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Saisine du Conseil Constitutionnel pour les Nuls

Publié le par Dorian Gay

Saisine du Conseil Constitutionnel pour les Nuls

Ce jour est un beau jour, c’est un jour historique – Mais il est utile de se rappeler que même si Messe est dite, le vin n’est pas encore totalement tiré : les « antis », députés de l’opposition à qui l’on doit, je l’admets, reconnaître une certaine ténacité, une relative’obstination et un réel acharnement, ont saisi, ce jour même le Conseil Constitutionnel, invoquant la prétendue inconstitutionnalité de cette loi.

Pour célébrer les premiers mariages il faudra donc user d’un peu de patience, et en attendant penchons-nous en plus en détail sur cette saisine et analysons les prétentions de « l’ultime recours » des détraqueurs Pétrarque du texte et pour une fois que mon métier de Juriste peut être utile, usons, usons-en.

Que va-t-il faire là ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

« Comment ? » est la première question que les néophytes m’opposent. Il faut savoir que le Conseil n’a vocation qu’à déterminer si une loi adoptée, mais non promulguée est en conflit avec une disposition de la Constitution, texte suprême. Par ailleurs ce conflit doit être indéniable et reposer sur du droit, et non des faits. Il n’a, en effet, que faire que Rigide ait réussi à rassembler 2 millions de manifestants dans la rue ou que 40% des députés aient voté contre le texte. Que du droit, que du droit.

« Quand ? » est l’une des questions que l’on se pose le plus. L’article 61 de la Constitution nous précise que le Conseil constitutionnel doit statuer dans le délai d'un mois, il a donc jusqu'au 23 mai 2014.

Le président de la République a dix jours pour promulguer la loi après la validation des Sages. Pendant ce délai, trois textes seront préparés, a indiqué la Chancellerie : tout d'abord, un décret d'application de la loi, signé du Premier ministre, pour modifier les règles relatives à l'état civil. Le Conseil d'Etat disposera alors de trois semaines pour se prononcer sur ce décret.

Ensuite, un arrêté du garde des Sceaux sera rédigé afin d'indiquer aux mairies, imprimeurs, éditeurs de logiciels quelles sont les mentions à modifier sur le livret de famille. Enfin, une circulaire sera adressée par Christiane Taubira aux parquets, pour qu'ils puissent exercer leur contrôle sur les maires et officiers d'état civil. Ces dispositions visent à permettre l'application de la loi dès sa promulgation par François Hollande.

Comment saisit – on le Conseil ? En avaient ils le droit ?

Le Conseil constitutionnel ne peut pas s’auto-saisir. La saisine ne peut être l’œuvre que de quelques autorités : le président de la République, le Premier ministre, le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale, une coalition de soixante députés ou soixante sénateurs. Les députés ayant voté contre le texte et à l’initiative de cette saisine remplissaient cette condition d’effectif. Ipso facto et In concreto, on ne peut donc que leur concéder la régularité de celle - ci

Pour vérifier de la constitutionnalité d'une loi, le Conseil constitutionnel doit être saisi après le vote de la loi par le Parlement mais avant la promulgation par le Président de la République. Cette seconde condition de délai est donc remplie.

Pour quelles raisons une loi peut-elle être déclarée inconstitutionnelle ?

Pour quatre raisons : l’incompétence, le vice de procédure (ce sont les irrégularités commises durant la procédure législative, et notamment la méconnaissance du droit d'amendement, chose dont ils ne pourraient se prévaloir je crois bien…), la violation de la Constitution (il s'agit principalement du non-respect des droits fondamentaux) et le détournement de pouvoir.

Concrètement, qu’est-ce que les antis reprochent au texte ?

La soupe est froide, mais ils la réservent quand même. Sans aucune surprise, les Sages du Conseil voient des arguments-types pour la énième fois martelés.

  • « Mais vous n’aviez pas le droit ! » : Les député-e-s estiment que «l'adoption du texte est entachée d'illégitimité» parce qu'aucun «organisme ayant une compétence réelle en matière familiale» n'a rendu d'avis favorable, que le Président de la République a fait preuve d'hésitation, allant jusqu'à parle de «liberté de conscience», que le gouvernement a refusé de recourir au référendum…

Ils s’agit là de faits, or comme je l’ai déjà précisé, le Conseil ne statue pas sur des faits mais du Droit pur, nonobstant la faiblesse passagère du Président de la République, du silence desdits organismes et le refus du recours au référendum.

  • « Mais vous êtes allés trop vite ! » Les député-e-s considèrent également que l'accélération du calendrier après le vote au Sénat n'était pas justifiée. Ils/elles invoquent aussi le «non-respect du droit d'exercice du temps exceptionnel par un président de groupe», en l'occurrence Christian Jacob, qui a fortement insisté sur ce point lors des dernières heures des débats en fin de semaine dernière.

Ouf, enfin un point de Droit, je n’y croyais plus. En effet « Une fois par session, un président de groupe peut obtenir, de droit, un allongement exceptionnel de cette durée dans une limite maximale fixée par la Conférence des présidents ». Or, lors de la Conférence des Président du lundi 15 avril 2013, convoquée en urgence pour organiser la seconde lecture du projet de loi déférée, la majorité a décidé de recourir au temps législatif programmé, et a refusé au Président du Groupe UMP d’exercer son droit, certes, mais comme cela est clairement statué, la Conférence des Présidents a tout pouvoir, tant que toute décision est votée à la majorité, même lorsqu’il s’agit de bâillonner un peu plus un érudit. Il n’y a donc pas méconnaissance d’un droit mais plein exercice de celui – ci. Au demeurant, cela ne violerait même pas un principe Constitutionnel.

  • « Mariage = Homme + Femme » Le mariage civil républicain est l'union d'un homme et d'une femme», martèlent les député-e-s, estimant qu'il s'agit là d'un principe inhérent à l'identité constitutionnelle de la France. De même pour «l'origine sexuée de la filiation».

Je n’ai pas trouvé le fondement constitutionnel qui dirait que le mariage, c’est obligatoirement l’union d’un homme et d’une femme. Dans les textes de ce genre, il y a une présomption de constitutionnalité. Un texte ne peut être censuré que s’il brise une loi constitutionnelle de manière claire. Ce qui ne serait pas le cas de la loi Taubira.

Parmi les autres griefs, on retrouve le principe d'intelligibilité et de clarté de la loi, en particulier en raison du «découpage du sujet du mariage entre plusieurs textes de loi, l’un sur le mariage, l’autre sur la famille, tel que le Gouvernement l’a annoncé».

  • « Fameux Article 16 bis » L'article 16bis du projet de loi, cher à Hervé Mariton lors des débats, est ainsi visé: «Pour bénéficier en pratique de cette disposition, il obligera en premier lieu le salarié à dévoiler à son employeur son orientation sexuelle, en méconnaissance de son droit au respect de la vie privée qu’implique l'article 2 de la Déclaration de 1789, sauf à mettre l’employeur en situation de méconnaitre la nouvelle règle du code du travail par ignorance, alors que la liberté d’entreprise lui reconnaît un pouvoir de direction pour muter tout salarié, dans l’intérêt de l’entreprise».

C’est assez délicat…En effet, la rédaction de l'article 16 bis, inséré par l'Assemblée nationale en première lecture, posait une difficulté en ce qu'elle visait uniquement les salariés mariés ou pacsés à une personne de même sexe. Certains employeurs pourraient alléguer du fait qu'un salarié n'est ni marié, ni pacsé pour le sanctionner en raison de son refus de mutation. Ainsi, les salariés homosexuels célibataires ou vivant en union libre ne seraient pas couverts par cette disposition, ce qui reviendrait à introduire une discrimination en fonction de la situation familiale.
Pour pallier à cette carence, le projet de loi est modifié afin que la mesure de protection soit étendue à l'ensemble des salariés homosexuels, indépendamment de leur situation familiale, ce qui devrait alors suffire à éviter toute ombre de discrimination.

  • « Oui, mais et les enfants ?! » Pour les députés d’opposition, l’ouverture de l’adoption plénière aux couples homosexuels est anticonstitutionnelle car source «d’inégalités» entre les enfants. «L’enfant adopté doit pouvoir se représenter ses parents adoptifs comme ses vrais parents, détaille Jean-Frédéric Poisson. Il doit exister, sur le plan psychique, une garantie de vraisemblance. Or, avec des parents de même sexe, l’enfant ne pourra se les représenter comme un couple parental réel.»

On peut soutenir qu'elle est contraire à l’égalité et à la dignité des enfants mais Je ne vois pas d’éléments juridiques qui permettraient de ne pas ouvrir l’adoption aux couples homosexuels. A la limite, philosophiquement, moralement, pourquoi pas ! Mais ces arguments n’ont pas leur place au Conseil constitutionnel.

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Mariage Pour Tous: le jour d'après - et maintenant?

Publié le par Dorian Gay

Mariage Pour Tous: le jour d'après - et maintenant?

Quand j’étais gamin j’adorais les films Disney. J’aimais ces histoires tantôt féeriques, tantôt contemporaines, mais toujours teintées d’optimisme, de merveilles pixélisées et de chansonnettes niaiseuses sur fond d’amour impossible. Ces histoires où, bien souvent, une méchante bonne dame à la voix criarde, veut en découdre avec une gentille-belle-blonde-princesse-un-peu-naive-et-qui-parle-aux-animaux.

Ces histoires qui finissent toujours bien, où l’on retrouve toujours celles qui perdent leurs pantoufles de verre après une soirée trop arrosée, où les petits garçons de bois un peu menteurs deviennent de vrais garçons de chair, où ceux qui croquent dans des pommes empoisonnées s’en sortent toujours in extremis grâce au baiser salvateur d’un éphèbe blond (qui, comme par hasard, est toujours jeune, célibataire, vivant dans un 300m2 édifié dans les nuages avec vue sur le Taj Mahal, et accessoirement pété de thunes). Bref ces contes télévisuels où les choses rentrent toujours en ordre, où l’intransigeance du karma n’oublie personne ; des Happy Ends en VHS quoi.

Gays, pendant toute notre jeunesse, notre construction sur le chemin d’acceptation de notre sexualité, un doute a souvent pesé, celui de la peur de l’avenir, que nous avons presque tous, à un moment ou un à autre, imaginé âpre, incertain ou bâti sur des clichés encore vivaces.

Stéréotypes d’avenir donc, avenir de stéréotypes : éternel célibat des homosexuels, prédestination pour des métiers artistiques et culturels, vie sociale trépidante, revenus supérieurs à la moyenne, succession d’aventures d’un soir, d’une heure, (et même de quelques minutes pour les plus expéditifs), PACS pour les plus vernis, solitude bien souvent… et la liste est loin d’être exhaustive mais bien excluante en ce que des mots comme Amour, Relation durable, Stabilité n y trouvent généralement pas leur place… Alors « Mariage »… « Enfants »… « Famille »… encore moins, vous vous imaginez bien. « Absurde » nous auraient rétorqué nos propres pairs, il y’a encore quelques décennies.

Si jeunes donc parfois et déjà promis à une vie standardisée. Une vie presque sans surprises, sans coups de théâtre – une vie, pour les plus rebelles d’entre nous, souvent marquée du goût amer de la frustration de l’inégalité, de la frustration du « non-choix » : non choix quant à la volonté de fonder légalement et pleinement une Famille, non choix quant à la volonté d’officialiser aux yeux de la loi un beau sentiment, non choix quant à la couleur des cartons d’invitation et du parfum de la pièce montée. Amputés du droit au choix, du droit à l’alternative, du droit à l’auto-détermination. Comme tout, on s’y fait, on digère, on assimile.

Votre mère se fait à l’idée que vous aurez peut être quelqu’un dans votre vie, qui sera « un concubin » au mieux. Votre grand-mère se fait à l’idée qu’elle n’aura pas de petit Thomas à babysitter et à couver de tendresse pendant les vacances scolaires. Votre père se fait à l’idée qu’il n’ira pas chercher Antonin le mercredi soir à la sortie des classes pour l’hebdomadaire balade au parc qui se finit pas une glace à la pistache. Votre patron se fait à l’idée que vous ne prendrez jamais de congés maternité/paternité, ni pour vos noces. Tout le monde s’y fait.

Après les remous d’une adolescence tumultueuse et rebelle et les premiers émois de jeune adulte, je ne me voyais pas échapper à ces carcans : en couple si j’ai un peu de chance – un PACS si j’en ai beaucoup – une vieillesse heureuse main fripée dans main fripée, déambulateur dans déambulateur, si j’en ai énormément. Point question de mariage donc, d’enfants encore moins. Pourquoi ? Parce que c’était comme ça et que je ne fais pas partie de ces braves-là qui vont outre le cadre législatif pour s’octroyer, en fait, ces droits. Mon père vous dira que je n’ai jamais su faire la part des choses : tout ou rien, rien à moitié, pas de verre à demi plein, pas de jambon sans couenne, pas de café sans sucre, pas de demie –victoire.

Cela se faisait ailleurs me direz-vous, dans des pays précurseurs, où j’aurais pu faire sauter ces verrous et me redonner ce choix dont j’ai été amputé ; mais je vous répondrais que c’est comme me sous-tendre que l’herbe est plus verte ailleurs – elle peut en effet l’être… mais souvent on préfère lorsqu’elle l’est juste en dessous de nos pieds nus.

23 avril 2013, nous disons enfin oui à cette loi, oui, cette loi qui aura vu, tout au long de ces mois, des vertes et des pas mûres, des cheveux décolorés et des crucifix, des visages tuméfiés et des accoutrements roses, des évanouissements sur les Champs et des ballerines dans des Assemblées Nationales. Elle aura essuyé les affres de la bêtise humaine dans sa quintessence et celles de la manifestation la plus sournoise de la haine la plus latente. Mais elle est là cette loi, elle est là, belle, fière, forte – elle effacera lentement les meuglements « Pas de mariage pour les pédés » par d’émouvants « Oui, oui, François, moi, ton homme, je te dis oui » et rien que pour cela ça en valait la peine.

Nous sommes donc lundi, la veille du vote. La loi, sereine dort une dernière fois sur les Tribunes froides de l’Assemblée Nationale et je suis ému et déstabilisé, presque euphorique. J’écoute Dire Straits, c’est vous dire… Pourquoi ? Parce que maintenant, j’ai le choix et ça change tout… cela change mon regard sur toutes ces 21 années où je ne l’avais pas ; cela change mon regard sur l’avenir, sur les marches de mon Hôtel de Ville, sur les Powerpoints pourris, sur tout. Les digues cèdent, les verrous sautent, les portes s’ouvrent et elles mènent à tous les chemins imaginables. Le sentiment de se sentir s’approprier cet aspect de nos vies est enivrant et libérateur. Libre, Libres – amputés réhabilités – Hommes entiers – Citoyens pleins.

Je pourrais mourir aux côtés de mon chat, célibataire endurci et refroidi par les turbulences d’une piètre vie sentimentale. Je pourrais répondre « non » à un garçon, genou à terre, bras tendu (séquence niaiseuse – bis) ou au contraire décider d’infliger à nos amis l’intégrale de Boney M et d’Aqua entre deux photos de mariage. Je pourrais divorcer à Las Vegas, après 3 jours et 11 heures de mariage comme Paris Hilton parce que « c’est cool » comme je pourrais porter un bel anneau argenté à l’annulaire pendant quelques bonnes années. le plus important, dans ces hypothèses quelque peu ubuesques est le choix, ce choix que je pourrais exercer et qui nous prouve qu’Egalité peut tenir en cinq lettres. Vous pouvez CHOISIR.

C’est peut-être pour cela que j’aime moins les films Disney : Happy Ends inévitables. Amour, Gloire et Beauté, version pré pubères, où tout est prédictible et linéaire et où les Princesses finissent toujours dans les bras imberbes de leurs Princes, sans choix, sans coup de théâtre, presque condamnées, et parce qu’au fond c’est beau, c’est joli, ça scintille, ça pétille… mais c’est triste.

Retrouvez moi sur Twitter ICI ; ou pouvez m’écrire àdoriangayparis@gmail.com

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Si jeune et déjà en retard

Publié le par Dorian Gay

Si jeune et déjà en retard

Je ne danse pas. Rarement, presque jamais. Je préfère regarder, avec envie, peut-être, je préfère regarder ces gens qui brassent leurs corps. Je m’assoie et je regarde, avec envie peut-être.

Je ne danse pas très bien. C’est pour ça que je ne danse pas.

Voyez la scène : je suis petit, j’ai des grands yeux avec de longs sourcils et un visage tout rebondi. Je suis en classe de 5ème, je suis timide comme un enfant timide, le genre d’élève qui n’a jamais posé une question en classe, de peur d’avoir l’air con. Qui rougit quand il entend les mots « homosexuel » et « garçon », qui tremble quand le prof lui parle.

Chez Papa-Maman, le téléphone sonne, c’est pour moi, c’est un petit garçon de ma classe, petit grasset sympathique qui ne m’intimide pas trop, parce que, déjà à cette époque, j’ai un faible pour les grands et maigres, qu’on ne vienne pas me dire que cela vient des stéréotypes des magazines et de la télé.

Le téléphone sonne, c’est pour moi, c’est un garçon.

Il veut m’inviter à une fête. Ma toute première fête. Par pur reflexe de gars timide, je dis non, je ne peux pas, désolé , peut être la prochaine fois.

Le lendemain de la fête, à l’école, le grasset plutôt sympathique vient me voir et me dit que j’aurais dû venir, que c’était bien fun, et que je n’avais pas à être timide car il n’y avait personne de la classe qui avait déjà dansé avant la fête. C’était leur première fois à tous.

Sauf que là, ils avaient tous dansé une fois de plus que moi. Si jeune, et j’avais déjà du retard. C’est intimidant. Il n’était pas question que j’aille à la fête suivante : ils savaient tous mieux danser que moi.

Et ça a continué comme ça des années, jusqu’à ce que je commence à danser, sous la pression sociale, quand j’avais 15 ans ou quelque chose comme ça. 14 ans peut-être. Avec tout ce retard, vous comprenez mon désarroi.

Tout ça parce que j’ai dit non à un garçon en 5ème… Tu parles.

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Sale Pédé

Publié le par Dorian Gay

Sale Pédé

TOUT COMMENÇA AVEC LE JOURNAL D'ANNE FRANK

Avec Eole nous sortons beaucoup – C’était donc un samedi pluvieux, il y’a quelques semaines – nous avions décidé d’occuper notre après-midi au Théâtre Rive Gauche où se jouait la pièce d’Eric Emmanuel Schmitt – Anne Frank, avec le monstre des planches, Francis Huster. La pièce était sympathique mais Eole était bouleversé, il avait passé sa matinée au cinéma où il avait assisté à la projection du documentaire de Sébastien Lifshitz, les Invisibles et m’en a parlé au café où nous nous rendîmes à la fin de la pièce.

De mot en mot, de soupirs en soupirs, de thé en thé, la conversation dévia vers ce sujet de société bien actuel : le Mariage Pour Tous.

Comme je l’avais déjà exposé dans un précédent billet, je me suis toujours tenu à l’écart du débat, évitant d’exposer mes convictions politiques, convictions tout court par rapport à ce droit que j’estimais déjà acquis. Il ne s’agissait pour moi que d’une question de temps, préférant donc adopter une attitude de totale équanimité en attendant et m’amuser des élucubrations et agissements risibles des Anti-Mariage.

Avec le relatif recul, je ne sais pas s’il s’agit d’un reflex de protection ou d’une réelle naïveté. Un peu des deux surement.

DORIAN AU PAYS DES MERVEILLES

Mon monde a toujours été une bulle, une bulle de douceur, de réconfort et de chaleur. Je n’ai presque pas eu à faire de coming out, mon homosexualité se lisant depuis tout jeune sur mon visage, mes choix vestimentaires et mes jouets de fille. Je n’ai jamais eu à me battre ou à souffrir de l’acceptation de ma sexualité par mes proches. Je n’ai jamais eu à prétendre vivre une vie qui n’était pas la mienne.

Je me souviens de ces brunchs familiaux le dimanche où tout naturellement, déjà à 10 ans je parlais à mes proches de ces garçons que je trouvais beaux à l’école. Je ne me souviens pas d’avoir été l’objet de remarques homophobes ou d’un sentiment de rejet, que cela ait été en société ou dans mes études. Jamais. Jamais.

L’homophobie était donc presque chimérique. On pense tout naturellement que l’on vit dans une société civilisée, contemporaine, moderne et décomplexée et l’on renvoie toute homophobie à des temps révolus au mieux, ou à ces gens qui vivent de l’autre côté du périphérique Parisien au pire.

Je ne connaissais pas. Les seules piqûres de rappel étaient télévisuelles par le biais de reportages divers traitant de la problématique. De l’homophobie LCD. De l’homophobie sur papier ou sur écran d’Ipad.

Ce n’est que la semaine précédente, à 21 ans, 4 mois et 11 jours que je vais essuyer mon premier « sale pédé », en plein Paris, à quelques pas du Marais, vers l’Hôtel de Ville, alors que j’attendais Thomas, en retard pour aller diner dans un restaurant pas loin.

Ce n’est que récemment, alors qu’Hugues me rendait visite pour l’apéritif en s’amusant à décoller les affiches de la Manif Pour Tous sur le chemin et se voyant pris à parti et agressé par deux femmes des beaux quartiers endimanchées l’ayant vu faire, que j'ai réalisé que cette homophobie avait un visage et qu’elle pouvait porter des carrés Hermès et des chignons.

Ce n’est que cette semaine, après ces affiches du GUD incitant expressément à la violence, les deux agressions homophobes qui animent nos réseaux sociaux depuis quelques jours, l’illumination de Chantal Jouanno, l’explosion des standards d’SOS Homophobie, le vandalisme contre la voiture de la sénatrice Esther Benbassa et l'espace des Blancs Manteaux où se tenait le Printemps des associations LGBT mais aussi les obstacles aux interventions d'Erwann Binet, que j’ai peur, réellement peur.

Ce n’est que cette semaine, me rendant à la Gare près de chez moi et en y rencontrant ces mêmes gens qui vous livrent votre courrier, qui vous vendent votre baguette de pain le matin, qui vous sourient d’habitude chez le traiteur italien pas loin, qui sonnent à votre porte à Halloween pour vous quémander des bonbons, qui vous envoient des cartes de vœux au nouvel an et qui se préparent, bariolés de bleu et de rose à se rendre à une manifestation contre un droit auquel vous prétendez, contre votre sexualité, contre vous en fin de compte, que l’on se rend compte que les masques tombent et que les langues se délient.

BOITE DE PANDORE ET MORPHOLOGIES

La boîte de pandore est ouverte. Ma bulle aseptisée et javelisée a éclaté. L’homophobie n’a pas un visage, elle en a plusieurs et c’est ce qui l’a rend aujourd’hui encore plus perverse. Elle a des rides parfois, un visage rebondi et poupin souvent. Elle s’habille tantôt en tailleur-smoking ou skets et casquette quand ça l’amuse. Elle peut gagner très bien sa vie et faire partie de l’intelligentsia tout comme elle peut vivre d’allocations et ne pas avoir fini ses études. Elle peut vivre dans les contrées les plus perdues de France tout comme elle peut occuper un appartement en plein Marais. Elle est métamorphe, transversale, pluriforme.

Cette homophobie est institutionnalisée, organisée, financée, médiatisée. Elle se cache derrière des couleurs pastels rose et bleu et des visages souriants d’enfants qui manifestent. Cette homophobie a une représentante officielle à qui le blond ne va pas du tout. Cette représentante qui porte très bien son quolibet, qui avant m’amusait et me révulse aujourd’hui. Illuminée crasseuse, narcissique, mondaine des bas-fonds et opportuniste de la première heure qui ne voit en cette situation qu’une occasion de se mettre sur le devant des projecteurs et d’une pseudo scène politique et de vendre des livres car les apéros au Ritz commençaient à l’ennuyer à l’amorce de sa ménopause. Celle-là même qui ne mesure pas la portée de ses actes, et dont le nom sera pour toujours marqué du sceau peu flatteur de l’obscurantisme, du remugle et de la décomplexification de l’homophobie. Au fond, j’espère qu’elle profite de ce moment de gloire, et j’espère vraiment que cette bonne dame a réellement la bêtise qu’on lui reconnait, car c’est le meilleur voile pour apaiser sa conscience et faire des nuits complètes.

J’en veux aussi aux responsables politiques – ceux là – tantôt molletons ou silencieux devant ces appels clairs à la violence – et qui font stagner le débat, resté bien trop longtemps au premier plan des préoccupations politiques. Rappelons que, tout comme le racisme, l’homophobie n’est pas une opinion, c’est un délit. Juriste et Gay, je ne peux qu’être choqué à double titre devant tant de placidité, tant de haine cautionnée.

J’en tire cependant quelque chose d’éminemment positif : le travail de l’histoire et du temps qui passe – ce travail impitoyable, inexorable et intransigeant qui saura, comme il l’a toujours fait, faire la part des choses, et à ce jeu-là, l’opportunisme et la haine ne paient jamais.

Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

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Les Hommes Préfèrent les Blondes : Joies et Malheurs de la Teinture

Publié le par Dorian Gay

Les Hommes Préfèrent les Blondes : Joies et Malheurs de la Teinture

«Les hommes adulent les blondes mais épousent les brunes » - Jackie Kennedy et Marylin Monroe ne contrediraient pas l’imagerie populaire, ni l’étude de l’Université britannique de Westminster, qui vient d’être publiée dans le Scandinavian Journal of Psychology.

Qui sont ces blondes ? Ce sont ces femmes – fantasmes, symboles de féminité, de fraîcheur de légèreté et de glamour, de simplicité et de sexualité. Ces femmes vénéneuses, acides, toxiques, mortelles – qui peuvent vous faire perdre la tête ou vous la dévorer avec avidité, telles des mantes religieuses après copulation. Elles fascinent donc, elles attirent, elles séduisent mais elles font peur – elles ne riment pas avec stabilité, sérieux, engagement, couple, soumission, vie rangée de banlieue chic et brunch familial tous les dimanches matins. On les préfère donc généralement comme exquises maîtresses ou déesses d’ivresse plutôt que femmes au foyer chrétiennes du dimanche et intellectuelles compétentes, ce qui est selon les stéréotypes, un privilège plutôt de brunes.

Parce que quand on est mondain, carriériste, physiquement pas mal fait, décomplexé (multidater), libre, impétueux, vif et festif, sexuel et séducteur comme je peux souvent l’être – on est blonde. Je suis blond. Oui, ma couleur de peau ne s’y prête pas, ni celle de Nicki Minaj d’ailleurs – mais c’est comme ça, je suis blond. Je renvoie en tout cas, l’image stéréotypante de la blonde.

Mais au fond, oui plus profondément, je suis brun, j’ai des désirs de brun, des aspirations de brun, des rêves de brun, la complexité de brun. Piège donc volontaire ou subi d’une image et d’un style de vie. Garçon à l’apparence superficielle mais insondable. Sans doute, il a toujours été plus facile d’assumer mon style de vie léger et de faire retenir aux gens qui ont croisés mon chemin des mots comme « élégance », « mondanités » et « sourire full bright » plutôt que « précocité », « sensibilité » et « générosité ».

Parce qu’inconsciemment je vais avoir peur d’effrayer mon auditoire en m’étalant sur mes considérations politiques ou sur mes avis poussés en matière d’art, d’histoire ou de sujets sociaux, ce que j’apprécie pourtant, et plutôt préférer m’égosiller sur le dernier défilé Céline.

Parce que je vais omettre de parler de mon safari humain et humanitaire inoubliable d’un mois entier en Afrique de l’Ouest entre les ronces, la poussière, le sourire des enfants, la chaleur touchante des locaux, mais préférer le confort de l’évocation de péripéties Tropéziennes.

Parce qu’une partie de mon entourage ne pourrait m’imaginer être l’auteur de l’exercice de style auquel je m’adonne sur ce blog – être celui qui peint le portrait de ce Dorian si singulier, si atypique et si profond, m’imaginant plutôt enchaîner les Ventes Privées.

Parce qu’inconsciemment je fais vite oublier à ce qui me rencontrent que j’ai fini HEC à l’âge où certains passent le Bac et qu’ils retiennent mieux le nombre ou la beauté de mes amants.

Parce que les garçons qui viennent à moi aiment le blond et l’univers qui y est rattaché – ceux avec lesquels j’ai fait un bout de chemin avaient eu une sorte de sixième sens, d’intuition qui leur a permis de sonder le brun.

Parce qu’être blond c’est facile – sans risque immédiat et ça plait, cela attire du moins, certainement plus que l’aura complexe et sibylline que je m’évertue à étouffer. Parce que c’est simple d’être un tant soit peu « beau et de se taire ».

Beau tableau que d’être blonde – encore faut-il en être une vraie – mais moi, je suis un brun infiltré. J’aimerais pouvoir laisser accepter ma vraie couleur s’exprimer – ma vraie complexité s’affirmer – quitte à faire peur oui, oui comme toutes ces années d’enfance où je fus le génie-sensible et compliqué dans un monde de superficialités. J’aimerais qu’on puisse être attiré par le produit lui-même et non par le packaging. J’aimerais avoir et assumer l’aura de ces brunes qu’on épouse et ne plus faire partie de ces blondes fantasmagoriques qui attirent et qu’on admire mais ne retiennent pas ou du moins pas pour les bonnes raisons…

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Entre cinq eaux

Publié le par Dorian Gay

Entre cinq eaux

Dans la merveilleuse petite vie de Dorian il y’a pas mal de choses, les parfums, le Signal White Now, les magasins, les livres, les pots de glace, Nougat l’ours en peluche borgne, le chat, les bougies parfumées, les garçons, les garçons et surtout les garçons les samedis.

Ces garçons il y’en a de toutes sortes : des grands, des petits, des colorés, des pâles, des barbus, des lisses, des garçons amoureux, des garçons attachants – Bref, le panel est large.

Il y’a donc aussi les samedis, ces journées que l’on consacre souvent à procrastiner, ou pour les plus vaillants à entretenir un minimum de lien social.

Ce samedi de pâques devait être pour moi un samedi comme les autres. J’aime quand les choses sont à leur place, quand le rouge est rouge, quand le propre est propre et quand mes samedis sont mes samedis. J’entrevoyais donc une journée lascive où j’aurais demandé asile dans un café et enchainé les macchiatos – bon livre en main – pieds sur un pouf – Norah Jones dans les oreilles - Grindr en fond. J’aurais baisé aussi peut être, j’aurais aussi fait les boutiques, j’aurais aussi vu Bradon, ce très bon et bel ami Indien rencontré sur les bancs d’HEC et avec qui je finis généralement mes journées du samedi devant un succulent agneau vindaloo à parler de voyages, de nos vies, de sexe, de mocassins, d’argent, d’argent, et de mocassins.

Le problème c’est que ce samedi-là n’était pas comme ces autres samedis. Nous passons à l’heure d’été et Jésus a ressuscité il y’a deux millénaires.

Il est 11h37, la température extérieure est de 2°C, l’humidité de 67%, le vent souffle à 17km/h. J’enclenche l’alarme en sortant de chez moi, tourne la clé dans la serrure, ça fait clic, j’appuie sur la poignée pour vérifier. J’ai pris mon sac de weekend : « L’amour dure trois ans », un parfum, mon stick à lèvres, mon portefeuille, une huile, mon casque audio, ma carte de fidélité au Starbucks.

11h39 mon téléphone sonne – numéro étranger – indicatif Suisse – voix masculine : « Hé ! Je suis à Paris pour le Weekend ! Il faut absolument que je te vois ! ». Sébastien – 29 ans, 1m84, 72 kg, brun, yeux bleus, groupe sanguin O+ et à ce jour garçon le plus beau que le hasard des rencontres et des tchats m’ont amené à connaitre. Nous avions passé quelques semaines à converser par sms mais il n’avait pas prévu de passer sur Paris dans les mois à venir –cela était donc voué à stérilité et je n’étais pas vraiment très enjoué dans nos dialogues, mais il me plaisait bien, non beaucoup, non énormément.

Rendez-vous donné à 15h devant l’Hôtel de Ville. « let’s be spontanious » disait-il. Spontané il l’était, il était venu à Paris sur un coup de tête, sans plans, sans programme, rien, nada. « Tu m’occuperas… » a-t-il dit en raccrochant. Tout mon contraire en somme – éternel duel de l’organisateur psychorigide et de l’impulsif-instinctif-irrationnel. Au fond je jalouse ce type de personnalités. Je lui propose Boutiques pour commencer, je ne suis pas le meilleur guide en la matière pour rien.

14h55, je vais acheter des cigarettes. Non, je ne fume pas. Je suis juste stressé. Par ailleurs, fumer, ou du moins prétendre fumer permet d’avoir une justification pour s’éclipser quelques minutes et s’aérer l’esprit dehors.

15h02, j’arrive devant. Je me mets sur la pointe des pieds pour lui faire la bise, il me fait un câlin à la place. Je suis bouleversé, bouleversé par l’anéantissement immédiat de mes défenses, de ma froideur, de ma protection, du pouvoir de mes foulards – la glace est brisée. Il est beau – je sais qu’il m’arrive assez souvent de gratifier mes rencontres de cet adjectif mais il est vraiment, définitivement, absolument beau. Mélange de beauté méditerranéenne et nordique – yeux d’un bleu presque plasma – sourire de journaliste Américain. Il est beau.Trop beau

Il n’y a aucun silence, aucun blanc, nous nous mettons à converser comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Nous allons au BHV, rue du Temple. Quand vous êtes avec un garçon d’une telle beauté dans un tel lieu vous ne passez point inaperçus et les vendeurs, réputés pour leur snobisme se bousculeraient presque pour vous être d’une quelconque utilité. Nous en ressortons chargés. Il a faim, nous allons manger dans un restaurant pas loin. Nous parlons, de choses superficielles au départ comme nos boulots, nos voyages, nos gardes robes puis nous nous livrons progressivement sur des choses plus intimes et profondes. Il est touchant. Encore plus touchant lorsqu’un groupe de 4 personnes pénètre dans le restaurant déjà bondé sans y trouver places suffisantes et leur propose spontanément d’échanger nos tables, la nôtre étant plus grande.

17h30 – nous sommes assis sur les marches de l’Hôtel de Ville, je fume, il boit un café. Il veut boire des mojitos, je l’emmène au Spyce, lieu dans lequel je n’avais encore jamais mis les pieds mais qui était réputé servir des mojitos pas trop dégueulasses.

Un, deux, trois, quatre… les verres s’enchainent – nous parlons, rions, déconnons, ce qui a l’air s’insupporter les gens autour, afficher sa joie n’est pas de bon ton semble-t-il.

20h, une main frôle lentement mon épaule, je me retourne – Pierre, mon ex – perdu de vue depuis un an après avoir très mal digéré notre rupture. Les dernières rumeurs disaient qu’il vivait à Bruxelles depuis lors. Je reste stoïque, je ne réalise pas, convaincu que c’est l’alcool qui me joue des mauvais tours. Il me fait la bise, il est avec un garçon, il serre la main à Sébastian. Nous balbutions quelques salutations de convenance, quelques marques d’étonnement – dessinons quelques sourires. Ils se mettent à la table juste à côté.

« Un autre mojito s’il vous plaît – un double » - j’explique la situation à Sébastian, il éclate de rire, il prend ma nuque, m’embrasse pour la première fois, il rit.

Thomas l’Anglais m’appelle, je lui propose de nous rejoindre, il vient avec sa fille à Payday, Aurélie. Le courant passe instantanément, nous enchainons les boutades et les rires. Thomas me propose de nous écarter du groupe et de fumer une cigarette devant l’entrée. Je le suis.

  • Il est beau. Vous vous êtes rencontrés comment ? vous faites quoi ce soir ?
  • Il est bourré, je ne peux pas le laisser sortir dans cet état. Je pense que je vais le raccompagner à l’Hôtel
  • Il est mieux que moi ?

S’en suit une conversation assez animée dont je ne retiens que quelques brides et l’objet principal : Thomas, un de mes meilleurs amis, me fait une crise de jalousie et m’avoue à demi-mot des sentiments que j’avais jusque-là totalement insoupçonnés. Après la visite surprise de Sebastian, cette journée quasi irréelle, Pierre mon ex qui sirote son Cosmo juste à côté, il ne manquait plus cela. Je préfère mettre ces aveux sous le coup de l’alcool. Nous rejoignons les autres.

J’en ai marre, j’étouffe, je propose au groupe de quitter les lieux, il est presque 23h. Sébastian me tient par la main. Elle est incroyablement chaude.

Nous arrivons à l’Hôtel, il s’effondre sur le lit, se déshabille. Je tiens à peine debout aussi mais ne tiens point à m’imposer dans ces circonstances :

« Me voilà rassuré de te savoir rentré – je file »

« Reste avec moi – viens » - il tend sa main

Je reste là – à moitié dans le noir, mon regard dans le sien, je ne réagis pas – quand je vous dis que la spontanéité ça me connait…

« Allez… »

00h11, ma tête est dans le creux de son cou, sa main sur mon épaule, son corps collé au mien.

Pas de sexe – rien… absolument rien. Juste un très long câlin chaud teinté de douceur et de Just Different d’Hugo Boss et ponctué par quelques souffles et quelques baisers sur le front.

Je sors du lit à 5h pour prendre une bouteille d’eau dans le minibar et en profite pour vérifier mes sms :

Pierre (l’ex) :

SMS 1 : Hello toi. Je ne vais pas te déranger trop longtemps mais les rencontres à l'improviste sont les meilleures… Ça m'a fait plaisir de te revoir, ton visage et ton sourire sont toujours aussi angéliques. Par contre il faisait la gueule ton copain quand tu m'as présenté, cela n’est point étonnant

Au plaisir d'une rencontre de nouveau à l'improviste

Pour info je suis présent sur Paris jusque Lundi 19h15, si tu veux aller boire un verre fais-moi signe

Bisous

Delicioso (L’Argentin – Présentateur à France Télévisions – voir billet sur le multidating) :

SMS 2 : Ta nouvelle photo est magnifique. Je revois quand ? (perdu de vue depuis quelques semaines)

Julien (aventure perdue de vue depuis 5 bons mois)

Salut, comment vas-tu ? Cela fait longtemps je sais… Je suis plus sur Grindr au cas où tu te serais posé la question mais comme tu peux voir… je ne suis pas prêt de te lâcher… après si je reviens trop tard, dis le moi, je ne t’embêterais pas… Bonne nuit

Je me remets dans le lit mais je n’ai plus vraiment sommeil. Je le regarde dormir, les yeux clos, la respiration constance. C’est un passe-temps exquis.

9h27 – Il dort encore, je prends une douche, me prépare à rentrer. Il balbutie un « câlin ! » ensommeillé. Je souris. Câlin de 47 secondes. Oui je les ai comptés. Je referme la porte.

Dans la petite et merveilleuse vie de Dorian il y’a pas mal de choses : les boutiques de déco, le magazine GQ, les chansons de Norah Jones, les gambas fraiches, les chaussures, les expos, la vie sous –marine à L’Anse du Colombier à St Barth, les macarons, les poissons rouges, les garçons du samedi qui ne sont pas comme les autres samedis.

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Nos Petites Vies Virtuelles - Rehab I Said No No No

Publié le par Dorian Gay

Nos Petites Vies Virtuelles - Rehab I Said No No No

C’est un monde comme le vôtre, mais pas tant que ça.

Un monde de gens ordinaires, comme vous, pleins de frustrations, de chewing-gums collés sous les bancs des parcs et de nids-de-poule dans les rues. Un monde de larmes et de rires, de smoothies à la fraise et de gin-tonic, un monde d’argent et d’argent.

Un monde de gars et de filles, de filles et de gars, de filles qui aiment des filles et des garçons qui aiment des garçons et de tout ce qu’il y’a entre les deux. Un monde d’images et de sons. Je vous jure que c’est un monde qui ressemble beaucoup au vôtre. Sauf que.

Sauf que, dans ce monde-là, les raisons ont tous des pépins, le papier toilettes est toujours au bout du rouleau et les cravates sont toutes à pois. Dans ce monde-là, le temps s’arrête de temps en temps, histoire de laisser le monde respirer, histoire de calmer la vie qui trépigne un peu trop.

Dans ce monde-là, il y a moi. Minet ordinaire, pas grand-pas petit, pas trop con, pas trop mal fait mais sympathique. Moi qui me demande du fond de mon appartement ce qu’il peut bien avoir de si tripant à l’extérieur.

Moi, à qui Internet, mon Mac Book, Grindr et ma Nespresso suffisent.

Le problème avec toutes ces choses c’est qu’elles peuvent devenir vos amis. Et quand elles deviennent vos amis, forcément, vous leur faites confiance. Ce qui signifie que quand Internet vous dit qu’une belle fille c’est une fille de publicité pour Gemey Maybelline ou qui se déhanche en franglisant un « J’adore Dior », et qu’un beau garçon c’est celui qui répond « What Else ? » dans une réclame pour du café, et bien vous le croyez. Et plouf, vous voilà plongé dans le triste ravin de l’illusion d’optique. De l’illusion tout court. Et quand, dans ce ravin là, vous croisez quelqu’un de vrai, ce quelqu’un est ordinaire. Trop ordinaire. Ryan Gosling dans The Place Beyond The Pines, les Ephèbes dans Dante’s Cove, Les sculptures qui font la frontpage de TETU ou de Vogue Hommes Intl. Tout ce qui est dessiné et qui a de belles boules (vous avez le choix de l’interprétation à ce niveau) et qui se dandinent devant vos yeux LCD ou Plasma. La nouvelle réalité. La vôtre. Celle qui rend l’ancienne plate à mourir.

C’est dur l’amitié. C’est dur l’amour.

Aujourd’hui c’est samedi, et je devrais aller au supermarché, ou du moins commander sur internet et me faire livrer. Mais il fait froid, et je suis paralysé. Paralysé non physiologiquement mais psychologiquement. Alors fuck le supermarché, ce sera smoothie et derniers macarons Hermé qui trainaient.

Il est 13 heures, c’est l’heure de se lever, puis marche de la chambre au bureau adjacent. Quoi de mieux que l’exercice pour se maintenir en forme ? Je suis un gars ordinaire avec mes rêves et ma collection de foulards et de chaussures, avec mes joies et mes surprises. A mon arrivée dans la pièce qui me sert de bureau, le Mac s’illumine de joie, le smartphone aussi – salutations et témoignages d’affection. Mes amis et moi sommes en route pour une autre journée pleine d’inaction – de tchats virtuels, de visages pixelisés. Nous sommes en 2013, personne ne drague plus ou ne se fait plus draguer dans ce qu’il reste de la « vraie » vie. Nous faisons tous online, agrippés à nos smartphones ou avachis devant nos écrans d’ordinateur. Ceux qui daignent encore mettre les pieds dans de vrais lieux physiques dédiés, et draguer à la « old school » s’aperçoivent généralement assez vite que ceux qui les entourent sont bel et bien physiquement présents mais tous éblouis par le rétroéclairage de leur smartphone où tourne en fond Grindr. Bref.

- Page temporairement indisponible – veuillez vérifier votre connexion internet. Pire mon ordinateur bugge et ne répond plus à mes cliquetis sur le clavier. Drame intersidéral.

J’attends une minute, deux, cinq, cent vingt. Toujours rien. J’ai mal aux pouces à force de me les tourner, mal aux yeux, à l’égo, au cœur, au sexe et au cerveau de ne rien avoir à les offrir à manger. J’ai besoin de voir des pseudos, des images de torses nus décapités, d’images en rafale, de conversations niaiseuses ou stéréotypées. J’appelle mon meilleur ami, Ingénieur Informatique. Il ne peut pas venir aujourd’hui mais il me donne le contact d’un de ses proches amis, que je ne connaissais que de prénom, réputé habiter près de chez moi et qui pourrait m’aider après ses recommandations.

Ça sonne.

- Euh, salut, c’est Dorian, pas « Dori-anne », j’anticipe. l’ami à Hugues, je t’…

- Oui, oui je sais, il m’a prévenu. Tu ne me déranges pas.

- Je n’ai pas posé la question…

- J’anticipe aussi ! Problèmes avec ta connexion internet donc ?

- Oui, mes voisins n’ont pas de souci, je pense donc que cela vient de ma box. En plus mon Mac bugge, il ne répond plus. Tu me sauverais si tu pouvais intervenir. Je créerais une religion animiste et je t’érigerais en dieu que je louerais chaque matin.

- Ha ha ha. Bien trop d’honneur. Je pourrais voir ce que je peux faire pour le bug mais pour la box et ta connexion, je crains que tu aies à appeler ton assistance technique. Tu habites où ?

- Boulevard Lannes. Pas loin de …

- Ah oui, je vois, c’est faisable en 6 minutes à pied

- Parfait. Et tu pourrais venir quand ?

- Là, le temps de sortir mon chien

Il sonne à la porte, j’accoure vers mon sauveur, Il est beau, fin et tout gêné, quelques clics et miracle : plus de bug, j’appelle l’assistance technique pour la connexion internet, ils disent que la connexion est mise à mal par un défaut technique généralisée et que cela sera rétabli d’ici demain, je suis content même si j’ai mon ordinateur sans la connexion, nous prenons le thé. Ça fait bizarre de rencontrer des gens dans la vraie vie et de façon aussi originale. Il m’invite à prendre l’apéro chez lui le soir même « pour éviter de me morfondre chez moi tout seul et de sauver un jeune homme du suicide ». Je ris, j’accepte.

Il est 20h01 et dans deux minutes je vais cogner à sa porte. Je me suis préparé pendant une heure, ça fait longtemps que je n’ai pas eu de date aussi naturel, vrai et spontané, je ne sais plus comment cela est sensé se passer mais je rappelle qu’il faut que je sois beau. Alors je me suis préparé tout bien, tout longtemps et je ne me trouve pas mal ; en tout cas je sens bon.

Il est 20h02 et je me demande si j’ai mauvaise haleine. Je fouille dans les poches de mon trench, je trouve un fond de boite de Tic-Tac surement périmés depuis le temps, mais bon cela fera l’affaire.

Il est 20h03 et je cogne à sa porte. Je sonne, il n’a pas répondu au cognement. La porte s’ouvre et c’est lui : il est tout beau, tout souriant, tout sent-bon.

On a bu du porto et on n’a parlé des émissions que nous regardions, d’Almodovar, de Nabila, des Pubs Dolce & Gabanna, du Franprix d’à côté. Quand je suis rentré chez moi, il devait être 4 heures du matin. Mes pas résonnant sur le pavé humide, j’ai pensé à lui. On avait baisé comme dans Bleu Nuit, doucement et dans le noir, j’avais passé une belle soirée.

Je me suis couché en diagonale dans mon lit, à moitié habillé, l’autre moitié heureux. J’ai fait de beaux rêves.

Clic. Le temps qui reprend.

C’est dimanche, il est 14h, je me réveille. J’ai envie de pisser, j’ai les yeux collés. Débarbouillette, la vie qui se réveille, je prends un paquet de toasts dans la cuisine, lance ma machine à café, et, dans le bureau, j’allume mes amis.

Yes ! Internet est revenu - trêve de réalités, retour à la vie virtuelle.

Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

Song: After the Fall - Norah Jones - 2012

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Il Parait Que J'ai de Belles Fesses

Publié le par Dorian Gay

Il Parait Que J'ai de Belles Fesses

Il parait que j’ai de belles fesses. Il faut alors présumer que les clichés sur les Brésiliens ne sont pas aussi édulcorés ou hyperboliques que cela. J’ai de belles fesses donc. Un beau regard aussi. Une peau douce aussi à ce qu’il parait. En tout cas Samir vient de passer deux bonnes heures à me conter de tels éloges.

Il en 23h00, j’ai froid, je marche, j’engloutis ces 8 minutes qui séparent ma maison de la gare où je viens de raccompagner Samir. Mes pas résonnent dans la nuit, je suis emmitouflé sous mon écharpe et mon manteau. Mon propre parfum, Arpage de Lanvin, connu pour sa lourdeur, m’étouffe, mon jean slim me compresse, ma chemise m’étrangle. Les ruelles sont vides, j’ai envie le temps d’une seconde de me mettre en plein milieu de ce boulevard désert et de compter les minutes qui me sépareraient de l’éventuel passage d’une voiture qui me faucherait. Je me ressaisis, je continue à marcher. Je passe devant toutes ces belles maisons du Domaine Privé dans lequel j’habite, devant ces voisins souvent anonymes qui, à 21h sont déjà dans les bras de leurs époux/ses ou de Morphée. Je ris. J’accélère le pas. Je tourne la clé dans la serrure. Le chat miaule. Je me déshabille complètement. Me masturbe. Eponge la flaque de Côtes d’Ormes sur la moquette – œuvre de la maladresse de Samir. Je prends un verre de lait, m’allonge sur le divan, allume une bougie, pose mon ordinateur sur les genoux, me remémore cette soirée – rictus – je commence à écrire.

Plus tôt dans la journée, alors que je revenais de mon traditionnel cours de Golf du mercredi après-midi, mon téléphone émet le bip reconnaissable parmi mille de la notification de la réception d’un message sur une appli de rencontres gay qui n’est plus à présenter. Franco-Marocain – 27 ans – 1m78 – il m’aborde avec « brun ténébreux très sexy. Envoie-moi une photo de ton beau visage et je te montrerai beaucoup plus...;) ». Généralement, les garçons qui s’autocongratulent ou qui s’affublent d’adjectifs flatteurs m’exècrent mais lui, lui... ; avait toute légitimité pour clamer haut son physique parfait. L’on devinait de l’unique photo reçue de sa part, des cils interminables, réminiscences de ses gènes Arabes, des cheveux noir jais, un sourire – poignard, un buste fort et puissant. Il m’intrigue, Il m’amuse, Il m’excite. Je joue le jeu – le jeu me joue. Il me rappelait fortement et étrangement Ramy, ce libano-iranien, beauté perse sculputurale, premier amour d’adolescence – première déchirure, premiers oreillers mouillés d’amour. Mais Samir était encore plus beau.

Nous échangeons nos numéros de téléphone, il me contacte à la suite – nous échangeons quelques banalités. Je l’invite chez moi le soir même à 20h. Il accepte et me promet ponctualité. J’en suis amusé, j’en deviens niais, les ‘’lol’’ et les ‘’mdr’’ s’entremêlent. Les « j’ai envie de toi » et les « je vais te démonter » aussi.

Je referme le rideau de douche derrière mon corps nu, l’eau est chaude, je continue à penser à lui – partagé entre surprise et intrigue. Je m’habille, allume quelques bougies parfumées et un bâton d’encens, lance la lecture du dernier album de Woodkid, descend à la cave pour en remonter le bon vin, m’allonge livre à la main et l’attend. Il m’envoie plusieurs messages anticipant et s’excusant du léger retard qu’il aura. J’en ris – je suis touché par ces attentions bien trop rares.

Il sonne à ma porte – salutations expéditives – il me suit à l’intérieur, s’assoit sur le canapé, moi sur le divan en face. Il est beau, incroyablement beau, effrontément beau. Chaque regard porté sur moi devient lancinant, son parfum commence lentement à embaumer les lieux déjà bien dénaturés olfactivement par divers artifices. Je lui propose un verre de ce Côtes d’Ormes 2009, il refuse poliment et avance des justifications culturelles et demande plutôt un verre d’eau. Je boirais donc ce vin seul, cet elixir qui au fil des minutes qui passeront, au fil des grammes d’alcool s’accumulant entre mes veines, relèveront le pudibond impudique qu’il m’arrive d’être. Il se lève s’approche – me caresse – commence à se déshabiller – je l’imite. Ce moment est bizarre, solennel, étrange. Il m’étreint et s’allonge sur le dos. Je le suce – profondément, longuement, avec gourmandise et sadisme. Il gémit, il exhale. Il pose sa main sur ma tempe, retient mes mouvements, se relève, appuie sa main sur mes hanches, me fait allonger sur le ventre, s’allonge sur moi, débute de lents mouvements avec son bassin, qui deviennent de plus en plus énergiques. Son souffle se raccourcit, ses mouvements se font presque incontrôlables. Il s’arrête brusquement, se redresse, s’adosse sur le rebord du canapé : « désolé je ne peux pas… ».

Sonné et alcoolisé je ne comprends pas, je me relève presque en sursaut, l’air paniqué.

« Non, non ce n’est pas toi, bien au contraire, tu me plais beaucoup ! Je suis en couple avec une fille et c’est ma première fois avec un mec… »

J’esquisse un rictus – me ressert un verre de vin. Je suis partagé entre une vive déception, une rage égoïste consumante et de la tristesse. Sa compagne, à ce moment-là, était la dernière de mes préoccupations devrais-je avouer, mais il semblait réellement affecté, touché, bouleversé.

Je déteste jouer aux psychanalystes du mercredi avec tous ces garçons en quête consciente ou inconsciente d’eux-mêmes et à la recherche de leur réelle sexualité. Je me sentais pris au piège – dans le labyrinthe des plans culs qui soudain, n’en sont plus.

« Pourquoi tu ne m’as pas dit plus tôt que … enfin… que j’allais être ton premier ? »

« Parce que j’avais peur que tu ne veuilles pas me rencontrer… »

Verre de vin – mon âme et mes ardeurs s’adoucissent – je débande – il me touche- nous nous mettons à parler de lui, de sa vie, de ses fantasmes, de son travail, de ses rêves, de sa compagne, du mariage gay, de la virilité, du poids de la religion, des clichés – sa sensibilité, sa naïveté, sa fraicheur, son altruisme me touchent. Il ignore tout de la nébuleuse gay. Après lui avoir expliqué brièvement que cette sexualité n’était pas « un choix » et que tous les gays ne correspondaient pas aux clichés marginaux et ultraféminisés largement entretenus par les médias, je lui parle de mes articles sur le blog. Je pose ma tête sur son épaule – Woodkid chante toujours en fond – Verre de vin – silence - nos regards se croisent. Une heure s’écoule, sans bruits, sans paroles, sans onomatopées – une heure comme une minute.

Il se remet à rebander. Je n’ose pas réagir. Les minutes passent. La bouteille se vide. Il m’embrasse dans le cou, je l’embrasse sur la clavicule, il m’embrasse plus bas, je l’embrasse plus bas, encore plus bas, encore plus bas… je le suce à nouveau. Il gémit – se contracte – ne tient plus. Il est bien « puceau ». J’arrête. Il se relève violemment – m’étreint à nouveau, m’allonge, se masturbe, jouit. Souffles – Verre de vin.

Nous reparlons, je ne sais plus de quoi, nous nous rhabillons. Il est encore plus beau habillé – il porte très bien les pantalons à pince – Je me souviens maintenant, nous parlions mode et chiffons. J’ai l’impression de le connaitre depuis toujours, de vivre un moment déjà vécu en rêve, la réalisation d’une prémonition, une irréalité.

Ces grands yeux m’observent longuement sur le quai de la gare – je souris – les lampadaires m’aveuglent – le silence est tellement entier que je perçois sa respiration – entier mais pas gênant. Il tente quelques blagues, je ris de bon cœur – il me remercie pour le moment, s’excuse pour les déconvenues – je suis touché par la sincérité de ses attentions.

Il me dit que j’ai de belles fesses. Je prunis. Je ne sais pas si je le reverrais. Je sais juste qu’en 3 heures il a récolté plus d’affection et d’empathie que nul autre en si peu de temps. Je veux le serrer dans mes bras, passer mes mains dans ses cheveux, humer à nouveau son parfum, mettre fin à ses doutes, sentir son ventre chaud contre le mien, lui susurrer que tout ira bien, écarter tout fatalisme et lui dire que son destin n’est pas scellé ni pour lui et ni par lui.

Il est 23h00, j’ai froid, je marche, j’engloutis ces 8 minutes qui séparent ma maison de la gare où je viens de raccompagner Samir. Mes pas résonnent dans la nuit, je suis emmitouflé sous mon écharpe et mon manteau. Mon propre parfum, Arpage de Lanvin, connu pour sa lourdeur, m’étouffe, mon jean slim me compresse, ma chemise m’étrangle. Les ruelles sont vides

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Tu as pics? Tu cherches?

Publié le par Dorian Gay

Les règles de courtoisie sur la toile gay sont relativement pauvres comme nous l’avons vu. Les premiers échanges e-pistolaires ne sont pas dignes des manuels de cette chère Nadine et se résument bien souvent au simplissisme et lapidaire

 

« Slt, t’as pics ? »

TU AS PICS?

 

Cette accroche conversationnelle représente bien cette obsession de la beauté extérieure qu’a notre communauté.

 

Mais on constate couramment que les profils les plus demandeurs de pics ne sont ceux qui en affichent le plus souvent. La réciprocité est un concept qui semble leur échapper. Mais nous savons bien que dans ce cas-là que les photos ne servent pas à apprécier la possibilité d’une rencontre mais plutôt à satisfaire quelque besoin pressant solitairement…surtout lorsqu’il se fait tard.

 

Passons en revue les principales typologies rencontrées sur la toile

 

Le bodybuilder/les torses : les muscles sont saillants, huilés, parfaits….presque trop. La prise de vue est léchée. Hélas souvent la tête manque et c’est plutôt symptomatique. Effacez tout sourire de son visage et plantez-y une bouche en cul de poule. S’y ajoutent également quelques shoots de vestiaire de salle de fitness au cas où on n’aurait pas compris que ledit profil y passe beaucoup de temps. L’avantage : cela permet d’engager la conversation selon une problématique cruciale, voire vitale pour lui : quel Club Med Gym me conseillerais tu? Mais cela peut vite tourner court…

 

Le paysagiste bucoliques : l’amoureux de la nature et des grands espaces ! Il vous gratifie de magnifiques panoramiques où il apparaît en tout petit devant un glacier emmitouflé dans un anorak avec lunettes de soleil et bonnet. Ah mais c’est bête il n’a pas d’autre photo – Zut !

 

Le communautaire/lifestyle : il pose toujours entouré d’amis voire souvent avec sa meilleure amie (souvent blonde et trop bronzée). Lui a-t-il- demandé si elle est d’accord pour se retrouver sur un site gay de rencontres ? Certains ont même le mauvais goût de laisser ces photos avec un gommage Photoshop basique des visages qui les entourent. N’ont-ils aucune photo où ils apparaissent seuls ? L’avantage de ces photos de soirée permet de deviner cependant quels sont les goûts du profil. Quelles soirées fréquente-t-il ? Skets ou pull en cachemire ? T-shirt Nike ou polo Ralph Lauren ?

 

La photo immuable – les immortels : avez-vous remarqué que certains gardent la même photo d’année en année ? Et lorsqu’on y regarde de près la photo date souvent des heures de gloire de la trentaine alors que le profil affiche une bonne quarantaine. Souvent les statistiques poids et taille trahissent : 80 kg pour 1.82 m ? Cela ne semble pas coller avec ce torse musclé et ce ventre plat. D’aucuns y laissent aussi l’affichage numérique de la date de prise de vue : si la photo date de juillet 2007 vous feriez mieux de redemander une seconde photo. Juste histoire de vérifier…

 

Les photos de studio : une prise de vue professionnelle arrange tout c’est bien connu. Les visages sont lisses, les muscles ressortent, la lumière magnifie la peau. Tyson Beckford peut se rhabiller. C’est beau certes mais cela manque de naturel. On regrette presque l’amateurisme des photos de vacances. On a presque peur d’être déçu une fois la personne rencontrée. Et cela oblige à les refaire de temps en temps car une fois fait, vous ne pouvez pas revenir à des photos Iphone. Le choc serait trop rude !

 

Le décalé : aucune photo de lui si ce n’est une prise de vue décadrée. Des tableaux, des paysages, la décoration de son appart, des citations comme texte. Il ne se montre pas tout de suite mais il aime bien regarder votre profil quand même…Quelques bonnes surprises à prévoir mais attention il va falloir déployer tous vos talents littéraires pour lui plaire.

 

Le discret : vous n’aurez droit qu’à des photos de torses tronqués, de jambes poilues prises en cachette dans la salle de bain. Mais pas de visage. A vous de voir et de prendre le risque : soit vous comprendrez pourquoi il n’a pas envoyé de photo soit, et c’est plus souvent le cas, un bi qui veut être 100% discret !

 

Le profil sans photo : il n’en affiche aucune mais il ne les donne qu’une fois son intérêt suscité. Vous avez deux possibilités : soit vous comprenez pourquoi il n’en affiche pas (reminder : double check des statistiques) soit un trésor caché s’offre à vous. Personnellement j’ai eu quelques très bonnes surprises. Vous avez alors le même plaisir que de dénicher une pièce unique dans un magasin vintage ! Vous avez mis la main sur la perle rare !

 

Je ne pouvais conclure sans parler des photos X ! N’y voyez pas une pudibonderie de ma part ! Ces photos que l’on reçoit parfois dès le premier message (surtout tard dans la soirée lorsqu’on zappe les banalités d’usage pour aller à l’essentiel) feraient parfois rougir un habitué des backrooms. Que de sexe turgescents, de postérieurs offerts, de slips mouillés, de secrétions séminales ou de jockstraps bien remplis … avec parfois de véritables scènes d’action qui vous obligent à tourner l’ordinateur pour bien comprendre l’angle de vue et qui fait quoi. Ah la poésie et le charme amateur des photos de cul …

 

Certains pourront regretter cette dictature des photos qui casse la magie des rencontres. Cette personne qui nous aurait plu dans un bar pourra tout aussi bien susciter un blocage online par un simple détail esthétique. Malheur aux personnes non photogéniques ou peu gâtées par la nature ! Dura lex sed lex.

 

En conclusion rien ne vaut des photos normales (et récentes) comme celles de vacances, de soirées ou celles prises par Iphone. Cela a l’avantage de l’honnêteté ! Mais les lois du marketing online vous obligent à une seule chose : en changer souvent ! Le marché aime la nouveauté ! L’œil du consommateur s’habitue vite, il faut susciter son intérêt en permanence.

 

TU CHERCHES ?

 

Cette autre question arrive très vite dans les chats gay, juste après « Salut », « T’as des pics ? » ou « Cho ?».

 

Une question banale, trop entendue qui a le mérite de la concision mais dont les réponses possibles sont très vastes.

 

Cette accroche est pour de nombreux chatteurs un moyen de ne pas lire le texte de présentation et de recevoir la synthèse par écrit.

 

Souvent la réponse est clairement affichée dans le texte ou dans le statut. (Bravo d’ailleurs à ceux qui donnent des précisions sur leurs intentions).

 

Que peut-on chercher un samedi soir à 2 heures du matin avec un statut Plans cul, des images coquines et une accroche aussi romantique que « Envie d’un plan direct now sans blabla» ?

 

Un partenaire de scrabble ? Discuter philosphie kantienne ? Parler broderie ?….

 

Une des réponses les plus courantes reste « Rien (de spécial) » ou « Un peu de tout », ce qui finalement revient au même !

 

Car nous sommes tous finalement sur les sites de rencontres pour quelque chose. On n’y vient pas pour « jeter un œil » comme dans un magasin ! Soyons honnête avec nous-mêmes ! Le lèche vitrine n’est pas une motivation sauf pour certains qui n’arrivent pas vraiment à passer du virtuel au réel et qui se cantonnent aux plaisirs solitaires.

 

Il existe deux minorités d’utilisateurs : ce qui cherchent exclusivement l’amour et les 100% plans cul. Et encore il y a un fort écart entre ceux qui l’affichent et ceux qui accordent leurs actes.

 

Mais la vaste majorité sont ouverts à tout : donc fermés à rien, donc ne cherchent rien de spécial, mais un peu tout en même temps…vous suivez ? Bref…

 

Dans notre société ou le sexe s’est extrêmement banalisé, les sentiments sont devenus la nouvelle indécence. Nous ne voulons point montrer que nous cherchons une relation par crainte de sonner niais, donc nous préférons rester ouverts. Et faute de grives, nous mangeons des merles…

 

Il est aussi vrai que l’Homo Erectus Gay avec son grand esprit pratique sait que le plan cul d’une nuit peut parfois se transformer en partenaire de vie. Alors autant essayer et ne se priver d’aucun plaisir disent ills...

 

21h15: “Bon, je te propose qu’on couche ensemble, qu”on passe un bon moment et que l’on voit si l’on est bien et si crla peut nous mener vers une relation sérieuse” – Checked…

 

L’expérience nous enseigne également que c’est lorsqu’on recherche absolument quelque chose qu’on ne le trouve pas. .. Cette loi de la nature est tout aussi vérifiable que celle de la tartine beurrée qui tombe du mauvais côté !

 

A l’inverse, les anglo-saxons ont le concept de serendipity : le fait de trouver quelque chose en cherchant tout autre chose. Ce qui appliqué au monde gay, signifie que c’est en cherchant un plan cul, que l’on trouve le grand amour et vice et versa… Restons donc ouverts à tout et fermés à rien

 

Donc à la question « Tu cherches quoi ? », je répondrais « juste des lecteurs et les divertir, et éventuellement 70.000 euros pour ma future PMA »

Retrouvez moi sur Twitter ICI ou écrivez moi à doriangayparis@gmail.com

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Dorian ou l'Art d'aller dans un Sex-Shop

Publié le par Dorian Gay

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