‘’public’’ d’une bonne décennie et en partageant photos de leur feue jeunesse. Non, je ne cautionne pas cette pratique très répandue et que je trouve teintée d’un peu de malhonnêteté, mais rien de bien méchant. Mais oui, inversement, elle me permet de prouver objectivement que dans bien des cas, ces « petits mensonges » sont payants et que peu de gens vont outre les chiffres pour entrevoir la personne qui se cache derrière. Vous prenez deux profils identiques, étoffés des mêmes informations et des mêmes photos l’un tronqué de quelques années de vie, je vous laisse deviner lequel aura plus de succès.

Subjectivité donc quand tu nous tiens.

A 21 ans, je suis donc pour l’instant dans le « bon » versant du sablier – et oui, cela est surement très plaisant - mais cela ne m’empêche pas non plus de garder un regard peut être encore teinté de conservatisme et de logique biologique et sociétale.

Le Young Boy Toy je veux bien, le pseudo-fils-amant non

Et c’est là malheureusement l’extrême de la problématique. Au temps pour moi, une certaine différence d’âge peut être source de richesses (non, petits vénaux, pas ce type de richesses là), au temps l’on ne peut occulter le sens commun et d’autres sous-problématiques.

Quel avenir donner à une relation entre deux êtres séparés par 40 ans de brides de vie ? (déjà vu) Comment vivre la vieillesse de l’autre ? Les dissensions financières ? Avec l’ouverture (prochaine ?) de l’adoption à tous, d’autres problématiques se rajoutent : Le conjoint en a-t-il déjà eu ? En voudra-t-il de nouveau ?

Vous comprendrez alors que je puisse rester dubitatif et perplexe, voire légèrement choqué quand je lis (à la pelle) des « Mâle 63 ans, cherche minet entre 18 et 24 ans » ou des « Daddy sexagénaire cherche relation durable avec jeune homme de 18 à 30 ans ». Il reste à mon sens nécessaire d’appliquer une certaine proportionnalité.

Résultat des courses ? Aucune réponse, juste des axes de réflexion

Les pro-tolérance

- Une manière d'apporter à l'autre ce qu'il ne possède pas : Si cela fonctionne entre eux, c'est peut-être parce que ce type de couple s'équilibre. Le plus « ancien » amène sa philosophie de la vie, son expérience, sa capacité à résister aux aléas du quotidien quand le plus jeune fait souffler un vent de fraîcheur... Mais cela peut aussi bien être l'inverse car on peut être très fantaisiste à 50 ans et déjà très assagi(e) à 25 ou 30 ans.

- La sensation de vivre plus intensément: Quand on sait qu'on n'a pas, du fait de notre écart d'âge, un siècle à vivre ensemble, on profite à fond du temps qui nous est accordé. Et on se laisse moins facilement polluer par les petites disputes sans importance.

- Un apprentissage de la tolérance : Former un couple qui n'est pas classique permet d'ouvrir l'esprit. Parce qu'on est « différent », on accepte mieux ceux qui le sont aussi. On devient moins sectaire envers les autres, notamment par rapport aux personnes qui ont un mode de vie au nôtre.

Moins de peur devant l'engagement : Si les jouvenceaux (et jouvencelles) tremblent d'effroi devant la simple évocation du mot mariage, ce ne sera pas forcément le cas avec quelqu'un qui a déjà de la route. Lui ou elle sera moins réfractaire sur ce style de question.

Les contre-tolérance

- L'écueil du père ou de la mère de substitution

- Le regard de l'extérieur qui ne nous épargne pas : Même si on se sent bien ensemble et que l'écart d'âge ne pose de problème ni à l'un à l'autre, il faut être capable d'être affronter les nombreuses remarques de nos entourages, les « Tu dragues à la sortie des écoles, maintenant ? » « Tu es venu nous présenter ton fils ? » et autres répliques perfides !

- Un décalage dans la manière d'appréhender la vie et l'avenir : Pas toujours facile d'accorder ses violons quand l'un a grandi au son des Beatles et des Rolling Stones et l'autre a été bercé(e) par les 2Be3 et les Worlds Apart... Et on peut aussi, à l'intérieur du couple, ne pas être synchrone sur certaines choses.

Petit mot de fin

Finalement, afin de reprendre un peu de hauteur, je pense que cette question d’acceptation du temps qui passe et d’âge en matière sentimentale est avant tout une question de « bien-être dans sa peau ». Ce bien être qui ne saurait être assuré par de longues heures en salle de sport, par les meilleures injections de botox, et par la meilleure teinture pour cheveux grisonnants.

Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

J’ai trouvé un petit court métrage d’Alexis Van Stratum de 5 minutes sympatoche traitant de la peur de vieillir – gays, c’est ICI

Alexis Van Stratum

Partager cet article
Repost0

Le Moment "D" : Jouons au Lovegame

Publié le par Dorian Gay

Le Moment "D" : Jouons au Lovegame

Oh la vie … (soupirs)

Alanis Morissette chantait : « Eh bien, la vie a une drôle de façon de te prendre par surprise. Quand tu crois que tout va bien et va dans le bon sens, la vie a une drôle de manière de t’aider »

Cette vie qui vous fait gagner au loto la veille de votre mort

Cette vie qui laisse tomber une mouche dans votre Chardonnay

Cette vie qui place devant vous un embouteillage alors que vous êtes déjà en retard

Cette vie qui vous fait rencontrer l’homme de vos rêves… puis sa ravissante femme plus tard

Cette vie qui offre une grâce à un condamné à mort deux minutes trop tard.

Cette vie où un pigeon se soulage au-dessus de votre tête ou de votre costume trois pièces alors que vous vous rendez à un entretien d’embauche.

Cette vie où vous trouvez cent cuillères dans les placards de la cuisine alors que tout ce dont vous avez besoin est une satanée fourchette.

Bref cette vie pleine d’ironie ne pensez-vous pas ?

L’examen minutieux de cette ironie ainsi que mes profondes réflexions philosophiques et métaphysiques entre deux épisodes « culturisants » de Jersey Shore m’ont amené à mettre le doigt sur quelque chose de crucial et de décisif en matière de rencontres et que je vais appeler paternellement le Moment “D” (”D”pour Dorian et “D” pour Décisif). Je pense d’ailleurs sérieusement à faire breveter ma trouvaille, fruit d’un dur labeur intellectuel et de quelques verres de vins.

Qu’est-ce que c’est le Moment “D” ?

C’est ce moment décisif, cette fraction du temps déterminante où se détermine l’avenir d’une rencontre. Vous ne voyez toujours pas ? Froncez les sourcils ça aide. C’est cette fameuse seconde où on décide de répondre ou non à un garçon qui nous aborde sur Grindr ou sur un site de rencontre. C’est cette fameuse minute où on décide ou non d’envoyer un sms pour proposer ou accepter une rencontre. C’est cette milliseconde où l’on décide ou non d’aborder le garçon qui nous jette des regards plein d’envie et de timidité alors qu’on voit bien qu’il s’apprête à descendre à la prochaine station de métro. C’est une autre fameuse minute où après avoir passé la nuit ensemble où l’un décide de relancer l’autre le lendemain par sms… ou pas…

Bref, toutes ces secondes, ces minutes, ces heures où se détermine souvent de façon totalement imprévisible et spontanée, comme au loto, l’avenir d’une rencontre.

Le moment “D” est particulièrement identifiable à 3 stades d’une rencontre : le contact – la rencontre – le post – rencontre.

Le contact initial : vous êtes sur Grindr, un profil potentiellement intéressant apparaît sur votre radar, vous savez pertinemment que vous n’avez que quelques minutes pour prendre contact car les aléas de la géolocalisation Grindr auront très vite fait de le faire à nouveau disparaître, peut-être à jamais. Vous êtes à une fête, un garçon tout à votre goût vous fait de l’œil, vous êtes rongés par la timidité ou un orgueil trop vif, la soirée se termine dans 20 minutes et vous ne savez rien de lui ou avez attendu passivement que ce soit lui qui fasse le premier pas et concrétise cet intérêt que vous semblez avoir l’un pour l’autre. Vous recevez un message sur un site de rencontre d’un profil banal qui vous aborde d’un simple et lancinant « salut », vous êtes partagés entre la curiosité de savoir si quelqu’un de potentiellement intéressant se cache derrière cette maigre salutation ou la peur de perdre votre temps.

Voilà autant de cas où nous nous retrouverons tous devant des moments “D” appelant à notre intuition et où nos actions ou inactions déterminent la fécondité d’un regard insistant, d’un message, d’un sourire…

La rencontre : Vous avez passé le cap du premier Moment “D” – Bravo ! Vous pensez avoir mis votre coup de cœur dans la poche ? Come on, si c’était aussi facile je n’écrirais pas ces articles sur mon divan qui grince et un pot de glace à la main, je serais déjà à West Hollywood, dans un hamac et dans les bras de Matt Bomer (qui a déjà répondu à un de mes tweets – grand moment de gloire et de séduction geek style). Bref, la route est encore longue avant la Mairie, le powerpoint pourri et le riz à la gueule. Il vous faudra encore passer cet instant crucial qu’est le second moment “D” inhérent au premier rendez – vous.

En effet, avoir décroché un contact, un sourire, un message, et y avoir donné suite ne vous garantit en rien que vous ayez le loisir de converser avec votre flirt autour d’un verre de vin et d’une côtelette de porc. Encore faut-il que l’un de vous ai l’initiative de proposer une ‘’vraie’’ rencontre, un vrai rendez-vous galant. Et là, croyez-moi ce n’est pas gagné. Entre ceux qui prolongent indéfiniment un face à face, ceux qui ne sont jamais disponibles, ceux qui vous proposent de converser via MSN, Skype et compagnie (très mauvais plan) afin « de mieux se connaître avant la rencontre » et qui ne resteront à jamais que des images pixélisées sur votre écran, ceux qui relâchent le lien et donc l’intérêt au fil du temps, ceux qui disparaissent comme ils sont apparus, c’est-à-dire de façon soudaine, sont tout autant de cas où l’on se retrouve victimes de cruels moments “D”.

Le post – rencontre : Vous avez à la sueur de vos doigts qui ont frénétiquement appuyé sur votre clavier d’ordinateur ou sur votre smartphone pendant des jours, décroché une vraie rencontre avec votre flirt rencontré et approché dans le métro – vous êtes un héros de l’amour des temps modernes (le slip en lycra en moins). Vous avez donc dégusté vos rognons de veau l’un en face de l’autre, parlé de vos vies respectives et des poissons rouges que vous avez eu pendant votre enfance, vous avez même surement couché ensemble (sauf si vous faites partie de la fameuse Ligue des Mecs qui ne Couchent Pas At The First Date – LMCPATFD) et vous vous retrouvez le lendemain devant ce moment que nous connaissons tous.

Oui, ce fameux lendemain où l’on ronge d’envie de reprendre contact pour proposer une seconde rencontre mais où notre orgueil, notre égo ou notre timidité nous glisse à l’oreille que « de toute façon si il a apprécié le moment il fera signe de son propre gré » ; Oui ce fameux lendemain où l’on devient des ados prébubères qui téléphonent à leurs amis et qui les assènent de “tu penses que je devrais le rappeller ou pas??”, ou d’un “Oh il m’a juste répondu un simple – merci pour la soirée – il a pas aimé c’est sûr – je veux me suicider au Vicks!”.

Oui ce fameux moment où l’on se retrouve entre deux confluents : celui de l’envie et celui de la peur de la vulnérabilité, Oui ce troisième et ultime vicieux moment “D”. Vicieux pourquoi ? Parce que c’est celui qui fait le plus de victimes et c’est la phase où ressurgissent nos vieux démons. L’on renvoie la charge de la reprise de contact à l’autre en oubliant… que lui-même, dans la plupart des cas… opère ce même renvoi et le résultat est sans équivoque : deux garçons qui s’apprécient, qui ont eu un premier contact (moment “D” 1), puis une première rencontre (moment “D” 2) et qui de façon totalement stupide vont attendre passivement relance l’un de l’autre ; relance qui, dans bien des cas va être émise trop tard car les premières flammes se seront éteintes par dépit. C’est ça le lovegame.

Vous savez, je vous dis ça aujourd’hui avec un certain recul mais il n’y a meilleur (mauvais) exemple que moi dans tout Paris, que dis-je, dans toute la France de l’Univers Mondial pour illustrer ces moments “D”.

Oui, je ne prends jamais contact de prime abord ; « Jamais » n’est pas une hyperbole. Si, si je vous assure. J’ai beau traîner sur tous les sites de rencontre depuis l’âge de pierre d’internet, je n’ai jamais pris l’initiative d’aborder des profils qui m’attiraient, victime de cet égo ou de cette peur … disons le franchement… de se prendre un râteau. Oui donc, en matière de rencontres, il y’a des chasseurs qui vont en quête, une carabine à l’épaule, moi je suis un pêcheur … qui attend… comme un idiot certes… mais qui attend.

L’avantage de cette méthode est évident : aucun râteau et boost de l’égo garantis. Le désavantage est tout aussi évident : l’on passe à côté de belles occasions car on oublie aussi que certaines personnes préfèrent la canne à la pêche à la carabine, tout comme nous. Si donc, déjà, derrière la sécurité de mon écran d’ordinateur je n’ai pas le courage de prendre des initiatives, imaginez-vous donc un peu l’état de stase dans lequel je plonge lorsque je suis l’objet de regards insistants dans les transports ou en société.

Je suis aussi toujours celui-là, lorsqu’un poisson mord à l’hameçon qui ne donne jamais l’impulsion d’une rencontre, toujours rongé par l’égo, la peur de déplaire, ou finalement même de plaire.

Et encore ce même-là qui après une première rencontre des plus prometteuses… attend bêtement et naïvement relance et à qui il ne reste que l’humour ou ce blog pour partager avec ironie ces sms que l’on reçoit souvent bien trop tard…

Finalement c’est cela le lovegame, le loto des rencontres, on tire de temps en temps les bons numéros, mais on perd si souvent le ticket gagnant, mais encore faut-il accepter de rentrer dans le jeu et d’en assumer les aléas…

Retrouvez moi sur Twitter ICI (rassurez vous je ne tweete pas tous les jours sur Matt Bomer.. ou presque) ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2 3 > >>